Un voyage historique. Le pape en Turquie et au Liban

Du 27 novembre au 2 décembre, le pape Léon XIV a effectué son premier voyage apostolique en Turquie et au Liban, laissant derrière lui des messages de paix, de dialogue et de fraternité.

Liban   

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Turquie

Jeudi  -  Vendredi  -  Samedi  -  Dimanche


Beyrouth, Mardi 2 décembre

  • Mardi 2 : Cérémonie d'adieux à l'Aéroport International de Beyrouth
  • Mardi 2 : Prière silencieuse sur le lieu de l'explosion du port de Beyrouth
  • Mardi 2 : Sainte Messe au "Beirut Waterfront", Homélie
  • Mardi 2 : Visite aux opérateurs et aux patients de l'hôpital "De la Croix" à Jal Ed Dib  

  • Appel à la fin de la Messe à Beyrouth 

    Chers frères et sœurs,

    au cours de ces journées de mon premier Voyage Apostolique, entrepris en cette Année Jubilaire, j'ai voulu venir en pèlerin d'espérance au Moyen-Orient, implorant Dieu d'accorder la paix à cette terre bien-aimée, marquée par l'instabilité, les guerres et la douleur.

    Chers chrétiens du Levant, lorsque les résultats de vos efforts pour la paix tardent à venir, je vous invite à lever les yeux vers le Seigneur qui vient ! Regardons-le avec espérance et courage, en invitant chacun à s'engager sur la voie de la coexistence, de la fraternité et de la paix. Soyez des artisans de paix, des annonciateurs de paix, des témoins de paix !

    Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles attitudes, pour rejeter la logique de la vengeance et de la violence, pour surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, pour ouvrir de nouveaux chapitres sous le signe de la réconciliation et de la paix. La voie de l'hostilité réciproque et de la destruction, dans l'horreur de la guerre, a été trop longtemps empruntée, avec les résultats déplorables que tout le monde peut constater. Il faut changer de voie, il faut éduquer le cœur à la paix.

    Depuis cette place, je prie pour le Moyen-Orient et tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre. Je prie également pour la Guinée-Bissau, en espérant une solution pacifique aux conflits politiques. Je n'oublie pas non plus les victimes de l'incendie survenu à Hong Kong et leurs chères familles.

    Je prie tout particulièrement pour le Liban bien-aimé ! Je demande une fois encore à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir les processus de dialogue et de réconciliation. Je lance un appel pressant à tous ceux qui détiennent une autorité politique et sociale, ici et dans tous les pays en proie à la guerre et à la violence : écoutez le cri de vos peuples qui implorent la paix ! Mettons-nous tous au service de la vie, du bien commun et du développement intégral des personnes.

    Enfin, à vous, chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres, je répète : courage ! Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Notre-Dame de Harissa, vous protège toujours.


    Beyrouth, 1er décembre

    Chers jeunes, permettez-moi enfin de vous transmettre cette prière, simple et magnifique, attribuée à saint François d’Assise : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie ». Que cette prière maintienne vive en vous la joie de l’Évangile et l’enthousiasme chrétien. “Enthousiasme” signifie “avoir Dieu dans l’âme”. Lorsque le Seigneur habite en nous, l’espérance qu’Il nous donne devient féconde pour le monde. L’espérance, voyez-vous, est une vertu pauvre car elle se présente les mains vides : ce sont des mains libres pour ouvrir les portes qui semblent fermées par la fatigue, la douleur ou la déception.
    Le Seigneur sera toujours avec vous, et soyez assurés du soutien de toute l’Église dans les défis décisifs de votre vie et dans l’histoire de votre cher pays. Je vous confie à la protection de la Mère de Dieu et Notre-Dame, qui, du sommet de cette montagne contemple cette nouvelle floraison. Jeunes Libanais, grandissez vigoureux comme les cèdres et faites fleurir le monde d’espérance !
    À ce propos, le Père Charbel, en parlant de son expérience apostolique dans les prisons, a expliqué que précisément là, en ces lieux où le monde ne voit que des murs et des crimes, nous voyons la tendresse du Père qui ne se lasse jamais de pardonner, dans le regard des détenus, parfois perdus, parfois éclairés par une nouvelle espérance. Et il en est vraiment ainsi : nous voyons le visage de Jésus reflété sur le visage de ceux qui souffrent comme de ceux qui prennent soin des blessures que la vie a causées. Dans un instant, nous allons accomplir le geste symbolique de la remise de la Rose d’or à ce sanctuaire. C’est un geste ancien qui a notamment pour signification de nous exhorter à être parfum du Christ par notre vie (cf. 2 Co 2, 14). Devant cette représentation, je pense au parfum qui s’élève des tables libanaises, typiques par la variété des aliments et par la forte dimension communautaire du partage. C’est un parfum composé de mille parfums qui frappent par leur diversité et parfois dans leur ensemble. Tel est le parfum du Christ. Il ne s’agit pas d’un produit cher réservé à quelques-uns qui peuvent se le permettre, mais il est l’arôme qui se dégage d’une table généreuse sur laquelle se trouvent nombre de plats différents et où tous peuvent se servir ensemble. Tel soit l’esprit du rite que nous allons accomplir, et surtout l’esprit avec lequel nous nous efforçons chaque jour de vivre unis dans l’amour. Merci.
  • Lundi 1er : Visite et prière sur la tombe de saint Charbel Maklüf 
  • Frères et sœurs, nous voulons aujourd’hui confier à l’intercession de saint Charbel les besoins de l’Église, du Liban et du monde. Pour l’Église, nous demandons la communion, l’unité : en partant des familles, petites églises domestiques, puis dans les communautés paroissiales et diocésaines, jusqu’à l’Église universelle. Communion, unité. Et pour le monde, nous demandons la paix. Nous l’implorons tout particulièrement pour le Liban et pour tout le Levant. Mais nous savons bien – et les saints nous le rappellent – qu’il n’y a pas de paix sans conversion des cœurs. Que saint Charbel nous aide donc à nous tourner vers Dieu et à demander le don de la conversion pour chacun de nous.


    Beyrouth, dimanche 30 novembre

    Discours devant les autorités civiles et religieuses

    Lors de sa rencontre avec les autorités à Beyrouth, le pape a affirmé que le Liban est une terre où la paix « est un désir et une vocation ». Il a souligné la résilience d'un peuple capable de se relever même après des crises profondes et a appelé à retrouver un « langage d'espoir » qui permette de reconstruire la confiance et le bien commun.

    Face aux souffrances accumulées ces dernières années, Léon XIV a demandé à interroger l'histoire elle-même afin de découvrir la source d'une force qui « n'a jamais laissé le peuple abattu ». Il a souligné que la vérité progresse grâce à la rencontre entre ceux qui ont subi des blessures et des injustices et que la paix ne peut se réduire à un équilibre fragile, mais à une volonté réelle de cohabiter et de travailler pour un avenir commun. Dans ce contexte, il a mis en valeur la vitalité du pays : « Le Liban peut être fier d'une société civile dynamique, bien formée, riche en jeunes capables d'exprimer les rêves et les espoirs de tout un pays ».

    Il a également encouragé les chrétiens et les musulmans à collaborer afin qu'aucun jeune ne soit contraint d'émigrer, et a souligné le rôle décisif des femmes et des nouvelles générations dans le renouveau de la société libanaise.

    À la fin de son discours, Léon XIV a évoqué l'amour du peuple libanais pour la musique et la danse, signe de joie et de communion. Il a expliqué que cette tradition révèle que la paix n'est pas seulement le fruit de l'effort humain, mais un don de Dieu qui transforme le cœur de l'intérieur. « Celui qui danse avance avec légèreté... en harmonisant ses pas avec ceux des autres », a-t-il déclaré, pour illustrer comment l'Esprit incite à écouter et à respecter l'autre. Il a ainsi invité à laisser grandir ce désir de paix qui peut déjà renouveler la coexistence sur une terre « que Dieu aime profondément et continue de bénir ».

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    Pape Léon en Turquie


    Discours à la fin de la prière de la Divine Liturgie dans l'église patriarcale Saint-Georges (Istanbul, dimanche 30 novembre)

    À la fin de la Divine Liturgie — nom donné à la Sainte Messe dans les Églises orientales —, le Pape a rappelé que la foi du Credo de Nicée « nous unit dans une communion réelle » même après des siècles de malentendus. Il a souligné le geste décisif de Paul VI et du patriarche Athénagoras qui, il y a soixante ans, ont laissé derrière eux les excommunications de 1054, ouvrant la voie à la réconciliation qui continue aujourd'hui à soutenir le dialogue et le rapprochement entre catholiques et orthodoxes.

    Léon XIV a énuméré trois défis communs pour le temps présent : œuvrer ensemble pour la paix, faire face à la crise écologique et promouvoir une utilisation responsable et accessible des nouvelles technologies. Il a insisté sur le fait que « la paix est un don de Dieu » et a demandé que cette rencontre donne un nouvel élan à la collaboration entre les Églises pour le bien commun.

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    Rencontre œcuménique de prière (İznik, vendredi 28 novembre)

    Lors de la commémoration du 1700e anniversaire du Concile de Nicée, le pape a rappelé que cet événement avait affirmé la foi en Dieu qui « s'est fait l'un de nous pour nous faire participer à la nature divine », une vérité qui reste décisive aujourd'hui encore. Il a souligné que Nicée avait défendu l'unité entre l'humain et le divin dans le Christ, fondement qui continue d'orienter la vie des Églises.

    Il a souligné que la confession commune — « en un seul Seigneur, Jésus-Christ... consubstantiel au Père » — constitue déjà un lien réel entre les chrétiens et a appelé à progresser dans le dialogue, l'amour réciproque et l'écoute de la Parole pour surmonter les divisions et offrir « un témoignage crédible de l'Évangile » au monde.

    Face à un monde meurtri par la violence, il a affirmé qu'il existe une « fraternité universelle » qu'aucune frontière ne peut annuler et a refusé l'utilisation de la religion comme justification des conflits. Il a remercié le patriarche Bartholomée et les dirigeants chrétiens présents, demandant que cette commémoration porte ses fruits en termes de réconciliation, d'unité et de paix.

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    Salutation aux « Petites Sœurs des Pauvres » (Istanbul, vendredi 28 novembre)

    Lors de sa visite à la résidence des Petites Sœurs des Pauvres, le pape a remercié ses hôtes pour leur accueil et a souligné la fraternité qui sous-tend cette mission.

    S'adressant aux résidents, il a averti que dans une société dominée par la précipitation et l'efficacité, « le sens du respect envers les personnes âgées s'est perdu ». Il a revendiqué leur rôle irremplaçable, rappelant que « les personnes âgées sont la sagesse d'un peuple, une richesse pour les familles et pour toute la société ». Il a souligné le fait que prendre soin des personnes âgées exige beaucoup de patience, de proximité et beaucoup de prière, et a félicité ceux qui les accompagnent chaque jour avec dignité et tendresse.

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    Discours du Saint-Père dans la cathédrale du Saint-Esprit (Istanbul, vendredi 28 novembre)

    Léon XIV encourage l'Église en Turquie à découvrir la force féconde de ce qui est petit

    Lors de son premier voyage apostolique, le pape Léon XIV s'est rendu à Istanbul et a adressé un message à la petite communauté catholique de Turquie, l'invitant à vivre la « force de ce qui est petit » et à renouveler l'espérance.

    Dans la cathédrale du Saint-Esprit, il a rappelé les profondes racines chrétiennes de ces terres, depuis Abraham et les apôtres jusqu'aux Pères de l'Église, et a souligné l'importance historique et œcuménique du Patriarcat œcuménique.

    Le pape a souligné que, bien que minoritaire, l'Église en Turquie est féconde comme une graine et un levain du Royaume, et a invité ses membres à conserver une attitude spirituelle de confiance, de créativité pastorale et d'ouverture à l'Esprit.

    Il a mis l'accent sur trois tâches fondamentales : le dialogue œcuménique et interreligieux dans un pays pont entre les cultures ; la transmission de la foi dans un contexte où le christianisme est minoritaire ; et l'attention aux migrants et aux réfugiés, un défi humanitaire majeur pour la région. Il a également appelé à une inculturation authentique, en particulier chez les missionnaires, rappelant que l'Évangile se communique en adoptant la langue et les coutumes du peuple.

    À l'occasion de l'anniversaire du Concile de Nicée, il a présenté trois défis théologiques : redécouvrir l'essence de la foi et la centralité du Credo ; reconnaître pleinement la divinité du Christ face à un « nouvel arianisme » qui le réduit à un personnage admirable mais ne le considère pas comme le Dieu vivant ; et développer la doctrine en l'exprimant dans des catégories compréhensibles pour notre époque, suivant la vision de Newman.

    Enfin, il a évoqué la figure de saint Jean XXIII, ancien délégué apostolique en Turquie, comme exemple de proximité, d'humilité et de joie missionnaire. Il a conclu en encourageant la communauté à être un petit troupeau courageux, semé comme une lumière et un levain au milieu d'une société plurielle et en manque d'espérance.

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    Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique (Ankara, Palais présidentiel, 27 novembre 2025)

    Lors de sa première rencontre, à Ankara, le pape Léon XIV a souligné le rôle de la Turquie en tant que « pont » entre les cultures, les religions et les continents, soulignant que la richesse du pays réside dans sa diversité interne et sa vocation au dialogue. Le Souverain Pontife a appelé à promouvoir une « culture de la rencontre » face à la polarisation mondiale et à la « mondialisation de l'indifférence ».

    Le pape a rappelé la figure de saint Jean XXIII, connu comme le « pape turc », pour insister sur le fait que les chrétiens souhaitent contribuer à l'unité du pays, et a mis en garde contre les risques d'une évolution technologique qui accentue les inégalités si elle n'est pas orientée vers le bien commun. Il a également défendu la valeur centrale de la famille et reconnu la contribution croissante des femmes à la vie sociale, professionnelle et politique du pays : « Il est fondamental d'honorer la dignité et la liberté de tous les enfants de Dieu : hommes et femmes, compatriotes et étrangers, pauvres et riches. Nous sommes tous enfants de Dieu et cela a des conséquences personnelles, sociales et politiques ».

    Dans un contexte international marqué par des tensions, le Souverain Pontife a appelé à ne pas céder à la logique d'une « troisième guerre mondiale par morceaux » et a demandé que le pays continue d'être un facteur de stabilité régionale : « Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de personnes qui favorisent le dialogue et le pratiquent avec une volonté ferme et une ténacité patiente ». Il a conclu en réaffirmant que le Saint-Siège souhaite coopérer avec toutes les nations engagées en faveur de la paix, du développement intégral et de la défense de la dignité humaine.

    Lire l'intégralité de l'intervention ici.


    Le pape Léon XIV réalisera son premier voyage apostolique en Turquie et au Liban. Du jeudi 27 au dimanche 30 novembre, il visitera la Turquie, et, les lundi 1ᵉʳ et mardi 2 décembre, il sera au Liban. Le voyage comprendra des étapes à Ankara, Istanbul et İznik (l’ancienne Nicée) en Turquie, ainsi qu’à Beyrouth, Annaya, Harissa et Bkerké au Liban. L’objectif de ce déplacement est de promouvoir le dialogue et l’unité entre les chrétiens, ainsi que le dialogue interreligieux dans une région marquée par une riche histoire et des tensions actuelles.

    Le dimanche 23 novembre, en la solennité du Christ Roi, le pape a publié la Lettre apostolique In unitate Fidei pour préparer son voyage en Turquie et au Liban. Léon XIV y appelle à renouveler la profession de foi centrée sur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu et vrai Dieu fait homme pour notre salut. La lettre rappelle la définition nicéenne — le Christ, « de même substance que le Père » — et souligne la valeur œcuménique du Credo, base commune pour progresser dans l’unité des chrétiens.

    En Turquie, le pape rencontrera les autorités, visitera le mausolée d’Atatürk et la Mosquée Bleue à Istanbul. Un moment fort sera la célébration œcuménique à İznik, en commémoration des 1700 ans du Concile de Nicée, ainsi que la signature d’une Déclaration commune avec le patriarche Bartholomée Ier.

    Au Liban, le pape priera dans le port de Beyrouth, touché par l’explosion de 2020, visitera la tombe de saint Charbel Makhlouf à Annaya et rencontrera des patients ainsi que le personnel de l’hôpital pour handicapés mentaux de Jall-Eddib. Il rencontrera aussi les autorités, le clergé et les jeunes, et présidera une messe sur la Corniche de Beyrouth.

    Le voyage, dont les devises sont « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » pour la Turquie et « Bienheureux les artisans de paix » pour le Liban, diffusera un message de paix et de dialogue dans une région marquée par les conflits.

    Au cours des dernières décennies, le Liban a reçu deux visites papales : celle de Jean-Paul II en 1997 et celle de Benoît XVI en 2012, des voyages marqués par des messages de paix et de réconciliation. François, bien qu’il ait exprimé à plusieurs reprises son désir de s’y rendre, n’a pas pu le faire. Quant à la Turquie, elle a accueilli Paul VI en 1967, Jean-Paul II en 1979, Benoît XVI en 2006 et François en 2014, des voyages tous centrés sur le dialogue interreligieux et la coexistence.

    À présent, les deux pays se préparent à accueillir le pape Léon XIV, dont la visite aura lieu du 27 novembre au 2 décembre 2025.


    Pour consulter le programme complet du voyage, cliquer ici

    source :vatican.va