Elle travaille pour la femme en Inde

Fatima Villanueva nous décrit l’aventure dans laquelle elle s’est embarquée il y a trois ans : Kamalini, un centre de formation pour la femme en Inde, à New Delhi.

Elle est née à Bilbao, en Espagne et elle réside à Delhi depuis 1995. Cela fait donc quatorze ans qu’elle vit les débuts du travail apostolique de l’Opus Dei en Inde. Fatima Villanueva vient de passer quelques jours en Espagne et elle décrit avec engouement l’aventure dans laquelle elle s’est embarquée il y a trois ans : l’ouverture, à New Delhi, de Kamalini , un centre de formation pour la femme indienne avec 560 places.

En Inde il y a un milliard cent mille habitants. On parle 325 langues et 1.650 dialectes, c’est une terre de contrastes et d’une très grande instabilité sociale. Les sommets de la technologie et les professionnels les plus prestigieux côtoient les taux les plus élevés d’analphabétisme, de même les plus grandes industries pharmaceutiques, les pics les plus forts d’infections et d’épidémies.

Pourquoi vous êtes-vous investie dans ce projet d’aide à la femme ?

Lorsque je suis arrivée en Inde, il y a quatorze ans, tout me choquait : les bonnes choses et les moins bonnes. Je peux dire aujourd’hui que tout m’épate. Quelle différence y a-t-il? Je n’en sais rien, mais mon point de vue a changé. Je pense qu’au début tout m’était étranger alors que maintenant j’ai tout assimilé. Je comprends mieux les choses et de ce fait je suis autorisée à faire une critique positive de ce qui ne me semble pas bien. Tout en essayant d’y remédier, je suis très reconnaissante à ce que ce pays m’a personnellement apporté.

Qu’est-ce qui vous a le plus touchée dans la situation de la femme en Inde ?

À Delhi je suis quotidiennement en contact avec de nombreuses femmes indiennes grâce à des liens professionnels ou d’amitié. Nous avons beaucoup de choses en commun sur lesquelles je m’appuie et je tâche de respecter les points de vue que je ne partage pas.

De plus, il y a une foule de femmes à la rue, à travailler dans des chantiers où elles transportent les briques sur la tête, où elles taillent la pierre. D’autres font des ménages dans des conditions indignes, ou la cuisine, sans un minimum d’hygiène. D’autres mendient pour avoir quatre roupies à remettre à des maris qui vont les dilapider. Il y a des jeunes filles issues de la campagne qui viennent à Delhi pour gagner un peu d’argent et se font exploiter  par des réseaux d’agences sans scrupules.

Face à tout cela, je ne pouvais pas être indifférente. Nous avons réfléchi et décidé d’entreprendre une action sociale qui permettrait aux femmes les plus démunies d’avoir une vie plus digne. Kamalini est né et depuis 2007 Dasyc, une fondation espagnole, nous prête main forte. J’ai toujours tenu à impliquer des femmes indiennes plus aisées dans une solidarité avec leurs compatriotes. C’est un objectif très difficile, cela va sans dire, parce que le système des castes est très enraciné en Inde.

La femme indienne a-t-elle des valeurs à transmettre aux femmes européennes ?

La patience devant les difficultés, ne pas se créer de besoins qui n’en sont pas. Vivre sobrement. On pourrait souvent prendre tout cela pour de la passivité, et non sans raison parfois, mais la sobriété est sans doute chez elles une vraie valeur que les femmes européennes, dans le cocon de leur bien-être social, sont incapables de vivre.

Que faire pour aider Kamalini ?

Les gens aiment bien envoyer des aides directes pour se donner bonne conscience or, concernant l’Inde, il est préférable que l’aide étrangère parvienne à ceux qui s’investissent dans un travail efficace, des Indiens ou des personnes établies en Inde qui connaissent bien les problèmes pour mener une action efficace. En effet, les femmes que nous voulons former, jeunes ou moins jeunes, sont plus ouvertes à ceux qui leur sont proches qui parlent leur langue, qui connaissent leur mentalité. Tout apprentissage devient ainsi plus aisé.

Cette aide leur est due, ce n’est que justice et non pas seulement de la solidarité. J’avoue que s’investir dans cette sorte de projet est très souvent ardu mais qu’il est aussi réconfortant de constater les progrès dans la vie et l’environnement de ces femmes. Ce sont elles qui deviendront réellement les acteurs du changement de la société en Inde et les agents de leur propre avenir.