Marié depuis deux ans, c’est de l’autre côté de la mer, en Afrique, en face des côtes d’Almeria, que m’attend ma fille Stéphanie, un bébé de neuf mois, adorable. Je suis de Tala, commune de 30.000 habitants, à soixante kilomètres de Nairobi où vivent mes cinq frères et sœurs ainsi que mes parents, retraités, qui ont une épicerie où ils vendent du lait, des haricots, du maïs, des légumes et des boissons fraîches.
Ma vie n’a rien de particulier. Tout jeune, comme tant d’étudiants chez moi, je devais faire beaucoup de kilomètres à pied pour aller à l’école. Nous ne mangions qu’un plat de githeri , mélange de haricots et de maïs, ou d’ ugali , sorte de pâte de maïs.
À la fin du primaire, j’ai été sélectionné pour aller à la Lenana School, un internat protestant public. L’idée de pouvoir vivre à la capitale m’enchanta parce que je ne connaissais pas Nairobi.
Je découvris un monde merveilleux après un voyage en matatu , autocar qui s’arrête partout pour prendre les commerçants et les travailleurs qui vont à la ville. Quelques livres, une valise d’effets personnels et une couverture étaient tout mon bagage. Nairobi est une ville en altitude, il peut y faire très froid, la température peut descendre en dessous de 18 degrés.
Je sais que pour l’Espagne ce n’est rien mais moi je souffre beaucoup en dessous de cette température. Ici, chaque fois que le thermomètre est descendu en dessous de 5 ou 6 degrés, j’ai cru que j’allais mourir d’un instant à l’autre.
C’est la raison pour laquelle je suis venu à Almeria, belle ville, aux températures agréables. Je travaille dans une école familiale agricole, initiative sociale de quelques personnes de l’Opus Dei qui forme des jeunes gens de 16 à 20 ans auxquels je fais des cours d’informatique.
C’est ici que je sens que saint Josémaria me secourt constamment. Je lui demande de m’aider à bien faire ce travail qui me permet de faire vivre ma femme et ma fille et grâce auquel je peux payer les études de mes jeunes frères et sœurs. Sans cela, je ne sais pas ce que je serais devenu.
J’en profite aussi pour collaborer avec Harambee, projet international d’aide à l’Afrique parce que je tiens à ce que de nombreux Africains, et notamment beaucoup de Kenyans, aient un avenir meilleur sans avoir à quitter leur famille, comme j’ai dû le faire.