L’Association de Charité est une institution centenaire qui, grâce aux Filles de la Charité, prend en charge l’ensemble des indigents, immigrants, réfugiés politiques, anciens détenus et personnes sans aucune ressource financière.
Luis est emballé. Les religieuses savent qu’il est l’un de leurs « moteurs ». Il a décidé d’écrire un livre où il raconte l’histoire de cette institution.
Comment vous êtes-vous lancé dans cette aventure ?
C’est un ami qui vient de décéder, qui était également de l’Opus Dei, qui m’a encouragé à prendre les rênes de cette affaire où il avait travaillé à fond depuis la fin de la guerre. Je venais de prendre ma retraite. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est un travail passionnant.
Qui s’occupe de cette institution ?
Dix Filles de la Charité qui s’y dévouent corps et âme. C’est ici qu’a vécu sœur Maria Casado, témoin des débuts de l’Opus Dei parmi les malades incurables de Madrid. En 1932, lorsqu’elle était à l’Infirmerie de l’hôpital del Rey, sœur Maria a été au chevet de l’aumônier de l’Infirmerie, don José Maria Somonano, jeune prêtre asturien. Don José Maria fut l’un des premiers prêtres diocésains rattachés à l’Opus Dei.
En plus des soeurs, il y a 70 bénévoles (retraités, mères de famille, jeunes solidaires) et quelques salariés.
Quel est l’objectif de cette institution ?
Les personnes dont nous nous occupons n’ont ni logement, ni ressources financières. Ceci les met en marge de la société. Ils sont nombreux à vivre dans la rue, à mendier, ils ont de graves soucis matériels, manquent d’affection et sont souvent victimes de dégâts physiques et psychiques dont l’origine est la drogue, l’alcool, les maladies psychiatriques, etc.
Que pouvez-vous leur offrir ?
Notre affection, tout d’abord. C’est fondamental. Ensuite, tous les services matériels, à commencer par une « cuisine économique ». Nous distribuons presque 260 déjeuners et dîners par jour. Nous ne demandons que 0,70 € à ceux qui peuvent les donner. Nous avons un réfectoire à 80 places et un menu à trois plats. C’est un bon self-service qui fonctionne aussi les jours fériés, bien entendu.
Et puis ?
Un hébergement de nuit pour des personnes sans domicile et des gens du voyage. Nous avons 500 m2, chauffés, des services sanitaires, un salon TV et des chambres à deux ou trois lits, 28 places disponibles, avec petit déjeuner inclus. Comme vous pouvez le constater, les installations n’ont rien à envier à celles d’un hôtel modeste.
Comment décrire le « Centre d’accueil »
Il s’agit d’un centre pour les jeunes sans foyer, dépendatns de la drogue, l’alcool ou le jeu, ainsi que pour les immigrants sans domicile, les ex-détenus, les détenus en liberté provisoire, les chômeurs, etc.
Vous avez donc besoin d’un personnel spécialisé…
Pour tout cela, nous comptons sur cinq éducateurs spécialisés qui sont à l’oeuvre 24h/24. Pour vous donner un exemple : nous accueillons les drogués qui veulent s’en sortir. Nous les préparons à entrer en contact avec le « Proyecto Hombre » (projet du gouvernement pour la dignité) qui est l’un de nos principaux partenaires.
Comment aidez-vous les détenus, les ex-détenus ?
Nous accueillons les détenus en liberté surveillée et ceux qui sont au bout de leur peine et qui n’ont pas encore de travail. Ils restent chez nous le temps d’en trouver un. Nous allons aussi les visiter en prison. Ils en sont ravis. Ceux qui nous reçoivent pour la première fois n’en reviennent pas.
Quel est l’emploi du temps des pensionnaires ?
Nous leur proposons de travailler à notre atelier de reliure, sans but lucratif. Ils sont formés par un instructeur qui leur apprend ainsi un métier. De plus, chaque usager peut avoir une tâche dans le centre et donner un coup de main dans tous les services. Il y a toujours du travail. Nous avons aussi un service de buanderie. Nous leur proposons aussi un point coiffure et un vestiaire, pour qu’ils retrouvent leur dignité.
Ce sont des magasins qui nous livrent leurs invendus, nous avons aussi du linge, remis en état par nos soins. Pour l’anecdote, il y a quelques jours nous avons habillé un futur marié des pieds à la tête.
Nous avons aussi un point hygiène, avec des douches. Tous ceux qui en ont besoin peuvent s’en servir.
Vos projets ?
Nous sommes sur le point de pouvoir offrir des logements. Nous allons bientôt être en mesure d’accueillir une maman avec son petit et une grand-mère avec sa fille et sa petite-fille. Par la suite, ce seront de futures mamans, des familles dans une grande précarité…
Nous avons reçu un legs qui va nous permettre de construire un centre gériatrique pour 170 indigents et une unité de soins palliatifs pour des malades en phase terminale.
Sur quels secours comptez-vous pour cette immense activité?
Nous avons 150 associés qui règlent leur cotisation mensuelle, et les subventions des pouvoirs publics. Toute la ville, tout le monde est au courant de nos besoins.
Tout ce que vous faites, ne serait-ce pas plutôt à confier à une institution publique ?
Ils n’y arriveraient pas. Les personnes qui travaillent ici ont un plus de tendresse, une nette inspiration chrétienne impossibles à trouver ailleurs. Toute la ville sait qu’il s’agit d’une activité de l’Église de grande envergure. La chapelle est le cœur de tout notre travail.