Des Évangiles à Jésus-Christ, Voies de la raison et du cœur , a été publié en septembre 2007 aux éditions Tempora.
Vous venez d’écrire un ouvrage sur le Christ. On a encore à l’esprit le Jésus de Nazareth de Benoît XVI qui est devenu un best-seller en très peu de temps. Peut-on penser que cela répond à un besoin très actuel de redécouvrir qui est Jésus-Christ ?
Certainement. Je viens de participer à la troisième Assemblée Œcuménique Européenne à Sibiu, en Roumanie, qui avait comme thème : La lumière du Christ brille pour tous. L’idée revenait souvent, exprimée de diverses manières, que seul le Christ, le Verbe de Dieu fait homme, est l’Homme véritable qui peut jeter une lumière sur la dignité, les besoins et les aspirations de la société contemporaine. C’est ce qu’exprimait déjà le Concile Vatican II, en disant que le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné ( Gaudium et Spes 22 ).
A l’heure actuelle, le relativisme et le scepticisme semblent triompher du rationalisme des Lumières. Dans une société qui a perdu ses repères, au point de passer de l’exaltation naïve de la raison au nihilisme le plus consternant, la figure du Christ attire. Nous pouvons remercier la Providence que Benoît XVI soit intervenu dans le débat, présentant au grand public une œuvre de grande envergure, où il montre comment la foi de l’Église s’enracine solidement dans les Évangiles, et les Évangiles eux-mêmes dans l’enseignement de Jésus.
Pouvez-vous nous présenter le plan et le but de votre ouvrage ?
Je suis parti d’un point du livre Chemin de Josémaria Escriva,où sont indiquées trois étapes qui mènent à la rencontre avec le Christ : le chercher, le trouver, l’aimer . C’est pour faciliter cet itinéraire que je me suis décidé à publier des notes que j’avais rédigées il y a quelques années. La recherche du Christ part des documents qui nous parlent de lui. C’et pourquoi la première partie étudie la valeur historique des Évangiles et de leur témoignage sur Jésus.
Mais la recherche de Jésus ne s’arrête pas là : on ne connaît quelqu’un que s’il révèle le mystère de sa personne. C’est ce qu’on appelle le passage de la connaissance historique à la connaissance par la foi. Celle-ci va beaucoup plus loin que ce que les documents peuvent nous dire.
Aussi la seconde partie présente-t-elle les points essentiels de la foi chrétienne : le mystère de l’Incarnation, la réalité du péché et le salut que le Christ nous apporte, le sens de sa mort, sa passion et sa glorification.
Cependant, même cette introduction au mystère du Christ ne suffit pas : la personne ne se révèle vraiment que dans l’amour. Pour cette raison, j’ai décrit dans la troisième partie le cheminement dont parle saint Paul, par lequel le chrétien est invité à se dépouiller du vieil homme, afin que les traits du Christ s’impriment dans l’âme pour qu’elle puisse vivre de la vie même du Christ.
Votre livre est-il abordable par un vaste public ?
Je le pense et cela m’a été confirmé par les personnes qui l’ont lu. En fait, même si j’ai essayé d’aborder ces questions avec un minimum de profondeur dans l’étude historique et théologique, il ne s’agit pas d’un ouvrage qui s’adresse à des spécialistes.
Le livre est plutôt un exposé destiné à favoriser la rencontre personnelle avec le Christ et la connaissance de son mystère et de son message. Il s’adresse donc autant à ceux qui s’interrogent sur la figure de Jésus de Nazareth qu’à ceux qui souhaitent approfondir leur foi et mieux connaître ses implications pour leur vie.
Les recherches scientifiques, les faits historiques et vérifiables sont très prégnants dans la première partie de votre livre. Croire, n’est-ce pas seulement être touché par la grâce de Dieu ?
La grâce de Dieu est essentielle. Le premier mouvement de l’âme qui s’ouvre à la foi – une « conversion » en lisant un ouvrage par exemple – vient de Dieu. Cependant, selon la théologie catholique, l’homme n’est pas purement passif : il est appelé à coopérer avec la grâce. Ce qui veut dire que si l’on n’est pas vraiment disposé à ouvrir son âme – quitte à être prêt à se remettre en cause – la rencontre avec la foi ne peut pas avoir lieu.
En revanche celui qui ouvre son intelligence et son cœur, celui qui veut croire, finit par croire, avec l’aide de la grâce. Le besoin d'appuyer la foi sur des arguments rationnels est donc non seulement parfaitement légitime, mais aussi très souhaitable. C’est là sans doute l’une des principales préoccupations de Benoît XVI : réconcilier la foi et la raison. C’est assurément l’une des taches les plus urgentes de notre époque, confrontée aux mirages du relativisme et aux faiblesses du scepticisme.