Le 11 mars 1994, Mgr del Portillo fêtait ses 80 ans, et il se préparait en outre à célébrer ses noces d’or sacerdotales, le 25 juin suivant.
Le 14 mars, il commençait un pèlerinage d’un genre particulier : il se rendait en Terre Sainte pour visiter les lieux évangéliques. Il s’agissait,, comme pouir de nombreux voyages pécédents, d’accompluir un souhait que le fondateur n’avait pu réaliser personnellement : don Alvaro le ferait pour lui. En même temps, tous les fidèles de la Prélature, informés du projet, pensèrent que le prélat ne pouvait recevoir un plus beau cadeau pour les fête qu’il célèbrerait au cours des mois à venir. Quant à lui, il avait du reste demandé à tous les membres et aux amis de l’Opus Dei de l’accompagner par la prière ; il voulait qu’ils soient là, de cœur avec lui, afin que d’une certaine manière ce soit le pèlerinage de tous.
Le médecin qui accompagna Mgr Del Portillo lors de son voyage en Terre Sainte nous livre ses souvenirs.
Les derniers jours en Terre sainte
Très tôt dans l'après-midi du 14 mars 1994, le serviteur de Dieu Alvaro, l'abbé Javier Echevarria, l'abbé Joaquin Alonso et moi-même décollions de l'aéroport Ciampino à destination de Tel Aviv. Si Mgr del Portillo entreprenait ce voyage en Terre sainte c'est qu'il était poussé par son grand amour de Jésus-Christ, c'est-à-dire par dévotion, mais aussi pour un motif pastoral. En effet une poignée de fidèles de l'Opus Dei vivaient et travaillaient à Jérusalem depuis peu, où ils développaient un travail apostolique naissant. Ce voyage avait été financé par un ami comme un cadeau à Mgr Alvaro del Portillo à l'occasion de quatre-vingtième anniversaire.
Les yeux tournés vers le Christ ... et vers ceux qui l'approchaient
L'ambassadeur de l'Uruguay auprès de l'État d'Israël, son excellence Anibal Diaz, avait mis sa voiture à la disposition de Mgr Alvaro del Portillo. Le 15 mars, nous avons pris cette voiture pour nous rendre de Tel Aviv à Nazareth en passant par le Mont Carmel.
À Haïfa, une touriste de Porto Rico reconnut le serviteur de Dieu Alvaro et lui demanda a permission de se faire prendre en photo avec lui par son mari, ce à quoi il accéda de bon gré. Des scènes semblables allaient se renouveler les jours suivants. Parvenus à Nazareth dans l'après-midi, Mgr de Portillo célébra la sainte Messe dans la basilique de l'Annonciation. Pendant son homélie, il parla du mystère de l'Incarnation et aussi de la douleur comme faveur divine. Sans doute songeait-il à Anibal, gravement malade qui, accompagné de son épouse, assistait à cette Messe.
Le 16 mars au matin, nous nous sommes rendus à l'église dite du Primat de saint Pierre et, ensuite, au mont des Béatitudes -où le serviteur de Dieu Alvaro célébra la sainte Messe- et enfin à Capharnaüm. Dans l'après-midi nous avons fait ensemble une demi-heure d'oraison, sur la rive de la mer de Tibériade. Mgr del Portillo, ainsi que les abbés Javier Echevarria et Joaquin Alonso, étaient assis sur un tronc qui était tombé. L'abbé Joaquin Alonso nous lisait quelques passages de l'Évangile concernant la présence de Jésus-Christ dans cette contrée. Avec l'abbé Albert Steinworth, l'un des prêtres de l'Opus Dei qui habitaient à Jérusalem, nous avons pris place sur un rocher derrière le serviteur de Dieu Alvaro. Ayant la très nette impression qu'il s'agissait-là d'un moment très important, j'a fait quelques prises de vidéo en essayant de ne pas les distraire. Près du rivage on voyait une religieuse et un peu plus loin religieux. Au moment de partir, quatre jeunes de diverses races sont arrivés sur place et ont commencé à prier à voix basse. Sur le chemin de retour, nous avons pris, à titre de souvenir, des feuilles de quelques plantes.
Le lendemain 17 mars, nous avons fait le voyage de Nazareth à Jérusalem en passant par le mont Thabor, où Mgr del Portillo célébra la sainte Messe. À Jérusalem, après avoir prié dans le Saint-Sépulcre, le serviteur de Dieu Alvaro visita les deux centres de l'Opus Dei de la ville. Pendant les jours suivants il retournerait plusieurs fois à ces deux centres, où il célébra la sainte Messe, le 20 mars pour l'un et le lendemain pour l'autre.
Le 18 mars il avait célébré la Messe sur un autel de la basilique du Saint-Sépulcre, et le 19 dans la basilique de la Nativité à Bethlehem. Ce même jour, un samedi, c'était ma fête, la saint Joseph : le serviteur de Dieu Alvaro m'a fait part de ses félicitations dès que nous nous sommes rencontrés. au moment du petit-déjeuner. Ce jour-la, il y eut une réunion à l'hôtel Paradise de Bethlehem, où il s'adressa à plus d'une centaine de personnes, dont des chrétiens, des juifs et des musulmans...Ce fut ne réunion très cordiale : Mgr Alvaro del Portillo répondait avec une affection et une délicatesse immenses aux question qu'on lui posait. Il mit l'accent sur l'urgence que les juifs et les arabes sachent vivre en bonne entente dans un climat de paix. Plus tard, de nouveau à Jérusalem, il se rendit auprès du patriarche latin de la ville, et il en ferait de même, deux jours plus tard, auprès de la légation du Saint-Siège.
Au Cénacle
Le dimanche 20 mars, nous sommes allés, le matin à Béthanie, et l'après-midi à Aïn-Karim. Le 22 mars, à 11 heures, Mgr Alvaro del Portillo concélébra la sainte Messe dans l'église du Cénacle, entouré par l'abbé Javier Echevarria, l'abbé Joaquin Alonso, l'abbé Albert Steinworth et father Lawrence Richardson, autre prêtre de l'Opus De résidant à Jérusalem. Ce devait être la dernière Messe de ce pèlerinage dans les Lieux sains mais ce fut aussi -qui pouvait l'imaginer !- la dernière du serviteur de Dieu Alvaro sur cette terre. C'est l'abbé Javier Echevarria qui prononça l'homélie et Mgr del Portillo donna la sainte communion aux fidèles présents.
Quelques heures après, nous nous trouvions dans l'avion de retour à Rome. Pendant le vol j'ai tourné mon caméscope vers le serviteur de Dieu et je me suis mis à le filmer. Mgr Alvaro del Portillo regarda, en souriant, vers l'objectif et, à un moment donné, il fit un geste affectueux de sa main en guise de salutation -si ce n'est d'au revoir. Vers vingt heures le membre le plus jeune de l'équipage nous offrit une boisson. Mgr Alvaro del Portillo et l'abbé Javier Echevarria se sont intéressés pour sa famille, son travail, ses loisirs... tout en lui expliquant quelques aspects de l'esprit de l' œuvre.
A l'aéroport de Ciampino quelques familles l'attendaient avec des bouquets de fleurs. Le serviteur de Dieu Alvaro montra une grande affection à l'égard de tous.
Pendant la nuit
Je me suis couché peu après le retour à la maison. Vers trois heures du matin, l'abbé Javier Echevarria m'appela : Mgr Alvaro del Portillo souffrait d'un malaise. Quand je suis entré dans sa chambre, il présentait des difficultés respiratoires. Le serviteur de Dieu Alvaro perdit très vie conscience. On lui appliqua de l'oxygène ; le pouls était à peine perceptible. Le traitement pharmacologique fut suivi par des gestes de réanimation cardio-pulmonaire sans réaction de sa part. Je dus alors annoncer à l'abbé Javier Echevarria que Mgr del Portillo était sur le point de mourir. L'abbé Javier Echevarria lui impartit plusieurs fois l'absolution et lui administra, ensuite, l'onction des malades. Vers quatre heures du matin et, à la demande de l'abbé Javier Echevarria, je fus forcé de lui répondre affirmativement.
Docteur José Maria Araquistain