MOYENS DE COMMUNICATION SOCIALE

1. Les médias dans la vie de saint Josémaria. 2. Lignes générales de son enseignement sur les médias et les acteurs de communication. 3. Liberté et responsabilité. 4. Amour et service de la vérité.

1. Les médias dans la vie de saint Josémaria.
2. Lignes générales de son enseignement sur les médias et les acteurs de communication.

3. Liberté et responsabilité.

4. Amour et service de la vérité.

L'homme est, par nature, un être social, ouvert à la communication, à la transmission aux autres de ses pensées, de ses sentiments et de ses désirs. La condition spirituelle et corporelle de l'être humain fait que le monde intérieur se manifeste à travers des réalités matérielles : gestes, paroles, signes, écriture, peinture, musique... Au fil de l'histoire, de la croissance des peuples, du développement de la technologie, de la diffusion de l'alphabétisation et de la culture, pour ne citer que quelques-unes des réalités qui influencent ce processus, les sociétés sont devenues plus complexes et l'opinion publique, l'opinion de la population en général, a pris une importance croissante. Cette évolution a impliqué, à la fois comme cause et comme effet, l'émergence de nouveaux moyens et canaux de communication, donnant naissance, comme c'est le cas dans les sociétés modernes, à ce que l'on appelle souvent les mass media ou moyens de communication sociale (médias sociaux), selon l'expression adoptée par le Concile Vatican II : la presse, la radio, la télévision et, aujourd'hui, internet et les réseaux sociaux.

Saint Josémaria était un grand communicateur. Mais ce n'est pas cet aspect général de sa personnalité que nous allons aborder maintenant. Cela nécessiterait une analyse de sa façon générale de s'exprimer, de ses prédications, de l'ensemble de ses écrits et des enregistrements ou films qui se conservent de ses nombreuses réunions et rencontres, ce qui dépasse le cadre de cet article. Notre objectif est plutôt d'attirer l'attention sur son attitude et sa doctrine à l'égard des médias, en donnant à l'expression le sens technique esquissé il y a un instant. À cette fin, nous examinerons d'abord quelques données biographiques, puis nous traiterons de sa doctrine.

1. Les médias dans la vie de saint Josémaria

Dès son plus jeune âge, saint Josémaria a montré un intérêt pour le monde qui l'entourait, non seulement pour l’actualité immédiate, comme c'est le cas pour tout enfant et adolescent, mais aussi pour l’environnement plus lointain. Encouragé par l'exemple de son père, il s'est mis à lire le journal dès son plus jeune âge. Après son ordination sacerdotale en 1925 et son appel à devenir fondateur de l'Opus Dei en 1928, son intérêt pour la lecture des journaux n'a pas diminué, mais plutôt augmenté, car sa condition de prêtre séculier le poussait à s'informer sur la réalité de son temps. Ainsi, au début des années 1930, dans l'un des points de ses Notes intimes, après avoir déclaré qu'il examinait dans sa prière ce que Dieu lui demandait, il ajoute : « Je considère la question en présence de Dieu, Notre Seigneur, et je vois que, étant donné l'apostolat dans lequel Il m'a engagé, je dois être au courant des choses qui se passent dans le monde » (AVP, I, p. 363).

En 1940, Josémaría Escrivá entre en contact direct avec le monde des journalistes grâce à une proposition que lui fait Enrique Giménez-Arnau, un ancien camarade d’études à la faculté de droit de Saragosse. Ce dernier avait été nommé directeur général de la presse en octobre 1939 et organisait des cours spécialisés pour les journalistes. Il demanda à saint Josémaria de donner les cours d'éthique générale et de morale professionnelle. Après y avoir réfléchi et sollicité l'avis de l'évêque du diocèse, qui fut favorable, il accepta, convaincu de la possibilité que ces cours aident les futurs journalistes à prendre conscience de l'importance de leur travail et du bien qu'ils étaient appelés à apporter à la société. Les cours eurent lieu entre octobre 1940 et juin 1941. Un changement de direction du centre, qui devint fortement politiquement orienté, entraîna la disparition des classes d'éthique et donc sa collaboration à cette tâche.

Cependant, son attention pour le journalisme et les médias en général ne cessa pas. L'étape la plus importante fut sans aucun doute la création du premier centre universitaire d'enseignement du journalisme en Espagne : l'Institut de Journalisme, qui vit le jour en 1958 au sein de l'Estudio General de Navarra, érigé deux ans plus tard en Université de Navarre. Josémaría Escrivá, fondateur de cette université, fut à l'origine de la création de ce centre à une époque où les études de journalisme en Espagne n'étaient enseignées qu'à l'École officielle qui dépendait du ministère de l'information et du tourisme et n'avait pas le statut d'université. Il s'agissait d'un engagement ferme pour élever la formation humaniste et intégrale des futurs professionnels du monde de la communication (cf. Fontán, 2002, pp. 203-204). Cet institut, qui est devenu par la suite la Faculté de Communication, a formé de nombreuses promotions de professionnels dans les domaines de la presse, de la radio, de la télévision, de la publicité, etc., non seulement d'Espagne, mais aussi de nombreux autres pays.

Ce sont de très nombreuses personnes que saint Josémaria, avant et après la fondation de cet Institut, a directement encouragées à se consacrer, si elles le souhaitaient librement, à des tâches liées à la communication, en allant du travail personnel comme journalistes, scénaristes, acteurs, etc. jusqu'à la promotion d'entreprises dans ce domaine. Son intérêt pour les médias et sa conscience de leur importance sociale et apostolique se manifestaient aussi, et peut-être surtout, dans sa réaction face aux personnes qui lui faisaient part de difficultés, même spirituelles, qu'elles rencontraient dans ce milieu ; sa réponse était toujours la même : ne pas abandonner trop facilement cette tâche, se tourner vers Dieu et, avec son aide, essayer de changer ledit milieu de l'intérieur. En s’adressant à une anglaise – ce n'est qu'un exemple, car des situations similaires se sont produites à d'autres occasions – qui s'inquiétait de l'atmosphère qui régnait dans la station de télévision où elle travaillait, il lui dit : « Tu peux aller loin aussi longtemps que Dieu y va avec toi. La seule limite est de ne pas perdre le contact et l'intimité avec Lui. Si tu es toujours avec Lui, ce n'est pas l’ambiance qui influera sur toi, mais toi sur l’ambiance » (cité dans Sastre, 1991, p. 539).

Au cours des quelques jours de retraite spirituelle qu'il fit à Ségovie en octobre 1932 dans le couvent des Carmes où se trouve le tombeau de saint Jean de la Croix, il se demanda, entre autres, s'il ne serait pas opportun, précisément pour promouvoir l'Œuvre que Dieu lui avait confiée, de passer le concours d'une chaire universitaire ou d'un autre poste de cette nature. Sa conclusion fut limpide : ce que Dieu le pressait de faire n'était pas cela, mais c’était de faire preuve d’une disponibilité totale à la tâche qu’Il lui demandait : « être seulement et exclusivement – et toujours – cela : prêtre : père directeur d'âmes, caché, enterré vivant, par Amour » (Notes intimes, no 1679 : AVP, I, p. 473 ; sur cette résolution, et sur cette retraite en général, cf. ibidem, pp. 464-476). Cette conclusion s'étendait également à une éventuelle action dans le champ des médias. Bien qu'il ait été, comme nous l'avons déjà dit, un grand communicateur, et bien qu'il ait eu une très bonne plume, il a voulu, pendant la majeure partie de sa vie, se tenir à l'écart de toute apparition publique, tant en personne que par écrit.

Cependant, à un moment donné, il s'est rendu compte que le service de l'Opus Dei et de l'Église exigeait qu'il rompe ce silence et prenne l'initiative. C'était dans les années 1960, dans une période à la fois riche et difficile dans l'histoire de l'Église et pendant le processus de configuration juridico-canonique de l'Opus Dei. Au cours de ces années, de 1966 à 1968, il a accordé plusieurs interviews à des journaux espagnols et étrangers (du Figaro et du New York Times à L'Osservatore della Domenica) : six au total, qui, avec une homélie prononcée à Pampelune en 1967, constituent le livre Entretiens avec Mgr Escrivá de Balaguer, publié en 1968. Cette année-là, il découvrit aussi une autre manière d'être présent dans le monde de l'information – il continuait à sentir que Dieu lui demandait cette activité – qui attira tellement son attention qu'il la poursuivra jusqu'à la fin de ses jours : la révision, en vue de leur publication dans des revues ou dans des recueils de brochures, de textes issus de sa prédication orale. Cela donna lieu à deux autres livres :Quand le Christ passe paraît en 1973, et Amis de Dieu, préparé de son vivant mais publié à titre posthume, paraît en 1977.

2. Lignes générales de son enseignement en ce qui concerne les médias et les acteurs de la communication.

Les enseignements de saint Josémaria sur les médias ne viennent pas de spéculations théoriques, mais de son expérience humaine et pastorale qui l'a conduit à valoriser les médias et percevoir très finement leur impact sur la vie sociale, avec la responsabilité qui en découle. En fait, on peut dire que son enseignement ne porte pas tant sur les médias en eux-mêmes que sur les acteurs de la communication (journalistes, écrivains, artistes, diffuseurs, réalisateurs de films, producteurs de télévision, etc.) et sur les attitudes requises pour l'exercice correct de ces fonctions. Le pouvoir particulier des médias pour diffuser la pensée et structurer les mentalités fait qu'ils ont un impact intense sur la vie des individus et des sociétés, de sorte que la présence dans ces sphères de personnes honnêtes, chrétiennes ou non, revêt une importance particulière, également pour contribuer à la réalisation de cet idéal si souvent évoqué par le fondateur de l'Opus Dei comme un résumé de son esprit : « mettre le Christ notre Seigneur au sommet de toutes les activités humaines ».

Parmi les textes dans lesquels saint Josémaria décrit les aspirations qui doivent animer les acteurs de la communication sociale, nous pouvons en citer un, se référant directement au journalisme, mais applicable à d'autres activités. Il s'agit de sa réponse à la question Pourriez-vous nous dire quelque chose, à nous qui travaillons dans la presse universitaire ? que lui a posée le rédacteur en chef de la revue Gaceta Universitaria : « C'est une grande chose que le journalisme, et le journalisme universitaire. Vous pouvez fortement contribuer à éveiller chez vos compagnons l'amour des nobles idéaux, le désir de surmonter l'égoïsme personnel, la sensibilité pour les activités collectives, la fraternité. Et maintenant je ne puis manquer, une fois de plus, de vous inviter à aimer la vérité » (Entretiens 86).

La promotion de ces idéaux exige, comme base humaine préalable, ce savoir-faire, cette compétence professionnelle que le fondateur de l'Opus Dei a toujours réclamés en référence à toutes sortes d'activités (cf., entre autres, Quand le Christ passe 50). Vient ensuite un large éventail de vertus : la véracité, la justice, le respect de la dignité et de la vie privée des personnes, la loyauté, le sens de la pudeur, la disposition à rectifier…. Et, comme fondement de tout l'édifice, l'honnêteté, la rectitude de conscience, le sens du devoir et, chez le chrétien, la charité, une ouverture du cœur inspirée de celle du cœur du Christ.

Saint Josémaria n'ignore pas que, même avec toutes ces dispositions, la tâche ne sera pas toujours facile, et qu'à plus d'un moment des difficultés peuvent surgir. C'est pourquoi il mentionne souvent une autre vertu : la foi, la conscience que ceux qui agissent avec un sens des responsabilités et de la noblesse ne manqueront pas de la grâce divine pour pouvoir sanctifier leurs tâches. En 1974, en Amérique du Sud, il rappelait à un journaliste qui lui demandait des conseils pour s'améliorer dans sa profession : « Dans ta profession, le Grand Inconnu [expression qu'il utilisait souvent pour désigner le Saint-Esprit] agit comme dans toutes les professions. Tu ressens, comme moi, l'hésitation, le doute : je peux aller à droite ou à gauche ; je peux en parler ou me taire. Je le ressens parfaitement, à cet instant précis. Et toi aussi, lorsque tu écris ou que tu fais un reportage, n'est-ce pas ? Eh bien, laisse-toi conduire par le Saint-Esprit. Décide-toi pour le plus ardu, tant que c’est quelque chose de bon et noble. Et puis suis l'incitation du Saint-Esprit, et Il t’aidera, et tu seras un bon journaliste, et tu feras beaucoup de bien aux créatures » (cité dans Soria, 1993, pp. 154-155).

Dans le message de saint Josémaria sur la mission et sur la formation professionnelle et éthique des acteurs de la communication, deux aspects ressortent, présupposant l'ensemble que nous venons d'esquisser. Nous pouvons les commenter plus longuement : l'appréciation de la liberté et de la responsabilité personnelles, et l'amour de la vérité, ainsi que le désir de contribuer à une coexistence libre, pacifique et solidaire entre les citoyens. Pour le fondateur de l'Opus Dei, sans vérité et sans liberté, il n'y a pas de communication authentique, mais seulement une apparence de communication, et donc une injustice.

3. Liberté et responsabilité

La promotion de l'amour de la liberté comme élément constitutif de la coexistence humaine était l'un des traits les plus caractéristiques du message du fondateur de l'Opus Dei. « Nous avons l’obligation de défendre la liberté personnelle de tous les hommes, en sachant que Jésus-Christ est Celui qui a gagné pour nous cette liberté (Gal 4, 31) ; si nous n’agissons pas ainsi, de quel droit pourrons-nous revendiquer la nôtre ? (...). Nous devons défendre le droit de tout homme à vivre, à posséder ce dont il a besoin pour mener une existence digne, le droit à travailler et à se reposer, à choisir un état, à fonder un foyer, à mettre des enfants au monde dans le mariage et à pouvoir les élever, à traverser avec sérénité les périodes de maladie et la vieillesse, à accéder à la culture, à s’associer aux autres citoyens pour parvenir à des fins licites et, au premier chef, le droit à connaître et à aimer Dieu en toute liberté, car la conscience, si elle est droite, découvrira les traces du Créateur en toute chose » (AD 171).

En effet, l'affirmation et la valorisation de la liberté a été « l'un des thèmes les plus aimés et traités » par saint Josémaria, dont « l'attitude permanente – souvent à l'encontre des circonstances historiques de son temps – a été d'être toujours du côté de la liberté légitime de tous les hommes », en luttant pour éviter « l'aversion pour la liberté personnelle, qui est vraiment pathologique » (Soria, 1993, p. 116). L'affirmation de la liberté a des répercussions immédiates sur le thème de la communication : il n'y a en effet pas de véritable communication si les gens ne peuvent pas exprimer noblement, librement et sincèrement leurs propres pensées. On peut donc dire, en référence à la liberté d'information et de communication en général, ce que saint Josémaria affirme dans l'un de ses entretiens traitant de la liberté d'enseignement : que cette liberté « n'est qu'un aspect de la liberté en général » (Entretiens 79).

La défense de la liberté de la presse, de la radio, de la télévision, etc. est l'un des thèmes récurrents de l'histoire des médias. Conformément à l'enseignement de saint Josémaria, cette défense doit être liée à la défense de la liberté d'autrui – si nous n'agissons pas de la sorte, comme nous venons de le lire dans le texte que nous venons de citer, « de quel droit pouvons-nous revendiquer la nôtre ? ». Le fait est que, dans sa prédication et dans ses écrits, il a fusionné « deux mots au point d'en faire un alliage indissociable dans sa vie et sa pensée : liberté et responsabilité. Une liberté personnelle toujours liée à une responsabilité tout aussi personnelle » (Soria, 2002, p. 72).

Il ne concevait pas le journalisme sans responsabilité : « Je considère que tout journaliste a le grave devoir de se documenter correctement et de tenir son information à jour, dût-il parfois modifier des jugements antérieurs » (Entretiens 30). Il en va de même pour les autres moyens de communication sociale, bien qu'ici le cadre soit élargi, car il ne s'agit pas seulement de rendre compte avec rigueur, mais aussi d'encourager tout ce qui favorise la dignité de la personne, la formation de la conscience morale, le sens de la vie et, dans une autre perspective, la coexistence.

4. Amour et service de la vérité

Chez saint Josémaria, l'amour de la liberté va de pair avec l'amour de la vérité. Évoquant la parole évangélique « la vérité vous rendra libres » (cf. Jn 8, 32), il a insisté sur l'importance pour chaque personne de découvrir la vérité, en particulier la vérité sur le sens de l'existence humaine, et sur la mission du chrétien de diffuser la vérité de l'Évangile parmi les autres, afin que tous puissent atteindre le Christ avec leur intelligence et leur volonté. « Il ne suffit pas », écrit son frère Santiago en rappelant les paroles qu'il lui avait entendues prononcer, « d'accepter personnellement, au fond de sa propre conscience, les exigences de la vérité. Il faut savoir la proclamer, l'apporter aux autres. Dieu ne nous a pas donné l'intelligence puis la lumière surnaturelle de la foi pour notre bénéfice exclusif, mais pour que nous fassions parvenir sa foi jusqu'aux extrémités de la terre » (Santiago Escrivá de Balaguer, 1992, pp. 62-63).

Les médias ont des objectifs très variés, qui peuvent toutefois être réduits à deux : l'information et, à côté de cela, surtout dans le cas de la radio et de la télévision, le divertissement et la détente. La liste pourrait être complétée par un troisième, qui est à la fois une finalité et un moyen de subsistance : la publicité. Dans ces trois cas, la vérité doit être présente : la publicité peut chanter les louanges d'un produit, mais elle doit éviter le mensonge et la tromperie morale, c'est-à-dire la publicité nuisible ; le divertissement doit tenir compte de la vérité et de la dignité de l'être humain ; et l'information trouve sa raison d'être dans le service.

Le reportage et le commentaire d'actualité, l’information journalistique, trouvent leur nature et leur constitutif essentiel dans la vérité. Seule la vérité permet de diffuser une information réelle, ce qu'attend tout lecteur ou auditeur. « Avec l'information, l'homme cherche à acquérir une connaissance approfondie de la situation – de l'environnement – dans laquelle il doit vivre et travailler, afin d'éviter que des circonstances imprévues ou des faits inconnus ne l'empêchent de progresser librement vers la réalisation des fins qu'il se propose d'atteindre. En connaissant les opinions des personnes qui lui semblent faire autorité et être véridiques, il cherche à avoir un guide pour évaluer la réalité dans tous ses aspects et pour mieux la maîtriser, en dépassant les limites imposées par l’environnement plus réduit dans lequel il vit » (Soria, "Le bienheureux Josémaria et sa logique divine de la liberté", in GVQ, XII, pp. 24-25).

Ce service de la vérité oblige le journaliste à s’éloigner non seulement du mensonge et de la calomnie, mais aussi de l'attitude irresponsable des « gens qui écrivent sans s’informer » (Entretiens 64), de la mentalité déformée de ceux qui « imaginent d’abord le mal » et propagent des évaluations injustes (Quand le Christ passe 67) ; ainsi que du mensonge qui se camoufle sous l'apparence de la simple transmission d'une rumeur, ou sous une demi-vérité racontée, omettant ou cachant des facettes qui influencent l'évaluation de la réalité. « Je te l'accorde, tu dis la vérité "presque" entièrement... Donc tu n'es pas véridique », lit-on dans Sillon (S 330) ; et un peu plus loin, dans le même livre : « Cette vérité que tu ne dis qu'à moitié ! elle a tant d'interprétations possibles, qu'on peut même la qualifier de... mensonge » (S 602).

« L'information véritable est celle qui ne craint pas la vérité et qui ne se laisse pas emporter par des motifs d'opportunisme, de faux prestige, ou financiers » (Entretiens 86). Les bons journalistes sont ceux qui ne se contentent pas d'approximations ou de rumeurs non fondées, mais ceux qui rapportent « avec des faits, des résultats, sans juger des intentions, plaçant les opinions légitimement diverses sur le même plan, sans [s’] abaisser à l'attaque personnelle » (ibidem). Tout comme sont bons ceux « qui ne se croient pas infaillibles, et qui ont la noblesse de rectifier quand ils découvrent la vérité » (Entretiens 64).

Dans certains de ses écrits, saint Josémaria décrit l'ignorance comme l'un des plus grands maux qui puissent affliger l'homme, car elle l'asservit en l'empêchant de connaître la vérité (cf. AD 171 ; S 359). D'où son appréciation pour l'éducation et de la culture, ainsi que les moyens de communication sociale. Dans une perspective chrétienne, l'obligation de diffuser la vérité – l'homme n'est pas le maître de la vérité, mais son serviteur – ne fait qu'un avec l'apostolat, avec la mission, reçue au Baptême, de faire connaître le Christ, de diffuser et de défendre sa foi, conscient de la grande lumière qu'elle jette sur l'existence humaine.

À cet égard, saint Josémaria, qui excluait radicalement tout fanatisme, soulignait le rapport intime qui doit régner entre la vérité et la charité : « Nous devons avoir une charité merveilleuse, veritatem facientes in caritate, et défendre la vérité sans blesser » (F 559). Et il ajoute : « on ne peut transiger dans ce qui relève de la foi : mais n’oublie pas que, pour dire la vérité, il n’est pas nécessaire de malmener les gens » (F 959). La vérité, répétons-le, n'asservit pas, mais libère et doit donc être transmise dans un climat de plein respect de la liberté. Son action sacerdotale et apostolique s'est accompagnée de la conviction que tous les baptisés sont appelés à collaborer à la mission de faire connaître le Christ également par le vivre ensemble, en partageant les vicissitudes de la vie quotidienne, dans le respect mutuel les uns des autres, dans un climat d'harmonie et de fraternité.

L'amour chrétien, lisons-nous dans une de ses homélies, « n’a rien à voir avec une attitude sentimentale ni avec la simple camaraderie, ou avec l’intention quelque peu ambiguë d’aider les autres pour nous prouver à nous-mêmes que nous leur sommes supérieurs. Il consiste à vivre avec notre prochain, à vénérer, j’insiste, l’image de Dieu qui se trouve en chaque homme, l’aidant à la contempler lui-même, pour qu’à son tour il sache s’adresser au Christ ». Pour cette raison, continue-t-il, « l’universalité de la charité signifie donc l’universalité de l’apostolat : nous avons à traduire en œuvres et en vérité le grand dessein de Dieu, qui veut que tous les hommes se sauvent et parviennent à la connaissance de la vérité » (AD 230). De cette façon, l'accomplissement du devoir, le témoignage d'une vie ordinaire vécue selon la foi, sera « un moyen pour que d'autres découvrent l'honnêteté chrétienne, fruit de l'amour divin, et pour qu'ils rencontrent Dieu » (S 322).


Thèmes connexes : Apostolat de l'opinion publique ; Culture ; Éducation et enseignement ; Liberté ; Liberté dans les affaires temporelles ; Véracité.

Bibliographie :AVP, I et IIpassim ; Carlos Barrera, "Notas para una Historia del Instituto de Periodismo de la Universidad de Navarra (1958-1971)" Comunicación y Sociedad, XV, 1 (2002), pp. 237-268 Id. Historia de la Facultad de Comunicación de la Universidad de Navarra. Medio siglo de enseñanza e investigación (1958-2008), Pamplona, EUNSA, 2009 (Prologo de A. Fontán) ; Cesare Cavalleri, "Il Beato Josemaría & Mass Media" Revista Pensamiento y Cultura, número especial (2002), pp. 13-24 ; Santiago Escrivá de Balaguer, "Mi hermano Josemaría" ABC, 17-V-1992, Madrid ; Antonio Fontán, "Periodistas en la Universidad : del Edificio de Comptos al de Ciencias Sociales", in Onésimo Díaz - Federico Requena (eds.) Josemaría Escrivá de Balaguer y los inicios de la Universidad de Navarra (1952-1960), Pamplona, EUNSA, 2002, pp. 203-204 ; Pablo Pérez López, "Josemaría Escrivá de Balaguer, profesor de ética para periodistas : Madrid 1941", SetD, 3 (2009), pp. 335-368 ; Ana Sastre Tiempo de caminar. Semblanza de Monseñor Josemaría Escrivá de Balaguer, Madrid, Rialp, 1991; Carlos Soria, "Un Santo en la Sociedad de la Información" Nuestro Tiempo, 468 (1993), pp. 114-124 Id. “El Beato Josemaría y su lógica divina de la libertad”, in GVQ, XII, pp. 75-77.

María Francisca Greene González