Le pape a exhorté récemment les couples à ne jamais arriver en fin de journée « sans avoir préalablement fait la paix » ( (Audience du 13 mai 2015).
Voici un extrait du livre Entretiens où saint Josémaria évoque ces mésententes dans le couple.
Mari et femme ont parfois des mésententes qui pourraient sérieusement troubler la paix de la famille. Que conseilleriez-vous aux couples dans ces circonstances ?
De s’aimer. De savoir que tout au long de leur vie, ils auront à faire face à des querelles, à des difficultés à même de faire grandir leur amour, dès qu’elles sont tout naturellement résolues.
Apprendre à se taire, attendre pour tout se dire de façon positive, optimiste
Nous avons chacun notre façon d’être, nos goûts, notre caractère, voire notre mauvais caractère parfois, et nos défauts. Chacun a aussi de bons côtés de sa personnalité et bien d’autres qualités qui le rendent aimable. Vivre ensemble est alors possible si chacun essaie de corriger ses défaillances et tâche de passer par-dessus de celles d’autrui, autrement dit, si l’amour existe qui efface et dépasse tout ce qui serait un éventuel motif de séparation ou de divergence.
En revanche dès que les moindres différends deviennent un drame et qu'on se lance à la figure les défauts et les erreurs commises, c'en est fini de la paix et on court le risque de tuer l'amour.
Les couples ont une grâce d'état — la grâce du sacrement — qui leur permet de pratiquer toutes les vertus humaines et chrétiennes de la vie ensemble : la compréhension, la bonne humeur, la patience, le pardon, la délicatesse dans les relations mutuelles. Il est important de ne pas se laisser emporter par l'orgueil ou les manies personnelles, de ne pas s’énerver. C'est pourquoi le mari et la femme feront grandir leur vie intérieure et apprendront de la Sainte Famille à vivre avec finesse — pour une raison humaine et surnaturelle à la fois — les vertus du foyer chrétien. Je tiens à le dire : la grâce de Dieu ne leur fera pas défaut.
Ces petits différends dans le couple, qui veille à ce qu’ils ne soient qu’épisodiques, ne masquent pas un manque d’amour puisqu’ils sont même en mesure de le faire grandir.
Si quelqu'un prétend qu'il ne peut pas supporter telle ou telle chose, qu'il lui est impossible de se taire, il exagère pour se justifier. Il faut demander à Dieu la force de dominer ses caprices ; la grâce de conserver la maîtrise de soi. Car le danger de la querelle est là : on risque de perdre la maîtrise de soi, les paroles peuvent être pleines d'amertume, arriver à l'offense et même, sans qu'on n’y ait peut-être pas songé, blesser et faire mal.
Il convient d'apprendre à se taire, à patienter et à dire les choses sur un ton positif, optimiste. Quand c'est lui qui se fâche, c’est le moment pour elle d'être spécialement patiente, jusqu'au retour au calme; et inversement. Si l'amour est sincère et que l’on tient à ce qu’il grandisse, il est très rare que les deux conjoints se laissent emporter par la mauvaise humeur au même moment.
Tout compte fait, le mari et la femme vivront en s'aimant l'un l'autre et en aimant leurs enfants pour ainsi aimer Dieu.
Par ailleurs il est important aussi de prendre le pli de penser qu’on n’a jamais entièrement raison. Il est vrai, en effet, que, dans ces questions-là, d'ordinaire si discutables, plus on est sur d’avoir entièrement raison, plus c’est faux, de toute évidence. En considérant les choses de la sorte, il est plus facile de rectifier et, s'il le faut, de demander pardon, ce qui est le meilleur moyen d'en finir : on recouvre ainsi la paix et la tendresse. Je n’encourage personne à se disputer, mais il est normal qu’il nous arrive, un jour ou l’autre, de nous quereller avec ceux que nous aimons et qui nous aiment le plus, ceux qui nous entourent chez nous. Ce n'est évidemment pas contre l'Empereur de Chine que nous allons nous emporter. Ceci dit, les petites brouilles dans le couple, qui veille à ce qu’elles ne soient qu’épisodiques, ne trahissent pas un manque d'amour, et peuvent même aider à le faire grandir.
Un dernier conseil : que les parents ne se disputent jamais devant leurs enfants ; il suffit, pour cela, qu'ils en conviennent d'un mot, d'un regard, d'un geste. Ils auront tout loisir de se fâcher par la suite, et plus calmement s'ils y tiennent vraiment. La paix conjugale, condition indispensable d’une éducation profonde et efficace, doit régner dans le climat familial.
Les enfants percevront chez leurs parents l’exemple du don de soi, de l’amour sincère, du secours mutuel, de la compréhension et leurs bisbilles ne leur masqueront pas leur amour vrai, en mesure de tout dépasser.
Nous nous prenons trop au sérieux parfois. Nous nous fâchons tous de temps en temps ; quelquefois, parce qu’il le faut, et d'autres fois parce que nous manquons d'esprit de mortification. L'important est de montrer que ces disputes ne ternissent pas l'affection, et de raffermir, d’un sourire, notre intimité familiale. Tout compte fait, le mari et la femme vivront en s'aimant l'un l'autre et en aimant leurs enfants pour ainsi aimer Dieu.
Entretiens avec mgr Escriva de Balaguer, 108, 108