Du 1er au 3 octobre 2025, plus de 250 participants venus de 21 pays se sont réunis à Nairobi autour du thème « Le destin de l’Afrique » pour la troisième édition du Forum mondial Be Do Care. L’événement, accueilli par l’Université de Strathmore, a mis en lumière la recherche du bien commun comme moteur du développement, et rassemblé des figures du monde académique, entrepreneurial et associatif.
la recherche du bien commun comme moteur du développement
Cela fait plus de vingt ans que vous travaillez avec l’Afrique dans le cadre d’Harambee. Qu’est-ce qui vous a motivée à participer au congrès Be Do Care de Nairobi ?
Depuis plus de 20 ans, Harambee soutient des initiatives africaines dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la formation. Pour nous tous qui œuvrons au sein d’Harambee à travers le monde, ce nouveau forum Be Do Care était une manière de nous reconnecter avec cette Afrique que nous aimons et côtoyons au quotidien, de croiser nos regards et expériences, et de nous encourager. Forcément, nous en sortons renouvelés car Be Do Care, c’est plus qu’un congrès, c’est une communauté vivante de personnes et d’organisations bien décidées à passer à l’action pour répondre aux problèmes du monde.
L’événement se tenait à l’Université de Strathmore, un lieu emblématique. Qu’en retenez-vous ?
on y forme non seulement des esprits brillants, mais aussi des consciences généreuses.
Strathmore est une merveilleuse illustration de ce que peut produire une vision fondée sur le bien commun. C’est la continuité du premier collège interracial initié par les membres de l’Opus Dei au Kenya, dans les années 1960. Aujourd’hui, cette université de pointe compte plus de 8 000 étudiants, dont chacun accomplit 250 heures de volontariat dans des actions solidaires. Cela donne le ton : on y forme non seulement des esprits brillants, mais aussi des consciences généreuses. C’est un modèle d’éducation intégrale.
Quels messages forts avez-vous retenus des interventions ?
Beaucoup, mais s’il fallait n’en retenir que quelques-uns, je dirais en premier lieu celui de l’urgence de réintroduire l’éthique là où elle fait encore défaut. Le professeur Franceschi, secrétaire général adjoint du Commonwealth, l’a dit très clairement : « L’éthique est l’infrastructure invisible dont l’Afrique a plus que jamais besoin ». Ce congrès a justement permis de montrer de nombreux visages de jeunes entrepreneurs, d’éducateurs et de femmes audacieuses, toutes et tous engagés et décidés à agir autrement. J’ai par exemple été marquée par le témoignage d’Olga Kouassi, fondatrice du Bureau Norme Audit en Côte d’Ivoire, qui a insisté sur « la nécessité de faciliter la certification à un prix accessible pour l’écoulement des produits agricoles » — illustrant ainsi un exemple d’action au service de la souveraineté économique. Je retiens également l’intervention de la rectrice de l’Université Pan-Atlantique du Nigeria qui, après avoir rappelé les deux piliers essentiels que sont l’accès au financement et l’accès aux compétences, a elle aussi insisté sur « la nécessité d’une troisième dimension : le sens moral orienté vers le bien commun ». Ces femmes et ces hommes que nous avons eu la chance de rencontrer incarnent de mon point de vue cette Afrique qui agit avec compétence et courage.
De retour en France, quel message pourriez-vous adresser aux personnes qui, elles aussi, souhaiteraient s’engager au service d’initiatives qui promeuvent la dignité humaine et l’impact social ?
chacun, à sa mesure, peut avoir un impact réel sur le monde
Je dirais que la promotion du bien commun n’est pas l’affaire de quelques-uns, mais la responsabilité de tous. Chacun a quelque chose à offrir — du temps, des compétences, de l’écoute, une expérience, de l’argent, etc. Ce que j’expérimente depuis plus de vingt ans avec Harambee, et ce que j’ai vu à Nairobi, ce sont des personnes ordinaires qui, par leur courage et leur générosité, font naître des changements extraordinaires. C’est cette conviction — que chacun, à sa mesure, peut avoir un impact réel sur le monde — qui est au cœur de l’esprit d’Harambee et que promeut aujourd’hui BeDoCare.

