- La prière de demande exprime notre confiance en Dieu
- La piété nous permet d'être doux de cœur
DANS UN CLIMAT de grande intimité, Jésus dit aux apôtres : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. » (Jn 16, 27-28). Faisant preuve d’une profonde tendresse, Jésus leur répète une fois après l’autre que Dieu le Père les aime d’un amour semblable au sien. Cet entretien est imprégné d’émotion, alors qu’il leur découvre les trésors cachés de son cœur divin. L’affection du Christ est à ce point profonde, « il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1) dit saint Jean, qu’il a de la peine à l’idée de les laisser seuls, sans la chaleur de sa présence.
« Le Père lui-même vous aime ». La confiance dans l’amour de Dieu le Père grandit chez le chrétien grâce au don de piété, que l’Esprit Saint nous accorde lorsqu’il habite dans notre âme. C’est un don qui perfectionne la vertu de piété, « vertu qui a sa source et son fondement dans la filiation divine, car elle en naît dans la conscience de celui qui vit et goûte sa condition d’enfant de Dieu » [1]. « C’est pourquoi le don de piété suscite en nous tout d’abord la gratitude et la louange. Tels sont en effet le motif et le sens le plus authentique de notre culte et de notre adoration. Quand le Saint-Esprit nous fait percevoir la présence du Seigneur et de tout son amour pour nous, il réchauffe notre cœur et nous incite presque naturellement à la prière et à la célébration » [2].
Nous savourons alors notre identité d’enfants bien-aimés. La piété sème dans le cœur une tendresse filiale qui nous incite à chercher le dialogue avec Dieu. La piété, dit saint Josémaria, « imprègne toutes les pensées, tous les désirs, tous les élans du cœur » [3]. Elle se traduit par la confiance joyeuse que l’amour du Père ne nous manquera jamais. Par ce don, «l’Esprit guérit notre cœur de toute dureté et l’ouvre à la tendresse envers Dieu et envers nos frères et sœurs » [4].
« AMEN, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite » (Jn 16, 23-24). Jésus nous encourage à avoir une telle confiance en Dieu que nous pouvons lui demander quoi que ce soit avec l’assurance d’être exaucés. Beaucoup demander, c’est une manifestation de la vertu de piété. À première vue, cela semble une manifestation d’égoïsme, mais c’est juste le contraire, car la prière personnelle traduit un abandon total à la volonté toute-puissante de Dieu. Nous sachant des enfants démunis, comme il semble logique que nous nous tournions vers Dieu et que nous ayons recours à lui pour obtenir, grâce, soutien et pardon !
« Demander, supplier. Cela est très humain. […] La prière de demande va de pair avec l’acceptation de notre limite et de notre condition de créature. On peut aussi ne pas arriver à croire en Dieu, mais il est difficile de ne pas croire dans la prière : celle-ci existe simplement ; elle se présente à nous comme un cri ; et nous avons tous affaire avec cette voix intérieure qui peut peut-être se taire pendant longtemps, mais qui un jour se réveille et crie. Frères et sœurs, nous savons que Dieu répondra. Il n’y a pas d’orant dans le Livre des Psaumes qui élève sa lamentation et qui ne soit pas écouté. Dieu répond toujours : aujourd’hui, demain, mais il répond toujours, d’une manière ou d’une autre. Il répond toujours. La Bible le répète un nombre infini de fois : Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque. Même nos demandes balbutiantes, celles qui sont restées au fond de notre cœur, que nous avons honte d’exprimer, le Père les écoute et il veut nous donner son Esprit Saint, qui anime chaque prière et transforme chaque chose » [5].
C’est ainsi que le don de piété donne fraîcheur et naturel à notre prière qui, tout en étant un entretien empreint de simplicité, prend un ton confiant qui nous amène « à traiter Dieu avec tendresse » [6]. L’Esprit Saint suscite en nous une prière riche de tonalités, comme la vie elle-même. Tantôt nous nous plaindrons auprès du Père : « Pourquoi détourner ta face ? » (Ps 43, 25), tantôt nous lui parlerons de nos désirs de sainteté : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 62, 2). Ou encore du désir d’une union plus profonde avec lui : « Qui donc est pour moi dans le ciel si je n’ai, même avec toi, aucune joie sur la terre ? » (Ps 72, 25). Et, dans tous les cas, nous aurons confiance en sa miséricorde : « C’est toi que j’espère tout le jour en raison de ta bonté, Seigneur » (Ps 24, 5).
LA VRAIE PIÉTÉ a une influence dans nos relations avec les autres. Les gens qui nous entourent sont des enfants du même Père, ce sont nos frères et sœurs. La tendresse envers Dieu le Père s’exprime aussi en tendresse envers les autres. Dans la vie quotidienne, parsemée de nombreuses relations, « la tendresse, en tant qu’ouverture authentiquement fraternelle au prochain, se manifeste par la douceur » [7]. L’Esprit Saint élargit notre cœur, le rendant capable d’aimer les autres librement et gratuitement. En quelque sorte, notre cœur reçoit la récompense imméritée de la douceur du cœur du Christ.
La piété incite à traiter avec amabilité et sollicitude celui qui est près de nous. En plus, « elle éteint dans le cœur les foyers de tension et de division, tels que l’amertume, la colère, l’impatience et y nourrit des sentiments de compréhension de tolérance et de pardon » [8]. La piété nous permet d’être paisibles, accueillants et patients. Étant en paix avec Dieu, nous sommes capables de répandre notre paix sur les autres. Nous apprenons à réagir sans violence, comme le Christ, lorsque nous sommes dans des situations difficiles, sous pression, grâce précisément à la piété. « La douceur est caractéristique de Jésus, qui dit de lui-même : “Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur” (Mt 11, 29). Les doux ce sont ceux qui savent se dominer, qui laissent de la place à l’autre, qui l’écoutent et le respectent dans son mode de vie, dans ses besoins et dans ses requêtes. Ils n’ont pas l’intention de l’écraser ou de le rabaisser, ils ne veulent pas tout surveiller et tout dominer, ni imposer leurs idées et leurs intérêts au détriment des autres […] Nous avons besoin de douceur pour avancer sur le chemin de la sainteté. Écouter, respecter, ne pas rabaisser, ne pas agresser » [9].
« Demandons au Seigneur que le don de son Esprit puisse vaincre notre crainte, nos incertitudes, également notre esprit inquiet, impatient, et qu’il puisse faire de nous des témoins joyeux de Dieu et de son amour, en adorant le Seigneur en vérité et également au service de notre prochain avec douceur et avec le sourire que le Saint-Esprit nous donne toujours dans la joie » [10]. Nous confions cette intention à la Vierge Marie, demeure toute consacrée à Dieu, en reprenant les mots du Salve : « Ô, clémente, ô, bienveillante, ô douce Vierge Marie ! »
[1]. Dictionnaire Saint Josémaria, mot « Piété ».
[2]. Pape François, Audience générale, 4 juin 2014.
[3]. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 146.
[4]. Saint Jean Paul II, Angélus, 28 mai 1989.
[5]. Pape François, Audience générale, 9 décembre 2020.
[6]. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 167.
[7]. Saint Jean Paul II, Angélus, 28 mai 1989.
[8]. Ibid.
[9]. Pape François, Angélus,1er novembre 2020.
[10]. Pape François, Audience générale, 4 juin 2014.