Les parents de la Sainte Vierge : la vigueur des maillons

« Heureux soit votre couple ! Toute la création est votre débitrice. C’est par vous en effet qu’elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de Celui qui l’a créée » (Saint Jean Damascène). L'auteur de cet article illustre les marques de piété envers ce couple amoureux, parents de la Sainte Vierge, grand-parents du Sauveur.

Un riche berger judéen, plein de foi, descendant de David ; une femme vertueuse de la tribu de Lévi. Les anciens souvenirs judéo-chrétiens, prolongées jusqu’au moyen-âge, ont dépeint Joachim et Anne, parents de Notre Dame, avec sobriété et affection. L’ange rassure l’épouse : « Anne, Dieu a entendu ta prière; tu concevras et enfanteras ; ta race sera célèbre dans le monde entier » (Proto-évangile de Saint Jacques, 2e siècle, chap. 4). À l’église Saint-Pantaléon de Troyes, une sculpture en calcaire polychrome (Dominique le Florentin, vers 1650), imagine la rencontre du couple à la Porte Dorée de Jérusalem, qui donnera lieu à la naissance tant attendue.

église Saint-Pantaléon de Troyes, (Dominique le Florentin, vers 1650)
Un foyer fidèle peut devenir un filon de sainteté.

Un foyer fidèle peut devenir un filon de sainteté. Plusieurs saintes femmes sont reliées à la fécondité spirituelle d’Anne : les saintes Maries, qui accompagnaient Jésus dans son ministère itinérant ; la nièce Élisabeth, mariée au prêtre Zacharie, qui devint la mère de Jean Baptiste.

Joachim et Anne forment un couple amoureux, qui joue un rôle décisif au seuil de la Nouvelle Alliance. Ils ont mérité les éloges de la Tradition. «Heureux soit votre couple ! Toute la création est votre débitrice. C’est par vous en effet qu’elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de Celui qui l’a créée» (Saint Jean Damascène, Homélie 6 pour la Nativité de Marie). Père et mère, en coopérant avec le Créateur dans leur don mutuel de corps et âmes, ont préparé une offrande immaculée pour la Rédemption. La liturgie latine les vénère ensemble, le 26 juillet ; 

Très tôt, Sainte Anne est placée à proximité de Jésus.

la piété populaire a penché surtout pour la dévotion à l’aïeule du Sauveur. Très tôt, Sainte Anne est placée à proximité de Jésus. À Rome, une ancienne icône byzantine (6e s.) de l’église Santa Maria Antica, montre les trois mères avec leurs enfants : au centre, Anne avec sa fille Marie en médaillon ; à sa droite, Notre Dame tient Jésus dans les bras ; à sa gauche, Élisabeth avec le Baptiste.

au centre, Anne avec sa fille Marie en médaillon ; à sa droite, Notre Dame tient Jésus dans les bras ; à sa gauche, Élisabeth avec le Baptiste.

À Jérusalem, le quartier musulman de la vieille ville abrite l’église Sainte-Anne, lieu de culte byzantin, grâce à la magnificence d’Eudoxie, la pieuse épouse de Théodose II (5e siècle). Dans la crypte, on vénère le lieu d’habitation et, peut-être, de naissance de la Vierge Marie. Les croisés bâtirent une église de lignes sobres, dotée d’une audacieuse coupole ; l’acoustique remarquable de la nef lui valut d’être épargnée par Saladin. Plus tard le sultan de Constantinople, reconnaissant, offrit l’édifice à la France après la guerre de Crimée (19e siècle). L’église évoque la croissance de Notre Dame : une statue en pierre la présente, enfant, avec sa mère. Dans les côtés du maître-autel, le sculpteur auvergnat Philippe Kaeppelin installa (1954) plusieurs reliefs, de polychromie suave, dont la Présentation de Marie au Temple et son éducation par Sainte Anne. Dans la crypte primitive, une icône contemporaine illustre les deux nativités : celle de Marie et celle de son Fils.

« Qui trouvera la femme forte ? Elle seule, par son ascendant, peut encore éloigner les malheurs ; sa puissance réside dans les plus humbles soins du ménage, dans le dévouement qui se dépense obscurément, veilles de nuit, prévoyance de chaque heure, travaux de la laine et du lin, jeu du fuseau : toutes ces tâches qui lui assurent confiance et louange de la part de l’époux, autorité sur tous, abondance au foyer, bénédiction du pauvre assisté par ses mains, estime de l’étranger, respect de ses fils. Enfin, pour elle-même, dans la crainte du Seigneur, noblesse et dignité, beauté autant que force, sagesse, douceur et contentement, sérénité du dernier jour » (Ancien office de Sainte Anne, lecture paraphrasant le chant de Proverbes, 31, 10-17).

Sainte Anne est la sainte patronne d'Apt où, grâce à la ferveur des croisés, l’on vénère ses reliques ; de là sont issues celles de Bretagne et de plusieurs pays, en Europe et au-delà. Le culte de la sainte est attesté dans la cathédrale depuis le moyen âge ; un vitrail de la sainte, daté du 14e siècle, est conservé intact ; une chapelle royale garde ses reliques (1664) ; au sommet du dôme, l’Aptois Joseph-Elzéar Sollier dressa une statue en bronze doré (1877), avec la sainte en geste de protection. Le pape avait accordé le couronnement de Sainte Anne en 1876.

La fidélité de sainte Anne nous éclaire. Les familles chrétiennes bénéficient de la protection des grands-parents du Sauveur.

Plus au nord, dans le cellier de l’ancienne abbaye de Longpont (Aisne) une toile (du 16e s.) retrace les étapes de sa vie, jusqu’à sa mort sainte. La racine de David s’est révélée féconde. Sa fidélité nous éclaire. Les familles chrétiennes bénéficient de la protection des grands-parents du Sauveur.

ancienne abbaye de Longpont (Aisne) : une toile (du 16e s.) retrace les étapes de sa vie, jusqu’à sa mort sainte.

Abbé Fernandez