La terre souillée par la guerre

Réflexions à partir du texte de la prière de consécration et de remise de l'humanité, et en particulier de la Russie et de l'Ukraine, au Cœur Immaculé de Marie, que le Pape François prononcera à la fin de la liturgie de pénitence dans la basilique Saint-Pierre, l'après-midi du vendredi 25 mars, fête de l'Annonciation.

Foisonnante de théologie et d’images, la consécration au Cœur de Marie mobilise l’Église. « Nous frappons à la porte de ton Cœur », écrit le pape François avec assurance : elle l’ouvrira sans doute pour déverser la miséricorde du Fils. La journée de réconciliation, programmée à la basilique St-Pierre de Rome, prévoit, autour de la consécration pour la paix, des confessions individuelles, des témoignages et des lectures, ainsi qu’une veillée eucharistique.

Le Prince de la vraie Paix présidera à la prière de l’Église, en faveur des pays belligérants. Sur toute la surface de la terre, pasteurs et fidèles s’uniront à cette imploration. « Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère ».

Il y a 70 ans, le pape Pie XII, avait proclamé, selon le message de Fatima, la consécration de la Russie au Cœur maternel de la Vierge ; par la suite, Paul VI, Jean-Paul II, ainsi que le pape François lui-même, avaient renouvelé la formule.

Cette consécration n’accuse personne, mais nous concerne tous

« Nous avons gâché la paix ». La guerre dévoile le « mystère de l’iniquité », la hargne de Satan. Les fidèles élèvent aussi un cri de componction : « Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre » et offensé le Père commun.

Le pape s’adresse à la Mère de Dieu, qui est devenue, au Calvaire, mère des rachetés ; « l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi ». Une Mère qui connaît les aspirations et les limites de ses enfants, qui pleure lorsque les frères s’entretuent. « Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée ».

Cette consécration n’accuse personne, mais nous concerne tous ; elle nous appelle à la conversion, pour que chacun rejette l’indifférence et l’agressivité autour de lui, devenant ainsi artisan de paix. L’humanité entière est assoiffée de concorde, de compassion réciproque.

L’expérience de la proximité maternelle donne des ailes à la prière des chrétiens dans les moments de détresse. Une prière qui sort du tréfonds des cœurs, ahuris de notre capacité de violence, d’égoïsmes nationalistes, d’autodestruction nucléaire. Nous nous sentons accusés par les victimes : morts, blessés, exilés, orphelins… « Nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples et les espérances des jeunes ».

L’Étoile de la mer assure l’arrivée au bon port, malgré la menace des flots amers.

Rayonnante d’espoir, notre litanie se déploie. Notre Dame anticipe la victoire. La Vierge de l’Annonciation, par un « oui » résolu, a frayé le chemin du Sauveur ; la Mère du Verbe a tissé son Corps rédempteur. La sainteté de Marie est un refuge contre le péché, un secours dans les troubles.

Maris Stella (Étoile de la mer), vitrail, paroisse Ste-Croix, Bordeaux

L’Étoile de la mer assure l’arrivée au bon port, malgré la menace des flots amers. L’Arche de l’alliance s’ouvre pour rétablir des relations solidaires. La Source vive d’espérance arrosera les cœurs endurcis. La Mère du Bon Conseil facilitera la négociation loyale. La Reine du rosaire et de la famille nous rendra « la douce palpitation de la paix ».

Voici le texte de la prière du Pape

Abbé Fernandez