40 ans au Congo. 1980-2020: IL ÉTAIT UNE FOIS…

IL ÉTAIT UNE FOIS…, c'est ainsi que commençaient les contes que nous lisions dans notre enfance et c'est ainsi qu'a commencé la grande Aventure de l'Œuvre au Congo.

Il était une fois, il y a presque 40 ans, Don Alvaro del Portillo, alors Prélat de l'Opus Dei, a demandé à quelques jeunes femmes si elles voulaient aller au Zaïre pour y implanter l'Opus Dei. Et un petit groupe international s'est retrouvé à Rome pour quelques jours avant le grand saut dans l'inconnu.

Nous étions cinq, venant de Belgique, d'Espagne, de France et du Portugal, jeunes et pleines d'élan, conscientes que nous n'étions pas à la hauteur de la tâche mais portées par notre jeunesse, notre enthousiasme et la prière d'une foule de personnes qui soutenaient les débuts de l'Œuvre au Zaïre.

Dès notre arrivée, en pleine nuit, nous avons ressenti la chaleur et l'humidité qui n'allaient plus nous quitter, ainsi que la chaleur humaine d'un peuple gai, accueillant et chaleureux. Les hommes étaient arrivés avant nous et nous avaient préparé notre logement provisoire, boulevard du 30 juin, en attendant que la maison louée à Binza IPN soit prête.

Dès le lendemain matin nous plongions dans la réalité : sans eau courante, ce qui pour nous était nouveau. Dans l'après-midi, nous avons eu notre première Messe au Zaïre, célébrée par l'abbé Hervas. Le surlendemain, vendredi 17, deux dames dont les enfants étaient au Club des garçons, sont venues nous voir, Cathie Banota et Jeanne Kimboko, et rendez-vous a été pris pour aller au grand marché le dimanche.

Jeanne est venue nous chercher dans la petite VW de l'époque et nous sommes allées vers le grand marché. Que de couleurs, d'odeurs et de surprises dans ce grand marché où l'on trouvait toutes les denrées possibles !, des légumes verts, sur des nattes étendues sur le sol, des vêtements, de la viande et des poissons, des singes boucanés, des petits crocodiles encore vivants et des énormes chenilles blanches.., tout était grouillant de monde, de bruit et d'une ambiance toute particulière que nous découvrions en même temps que les noms de légumes : bitekuteku, ngaïngaï, kikalakassa, pondu..., et la façon de les préparer… inoubliables

Ensuite nous avons connu Marie Thérèse qui a accueilli deux d'entre nous qui ne parlaient pas encore bien le français et qui après une visite très chaleureuse, ont avoué qu'elles n'avaient rien compris ! Mais tout cela n'était pas un obstacle pour que les amitiés naissent et que les activités puissent commencer.

C'est ainsi que la première récollection de dames a eu lieu à Saint Jean Baptiste de la Salle, à laquelle ont participé, Dina Dzbo, Jeanne Kimboko, Cathie Banota et Marie Thérèse, Viviane Mbela, c'était très émouvant.

La première récollection avec des dames à Saint Jean Baptiste de La Salle

Très vite le Club a démarré chez Dina avec ses filles et les sœurs des garçons qui allaient déjà au Club des garçons. Activités de théâtre, de cuisine et causeries de formation chrétienne rythmaient les samedis après-midi. A Noël, la première fête du Club a eu lieu chez les Dzbo, avec représentation du Petit Prince, quelques poésies et un partage enthousiaste et familial de ce qu'avait préparé Dina et les filles. C'était le début d'une chaîne ininterrompue de fêtes de Noël du Club Virunga qui n'avait pas encore de nom.

Représentation de théâtre au premier Club des filles

Chacune travaillait dans des secteurs divers : enseignement, administration et service juridique de sociétés. J'ai commencé au service juridique de " Quo Vadis ", cette panification industrielle très connue à Limete, ce qui nous a d'ailleurs permis d'avoir du pain frais tous les jours, ainsi qu'une petite voiture mais qui nous a beaucoup servi. Nous allions dans cette R5, avec les filles du Club, de la maison des Dzbo à Saint Jean-Baptiste de la Salle pour recevoir le sacrement de pénitence… toute une expédition car la voiture était bien petite mais plusieurs voyages faisaient l'affaire…

Petit à petit nous avons connu de plus en plus de personnes jusqu'à ce que le Club puisse fonctionner dans notre nouvelle maison, avenue de la Maternité, à Delvaux, où ont pu avoir lieu des récollections pour les dames ainsi que pour les étudiantes dont nous faisions connaissance en allant au Campus universitaire. Une ambiance toujours animée imbibait nos activités de toutes sortes : cours de cuisine et de décorations pour les dames, techniques d'étude et cuisine pour les étudiantes, théâtre, cuisine et natation pour les lycéennes.

Étude au Club

Chacune amenait une ou plusieurs amies, et un noyau solide a été à la base du développement de toutes nos activités. Aujourd'hui, les filles et même les petites filles de ces premières amies sont les maillons de cette longue chaîne qui a commencé il y a presque quarante ans, qui se poursuit maintenant et se poursuivra jusqu'à ce que nous ayons pu atteindre tous les recoins du pays.

Des premières arrivées, nous sommes encore trois à Kinshasa, entourées de toutes celles qui sont venues après, et toujours animées du désir de poursuivre l'Aventure et la propager à un maximum de personnes.

Leti avec un groupe d´amies

Un grand Merci à chacune des personnes qui ont aidé nos premiers pas….

Isabelle Barbarin