Il était une fois, il y a 40 ans, Don Alvaro del Portillo, alors Prélat de l'Opus Dei, a demandé à quelques jeunes femmes si elles voulaient aller au Zaïre pour y implanter l'Opus Dei. Et un petit groupe international s'est retrouvé à Rome pour quelques jours avant le grand saut dans l'inconnu.
Nous étions cinq, venant de Belgique, d'Espagne, de France et du Portugal, jeunes et pleines d'élan, conscientes que nous n'étions pas à la hauteur de la tâche mais portées par notre jeunesse, notre enthousiasme et la prière d'une foule de personnes qui soutenaient les débuts de l'Œuvre au Zaïre.
Dès notre arrivée, le 15 septembre 1982, en pleine nuit, nous avons ressenti la chaleur et l'humidité qui n'allaient plus nous quitter, mais surtout la sympathie d'un peuple gai et accueillant. Les hommes étaient arrivés avant nous et nous avaient préparé notre logement provisoire, boulevard du 30 juin, en attendant que la maison louée à Binza IPN soit prête.
Dès le lendemain matin, nous plongions dans la réalité : pas d'eau courante au robinet, ce qui pour nous était une nouveauté. Dans l'après-midi, nous avons eu notre première Messe au Zaïre, célébrée par l'abbé Hervas. Le surlendemain, vendredi 17, deux dames dont les enfants étaient au Club des garçons, sont venues nous voir, Cathie et Jeanne, et rendez-vous a été pris pour aller au grand marché le dimanche.
Jeanne est venue nous chercher dans sa petite VW et nous sommes allées vers le grand marché. Que de couleurs, que d'arômes et de surprises dans ce grand marché où l'on trouvait toutes sortes denrées possibles et imaginables : des légumes vertes sur des nattes étendues à même le sol, des vêtements, de la viande et du poisson, des singes boucanés, des petits crocodiles encore vivants et d'énormes chenilles blanches..., ça grouillait de vie, de bruit et d'une ambiance toute particulière, que nous découvrions en même temps que les noms des légumes : bitekuteku, ngaïngaï, kikalakassa, pondu..., et la façon de les préparer… inoubliables souvenirs.
Ensuite nous avons connu Marie Thérèse qui a accueilli deux d'entre nous qui ne parlaient pas encore bien le français et qui après une visite très chaleureuse, ont avoué qu'elles n'avaient rien compris ! Mais tout cela n'était pas un obstacle pour que les amitiés naissent et que les activités puissent commencer.
C'est ainsi que la première récollection de dames a eu lieu à Saint Jean Baptiste de la Salle, à laquelle ont participé, Dina, Jeanne, Cathie, Marie Thérèse et Viviane. Ce fut franchement émouvant.
La première récollection avec des dames à Saint Jean Baptiste de La Salle
Très vite le Club a démarré chez Dina avec ses filles et les sœurs des garçons qui allaient déjà au Club des garçons. Activités de théâtre, de cuisine et causeries de formation chrétienne rythmaient les samedis après-midi. A Noël, la première fête du Club a eu lieu chez Dina, avec une représentation du Petit Prince, quelques poésies et un partage enthousiaste et familial de ce qu'avait préparé Dina et les filles. C'était le début d'une chaîne ininterrompue de fêtes de Noël du Club Virunga qui, à l'époque, n'avait pas encore de nom.
Représentation de théâtre au premier Club des filles
Chacune travaillait dans des secteurs divers : enseignement, administration et service juridique de société. J'ai commencé au service juridique de " Quo Vadis ", cette panification industrielle très connue à Limete, ce qui nous a d'ailleurs permis d'avoir du pain frais tous les jours, ainsi qu'une voiture, petite mais qui nous a beaucoup servi. Nous allions dans cette R5, avec les filles du Club, de chez Dina à Saint Jean-Baptiste de la Salle pour recevoir le sacrement de pénitence… toute une expédition, car la voiture était bien petite, mais plusieurs voyages faisaient l'affaire…
Petit à petit nous avons connu de plus en plus de personnes jusqu'à ce que le Club puisse fonctionner dans notre nouvelle maison, avenue de la Maternité, à Delvaux, où ont pu avoir lieu des récollections pour les dames ainsi que pour les étudiantes, dont nous faisions connaissance en allant au Campus universitaire. Une ambiance toujours animée imbibait toute sorte d'activités : cours de cuisine et de décorations pour les dames, techniques d'étude et cuisine pour les étudiantes, théâtre, cuisine et natation pour les lycéennes.
Étude au Club
Chacune amenait une ou plusieurs amies, et un noyau solide a été à la base du développement de toutes nos activités. Aujourd'hui, les filles et même les petites filles de ces premières amies sont les maillons de cette longue chaîne qui a commencé il y a quarante ans, qui se poursuit maintenant et se poursuivra jusqu'à atteindre tous les recoins du pays.
Des premières arrivées, nous sommes encore trois à Kinshasa, entourées de toutes celles qui sont venues après, et toujours animées du désir de poursuivre l'Aventure et la propager à un maximum de personnes.
Leti avec un groupe d´amies
Un grand Merci à chacune des personnes qui ont aidé nos premiers pas….
Isabelle Barbarin