Centre et racine de la vie intérieure : le Concile Vatican II a repris cette expression que Saint Josémaria utilisait souvent pour exprimer l'importance de la sainte messe pour un chrétien.
Pour des raisons de congrès, de réunions, de cours, de missions humanitaires, etc., j'ai été amené à voyager dans différentes parties du monde. Ma première préoccupation est toujours d'assurer la messe quotidienne. Parfois ce n'est pas facile, parce que la destination est un pays non catholique ou à cause de la durée du voyage. La première chose que je fais habituellement est de demander de l'aide à mon ange Gardien. La deuxième chose c'est d'obtenir des informations, surtout à travers d'internet : on peut trouver les horaires de messes à notre destination avec une simple recherche
Mais les jours de la semaine en dehors du dimanche peuvent être problématiques. Un 1er mai je suis arrivé à 7h30 à Rio de Janeiro et théoriquement il y avait plusieurs messes près de l'aéroport Santos Dumont, mais en réalité il n'y en avait pas. Je suis allé à la cathédrale et pour la première j'étais très en retard, le responsable était très gentil, il a téléphoné pour avoir des informations et m'a envoyé à Nossa Senhora de Copacabana où il y avait une messe toutes les heures et c'était l'endroit idéal pour visiter le Christ Rédempteur.
Lors de longs voyages, une autre possibilité consiste à voyager le dimanche en ayant assuré la messe le samedi soir. D'autres fois, vous pouvez faire le voyage en deux étapes et sortir de l'aéroport pour aller à la messe. J'ai fait cela à Singapour en voyageant vers Nouvelle-Zélande, et j'ai pu alors rendre visite à mes proches et aller à la messe dans la cathédrale ; puis lorsque je suis arrivé le lendemain à Auckland, j'ai dû courir pour ne pas manquer la messe du jour.
À Casablanca (Maroc) également, il faut être rapide et essayer d'être le premier à passer le contrôle de douane pour aller dans la ville située à 25 km. L'une des fois où je revenais de la RDC, j'étais déjà dans l'église des religieuses franciscaines quand une personne de ma famille, qui était là pour des raisons de travail, est entré et a été étonné de me voir.
Il y a quelques aéroports où vous pouvez assister à une messe, il y a même l'International Association of Civil Aviation Chaplan (IACAC), qui a un site web qui fournit des informations sur les messes dans les aéroports du monde entier. A Barajas, à Madrid, dans la chapelle il y a un tableau de saint Josémaria, pour rappeler que c'est un saint qui avait utilisé cet aéroport et en lui demandant de protéger les voyageurs.
Lors d'un voyage aux Etats-Unis, il n'y avait pas de messe dans la chapelle. J'ai rencontré un séminariste qui rentrait chez lui en Amérique centrale et qui devait aussi aller à la messe. Il m'a dit qu'il priait pour ne pas la manquer ce jour-là, et il a continué à prier.
Alors il est entré dans la chapelle l'un des évêques auxiliaires de New-York, et je lui ai demandé s'il devait célébrer la messe, et il m'a dit qu'il serait bon pour lui de le faire avant de prendre l'avion, mais qu'il pensait que ce ne serait pas possible si la sacristie n'était pas ouverte dans un court délai. J'ai couru trouver le responsable, un homme pieux qui voulait aussi participer, et nous avons été tous heureux.
Une autre fois, en revenant de Legazpi, aux Philippines, un voyage de quatre transferts et de plus de 24 heures, j'ai pu assister à la messe à l'aéroport de Manille et partir rapidement, après avoir reçu la bénédiction de voyage du célébrant, pour ne pas manquer le prochain avion.
Dans une mission humanitaire à Kisangani, le bienfaiteur qui l'a promue a mis une voiture et un policier avec une mitraillette pour que je puisse aller tous les jours à la messe. Un jour le chauffeur n'était pas arrivé, et j'ai commencé à marcher vite vers l'église avec le policier qui me suivait. Comme je voyais que j'allais être en retard, j'ai arrêté une moto-taxi et je suis monté avec le policier et sa mitraillette, et nous sommes arrivés juste au moment où la célébration allait commencer.
Une autre stratégie pour s'assurer la messe consiste à choisir un hôtel proche d'une église catholique. C'est ce que j'ai fait à Istanbul, qui se trouve dans le quartier de Galata (saint Paul leur a écrit une lettre). Comme l'église est très proche de l'ambassade de Russie et, à l'époque, il y avait un conflit entre les deux pays, pour aller à la messe je devais traverser entre les manifestants et la police.
Lorsque j'arrive à un endroit, si je le peux, je vais à l'église pour apprendre le chemin, voir le temps qu'il faut pour s'y rendre et vérifier les horaires. Si la distance ne dépasse pas une demi-heure, je préfère marcher car c'est la meilleure façon de connaître une ville et c'est la chose la plus sûre pour arriver à temps.
Chaque année, je coïncide avec mon ami et collègue Manuel, de Paris, dans deux ou trois événements dans différents pays d'Europe et il me fait entièrement confiance pour la messe, il sait que j'ai généralement le lieu et l'heure déjà décidés. La plupart du temps, nous faisons l'aller-retour à pied et nous en profitons pour avoir de longues conversations. À plusieurs reprises un ou deux collègues médecins se joignent à nous pour la messe du dimanche.
Maintenant, avec les applications, comme google maps, qui vous placent sur la carte et renvoient aux différentes possibilités pour aller partout, il est très facile de se déplacer dans les villes avec les transports publics. À Copenhague, j'y suis allé avec Marc, un autre collègue. Nous sommes arrivés à la messe et ils se sont excusés en disant qu'il y avait des funérailles et que ce serait plus tard, mais c'était à un moment qui nous était impossible de revenir. Il y avait une autre messe dans 30 minutes à l'autre bout de la ville, mais grâce à cette application informatique, qui nous donnait des informations précises sur les transports en temps réel, nous sommes arrivés à l'heure, après avoir pris un train, un bus et couru un peu.
Le moyen le plus courant de se déplacer est de prendre un taxi, et lorsque l'église est éloignée, il n'y a généralement pas d'autre moyen de s'y rendre. Emilio, commercial dans une grande entreprise de Gérone, a voyagé dans divers endroits en Chine, au Japon, aux États-Unis, etc. Il m'a dit que pour aller à la messe à Beijing faut apporter le nom de l'église et son adresse écrite en chinois sur un morceau de papier, ainsi que l'adresse de son hôtel pour pouvoir revenir.
J'ai suivi son conseil, mais une fois j'ai eu un chauffeur de taxi qui ne voyait pas bien, et qui a commencé à se plaindre en grommelant parce qu'il ne comprenait pas le papier. Je n'avais aucun moyen de communiquer avec lui parce qu'il ne parlait que le chinois. Dieu merci, il lui vint à l'esprit d'aller voir un autre chauffeur de taxi qui lui expliqua où il devait m'emmener : c'était l'église de San Ignacio, la plus importante de la ville.
Malgré tous les efforts, il est parfois impossible d'aller à la messe parce qu'il n'y en a tout simplement pas. A Takoradi, une ville sur la côte du Ghana, nous étions dans l'église d'une école de religieuses attendant le début de la messe, et il y avait plusieurs centaines de filles. Après un moment d'attente, elles nous ont dit qu'elles ne pouvaient que nous donner la communion, la raison était qu'on n'avait pas du vin pour célébrer.
D'autres fois il peut parfois être dangereux d'aller à la messe. À Tijuana (Mexique), j'ai demandé au directeur de l'hôtel, qui était à la réception, comment aller à la messe à la cathédrale. Il m'a dit que l'église se trouvait dans une zone de conflit, mais quand il a vu mon intérêt, il a proposé de m'accompagner en voiture. Sur le trajet aller-retour, il m'a dit qu'il essayait d'être un bon catholique, mais que pendant des années, il s'était laissé aller et ne pratiquait pas. J'en ai profité pour l'encourager à se confesser et à revenir au bercail.
Un sentiment que j'ai éprouvé, surtout dans les pays où il n'y a qu'une minorité catholique, ou lorsque la majorité des personnes présentes étaient des étrangers, est celui de faire partie de la famille des enfants de Dieu. À Bucarest, à la fin de la messe de la communauté latino-américaine, dirigée par le père Javier, j'ai parlé à plusieurs personnes qui m'ont accueilli avec beaucoup d'affection, et cela donnait le sentiment que nous étions de vieux amis.
Je pense que cette préoccupation d'assurer la messe quotidienne est une façon de démontrer notre amour et notre foi au Seigneur dans le Saint Sacrement. On peut parfois ne rien ressentir et être apparemment froid, mais ces actions certifient qui nous sommes, et nous font participer à ces paroles prophétiques de Malachie : Du lever du soleil à son coucher, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on offre à mon nom de l'encens et une oblation pure (1-11)
Dr. Antonio Villalonga