A l'heure de l'Afrique

Pour Liliane, jeune camerounaise, l'Opus Dei est la famille spirituelle qui l'a conduite sur le chemin de la foi. Elle témoigne.

Liliane, vous êtes camerounaise. Vous avez 26 ans et vous êtes en France depuis 10 ans. Vous avez connu l’Opus Dei au Cameroun. Pouvez-vous nous parler de l’Œuvre dans ce pays et nous expliquer pourquoi vous êtes venue en France ?

J’ai connu l’Opus Dei à Komo, dans le village natal de mon père, à 1H30 en voiture de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Des personnes de l’Œuvre et quelques étudiantes avaient organisé un séjour (rencontre sociale) d’une dizaine de jours pour aider des mères de famille à améliorer leurs conditions de vie, notamment dans le domaine de l’hygiène de leurs enfants, de la tenue d’un foyer. Ce séjour avait également pour but de les aider à approfondir la foi chrétienne. 

Cela a été l’occasion pour mes parents d’entendre parler des activités de « Val d’Or » à Yaoundé (un centre de l'Opus Dei, qui s’appelle Rigel maintenant), qui proposait une formation chrétienne pour les jeunes durant l’année scolaire, ainsi que différentes activités comme la couture, l’aide à l’étude, des cours d’anglais pour celles qui souhaitaient approfondir le programme scolaire. Depuis lors, je fréquente des centres de l’Opus Dei.

L’une des initiatives les plus remarquables mises en place à l’initiative des personnes de l’Opus Dei au Cameroun, est l’ouverture de l’école hôtelière « Sorawell » qui met en valeur le travail de la maison, de la mère de famille et qui par là, met en place des bases solides pour la construction d’une véritable famille africaine pour qu’elle n’en reste pas simplement à un communautarisme dû à l’absence de moyens financiers suffisants.

Vous avez décidé de donner votre vie à Dieu en vivant le célibat apostolique dans l’Opus Dei. Racontez nous comment vous vivez cette vocation au quotidien ?

La première idée qui me vient à l’esprit c’est le naturel. Je suis une de plus parmi mes collègues de travail. En vivant au quotidien avec eux, tout comme avec ma famille, j’essaye d’aimer beaucoup chaque personne que je rencontre. L’expérience montre que plus qu’à vouloir entendre de grands discours sur la foi, nos amies, nos collègues de travail ont souvent simplement besoin qu’on les écoute, qu’on ne critique pas les absents ! (ce qui est assez reposant dans le milieu professionnel), et qu’on les prenne tels qu’ils sont.

Et puis, j’essaye dans la mesure du possible de rester sereine dans les périodes de travail plus intenses où les tensions peuvent être plus importantes entre collègues. Cela me donne souvent l’occasion de parler de sujets plus profonds comme la valeur sanctificatrice du travail, le sens de l’existence, lorsque ceux-ci me posent par exemple des questions sur cette stabilité intérieure ; je leur réponds par exemple que cette tension que j’accumule inévitablement comme eux, je la dépose tous les jours sur l’autel durant la Sainte Messe et je demande de l’aide à Dieu pour bien vivre chaque journée.

Pouvez-vous nous dire comment l’Opus Dei vous a aidé à tisser une relation personnelle et intime avec le Christ ? 

La formation chrétienne m’a énormément aidée. Il n’est pas possible d’aimer et de fréquenter Dieu si l’on a une image floue de lui.

L’aspect de la formation a été d’autant plus décisif pour moi qui suis africaine, parce que comme vous le savez, le christianisme n’a que très peu d’année dans les pays africains. Le Cameroun fêtera bientôt le 120e anniversaire de l’arrivée des missionnaires allemands au Cameroun, ce qui est très peu lorsqu’on pense aux 2000 ans de Christianisme qu’a déjà vécus l'Europe.

Le fait que le christianisme soit récent, implique qu’il n’a pas encore imprégné les mentalités. Donc, vous retrouvez des personnes qui le samedi vont voir le guérisseur du village pour qu’il retire le mauvais esprit lancé par un voisin, qui fait que vous vous enlisez financièrement et que vos enfants ont de mauvaises notes à l’école. Le lendemain, dimanche, on va à la Messe pour demander les mêmes grâces à Dieu ! Principe de précaution, il vaut mieux mettre deux couches plutôt qu’une !

Toutes ces mentalités ont imprégné ma jeunesse et la formation que j’ai reçue dans l’Œuvre m’a donné le moyen de connaître le vrai visage du Christ au moyen de cours organisés par petits groupes sur les sacrements et sur la foi en général. L’avantage d’un groupe restreint m’a permis de pouvoir poser toutes les questions qui me venaient à l’esprit en toute liberté. La prière quotidienne devant le Saint Sacrement et l’accompagnement spirituel qui sont proposés dans l’Oeuvre ont été également d’une grande aide pour moi.

Vous êtes très active en France. Vous vous occupez actuellement d’une résidence d’étudiantes à Paris mais vous avez aussi travaillé dans de grandes sociétés privées. Souhaitez-vous retourner dans votre pays et mettre votre expérience au service de son développement ?

Évidemment ! J’ai très envie de retourner au Cameroun pour pouvoir y être utile et j’encourage souvent mes amies africaines dans ce sens, même si je comprends tout à fait que beaucoup d'Africains ne trouvant pas de travail dans leur pays préfèrent rester à l’étranger ; chaque cas est unique.

Il y a un travail passionnant à faire là-bas. D’abord dans le domaine de la christianisation de la société et je parle bien de christianisation et pas de re-christianisation. L’une des difficultés auxquelles doit faire face le Cameroun c’est le fatalisme ambiant. Les jeunes ne croient pas à une amélioration de la société et des mentalités et cela se ressent dans la manière d’envisager le travail, uniquement comme un gagne pain, qui ne permet pas à la personne tout entière de se développer. Et dans cette lutte de la vie, tous les coups sont permis pour survivre. Et l’attitude qui en découle est également un manque de lutte pour acquérir les vertus humaines, si nécessaires pour aimer Dieu, les autres et également pour effectuer un travail sérieux qui serve les autres.

Tout cela est donc passionnant comme chantier !

Lien utile : l'Opus Dei au Cameroun. yaounde@opusdei.org