Thème 11 - Résurrection, Ascension et seconde venue de Jésus-Christ

La Résurrection du Christ est la vérité fondamentale de notre Foi, comme le dit saint Paul. Grâce à elle, Dieu inaugure la vie dans le monde à venir, et la met à la disposition des hommes.

Mise au tombeau de la crypte de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec (Finistère)

11.

Résurrection, Ascension et seconde venue de Jésus-Christ

  • Le Christ fut mis au tombeau et Il descendit aux enfers

Après avoir souffert et avoir connu la mort, le corps du Christ fut placé dans un sépulcre encore inutilisé, près de l’endroit où on l’avait crucifié. Son âme, elle, descendit aux enfers. Le tombeau du Christ est la preuve qu’Il mourut véritablement. Dieu a voulu que le Christ connaisse la mort, c’est-à-dire la séparation de l’âme et du corps (cf. Catéchisme, 624).

Tout le temps que le Christ resta dans le tombeau, aussi bien son âme que son corps, séparés entre eux à cause de la mort, restèrent unis à sa Personne divine (cf. Catéchisme, 626). Parce qu’Il continuait à appartenir à la Personne divine, le corps mort du Christ n’a pas connu la corruption du tombeau (cf. Catéchisme, 627; Ac 13, 37). L’âme du Christ est descendue aux enfers. « Les ‘enfers’ –distincts de ‘l’enfer’ de la condamnation - constituaient la situation de tous ceux qui, justes ou méchants, étaient morts avant le Christ » (Compendium du Catéchisme, n.125).

Les justes se trouvaient dans un état de félicité (on dit qu’ils reposaient dans le « sein d’Abraham ») même s’ils ne jouissaient pas encore de la vision de Dieu. En disant que Jésus est descendu aux enfers, nous faisons allusion à sa présence dans le « sein d’Abraham » pour ouvrir les portes du ciel aux justes qui l’avaient précédé. « Avec son âme unie à sa Personne divine, Jésus a rejoint dans les enfers les justes, qui attendaient leur Rédempteur pour pouvoir accéder à la vision de Dieu. » (Compendium, n. 125).

En descendant aux enfers le Christ a montré son pouvoir sur le démon et la mort, en libérant les âmes saintes qui y étaient retenues pour les conduire à la gloire éternelle. De cette façon la Rédemption – qui devait toucher tous les hommes de toutes les époques – s’est appliquée à ceux qui avaient précédé le Christ. (cf. Catéchisme, 634).

  • Sens général de la glorification du Christ

La glorification du Christ consiste dans sa Résurrection et sa montée aux cieux, où Il est assis à la droite du Père. Le sens général de la glorification du Christ est en relation avec sa mort sur la Croix. De même que, par la passion et la mort du Christ, Dieu a éliminé le péché et réconcilié le monde avec Lui, de même par la résurrection du Christ, Dieu a inauguré la vie du monde futur et l’a mise à la disposition des hommes.

Les bienfaits de la Rédemption ne découlent pas seulement de la Croix mais aussi de la Résurrection du Christ. Ces fruits s’appliquent aux hommes par la médiation de l'Église et par les sacrements. Concrètement, par le baptême, nous recevons le pardon des péchés (du péché originel et des péchés personnels) et par la grâce, l’homme revêt la vie nouvelle du Ressuscité.

  • La Résurrection de Jésus-Christ

« Au troisième jour » (après sa mort) Jésus est ressuscité à une vie nouvelle. Son âme et son corps, pleinement transfigurés par la gloire de sa Personne divine, se sont réunis à nouveau. L’âme a assumé à nouveau le corps et la gloire de l’âme s’est communiquée en totalité au corps. Pour ce motif, « la Résurrection du Christ n’est pas un retour à la vie terrestre. Son corps ressuscité est celui qui a été crucifié et qui porte les signes de sa Passion, mais il participe désormais de la vie divine avec les propriétés d’un corps glorieux. » (Compendium, n.129).

La Résurrection du Seigneur est le fondement de notre foi, puisqu’elle atteste d’une manière incontestable que Dieu est intervenu dans l’histoire humaine pour sauver les hommes. Et elle garantit la vérité de ce que l'Église prêche sur Dieu, sur la divinité du Christ et le salut des hommes. Au contraire comme dit saint Paul « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1 Co 15, 17).

Les Apôtres n’ont pas pu se tromper ou inventer la Résurrection. En premier lieu, si le tombeau du Christ n’avait pas été vide, ils n’auraient pas pu parler de la Résurrection de Jésus ; de plus, si le Seigneur ne leur était pas apparu en diverses occasions et à de nombreux groupes de personnes, hommes et femmes, beaucoup de disciples n’auraient pas pu l’accepter, comme ce fut le cas de l’apôtre Thomas au début. Et ils auraient encore moins donné leur vie pour un mensonge. Comme le dit saint Paul : « Mais si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu; et nous faisons figure de faux témoins de Dieu, pour avoir affirmé, en témoignant au sujet de Dieu, qu'Il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité si vraiment les morts ne ressuscitent pas » (1 Co 15, 14-15). Et lorsque les autorités juives voulaient empêcher la prédication de l'Évangile, saint Pierre répondit : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice (…) Nous sommes témoins de ces choses. » (Ac 5, 29-30.32).

En plus d’être un événement historique, vérifié et authentifié par des signes et des témoignages, la Résurrection du Christ est un événement transcendant « parce qu’elle est l’entrée de l’Humanité du Christ dans la gloire de Dieu, et dépasse l’histoire, comme mystère de la foi. » (Compendium 128). Pour cette raison, Jésus ressuscité, même s’il possède une véritable identité physique et corporelle, n’est pas soumis aux lois physiques terrestres, et ne s’y soumet que lorsqu’il le désire : « Jésus ressuscité est souverainement libre d’apparaître à ses disciples comme il veut, où il veut et sous des aspects variés » (Compendium 129).

La Résurrection du Christ est un mystère de salut. Elle montre la bonté et l’amour de Dieu qui récompense l’humiliation de son Fils et qui emploie sa toute-puissance pour remplir les hommes de vie. Jésus ressuscité possède dans son Humanité la plénitude de vie divine pour la communiquer aux hommes. « Le Ressuscité, vainqueur du péché et de la mort, est le principe de notre justification et de notre résurrection. Dès à présent, (la Résurrection) nous procure la grâce de l’adoption filiale qui est une participation réelle à la vie du Fils unique, lequel, à la fin des temps, ressuscitera notre corps. » (Compendium, 131). Le Christ est le premier-né d’entre les morts, et nous ressusciterons tous par lui et en lui.

De la Résurrection de Notre Seigneur tirons trois élans :

a) Une foi vive : « Attise ta foi – Le Christ n’est pas un personnage qui serait passé. Il n’est pas un souvenir qui se perd dans l’histoire. Il vit ! Jesus Christus heri et hodie, ipse et in saecula ! dit saint Paul. –Jésus Christ, hier et aujourd’hui et toujours ! »[1].

b) L’espérance : « Ne désespère jamais. Lazare était mort et décomposé : jam foetet, quatriduanus est enim – il sent déjà, c’est le quatrième jour, dit Marthe à Jésus. Si tu entends l’inspiration de Dieu et que tu la suives – Lazare, veni foras ! – Lazare, viens ici. Dehors ! -, tu renaîtras à la Vie. »[2]

c) Le désir d’être transformés par la grâce et la charité, ce qui nous conduit à vivre une vie surnaturelle qui est la vie du Christ : en cherchant à être réellement saints (cf. Col 3, 1 sq). Désir de purifier nos péchés dans le sacrement de la Pénitence, qui nous fait ressusciter à la vie surnaturelle – si nous l’avions perdue par le péché mortel - et recommencer : nunc coepi (Ps 50, 11).

4. L’élévation glorieuse du Christ : « Il est monté au ciel, où il est assis à la droite de Dieu le Père Tout-Puissant »

L’Exaltation glorieuse du Christ inclut son Ascension au ciel, qui eut lieu quarante jours après sa Résurrection (cf. Ac 1, 9-10), et son entrée glorieuse, pour partager, aussi en tant qu’homme, la gloire et le pouvoir du Père et pour être Seigneur et Roi de la création. Lorsque nous confessons dans cet article du Credo que le Christ « est assis à la droite du Père », nous renvoyons par cette expression à « la gloire et à l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles, étant Dieu et consubstantiel au Père, est assis corporellement après s’être incarné et avoir été glorifié dans sa chair »[3].

Avec l’Ascension s’achève la mission du Christ, son envoi parmi nous dans la chair pour opérer le salut. Il était nécessaire qu’après la Résurrection le Christ continue à rester présent parmi nous pour manifester sa vie nouvelle et compléter la formation des disciples. Mais cette présence se terminera le jour de l’Ascension. Cependant bien que Jésus retourne au ciel avec le Père, il reste parmi nous de différentes façons, et principalement sous le mode sacramentel, par la Sainte Eucharistie.

L’Ascension est le signe de la nouvelle situation de Jésus. Il monte vers le trône du Père pour le partager, non seulement comme Fils éternel de Dieu mais aussi en tant qu’homme véritable, vainqueur du péché et de la mort. La gloire qu’il avait reçue physiquement avec la Résurrection est complétée maintenant par son entrée publique dans les cieux comme Souverain de la création à côté du Père. Jésus reçoit l’hommage et la louange des habitants du ciel.

Puisque le Christ est venu au monde pour nous racheter du péché et nous conduire à la parfaite communion avec Dieu, l’Ascension de Jésus inaugure l’entrée au ciel de l’humanité. Jésus est la Tête surnaturelle des hommes, comme Adam le fut dans l’ordre de la nature. Puisque la Tête est au ciel, nous aussi, ses membres, nous avons la possibilité réelle de l’atteindre. Plus encore, il est allé nous préparer une place dans la maison du Père (cf. Jn 14, 3). Assis à la droite du Père, Jésus continue son ministère de Médiateur universel du salut. « Le Seigneur règne désormais avec son humanité dans la gloire éternelle de Fils de Dieu et qui sans cesse intercède en notre faveur auprès du Père. Il envoie son Esprit et nous donne l’espérance de le rejoindre un jour, là où il nous a préparé une place » (Compendium, 132). En effet, dix jours après son Ascension au ciel, Jésus envoya l’Esprit Saint aux disciples conformément à sa promesse. Depuis lors Jésus envoie incessamment aux hommes l’Esprit Saint pour leur communiquer la puissance vivifiante qu’il possède et les réunir dans son Église pour former l’unique peuple de Dieu.

Après l’Ascension du Seigneur et la venue de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, la Très Sainte Vierge fut élevée aux cieux corps et âme, car il était opportun que la Mère de Dieu, qui avait porté Dieu dans son sein, ne souffre pas la corruption du tombeau, à l’instar de son Fils[4]. L'Église célèbre la fête de l’Assomption de la Vierge le 15 août. « L'Assomption de la Très Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens » (Catéchisme, 966).

L’Exaltation glorieuse du Christ :

a) Nous encourage à vivre le regard tourné vers la gloire du Ciel : quae sursum sunt, quaerite (Col 3, 1) ; en nous rappelant que « nous n’avons pas ici-bas de cité permanente » (He 13, 14), et avec le désir de sanctifier les réalités humaines ;

b) Nous pousse à vivre de foi, car nous nous savons accompagnés par Jésus-Christ, qui nous connaît et nous aime du haut du ciel, et qui nous donne sans cesse la grâce de son Esprit. Avec la force de Dieu nous pouvons réaliser le travail apostolique qu’il nous a confié : le porter à toutes les âmes (cf. Mt 28, 19) et le mettre au sommet de toutes les activités humaines (cf. Jn 12, 32), pour que son règne soit une réalité (cf. 1 Co 15, 25). En outre, du Tabernacle,il nous accompagne sans cesse.

5. La seconde venue du Seigneur « D’où il reviendra pour juger les vivants et les morts »

Le Christ Seigneur est Roi de l’univers, mais toutes les choses de ce monde ne lui sont pas encore soumises (cf. He 2, 7 ; 1 Co 15, 28). Il concède du temps aux hommes pour s’assurer de leur amour et de leur fidélité. Cependant à la fin des temps aura lieu son triomphe définitif lorsque le Seigneur apparaîtra « avec beaucoup de puissance et de gloire » (cf. Lc 21, 27). Le Christ ne nous a pas révélé le temps de sa seconde venue (cf. He 1, 7), mais Il nous encourage à être toujours vigilants et nous prévient qu’avant cette seconde venue ou parousie, il y aura un dernier assaut du diable avec de grandes calamités et d’autres signes (cf. Mt 24, 20-30 ; Catéchisme, 674-675).

Le Seigneur viendra alors comme Juge Suprême et Miséricordieux pour juger les vivants et les morts : c’est le jugement universel, au cours duquel les secrets des cœurs seront dévoilés, ainsi que la conduite de chacun vis à vis de Dieu et du prochain. Ce jugement confirmera la sentence que chacun a reçue après sa mort. Tout homme sera comblé de vie ou condamné pour l’éternité, selon ses œuvres. Ainsi se consumera le Royaume de Dieu, car « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28).

Au cours du jugement final, les saints recevront, publiquement, le prix mérité pour le bien qu’ils ont fait. De la sorte la justice sera rétablie, puisqu’en cette vie souvent ceux qui agissent mal sont loués et ceux qui agissent bien sont méprisés et oubliés.

Le Jugement final nous pousse à la conversion : « Dieu donne aux hommes « le temps favorable, le temps du salut » (2 Co 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la justice du Royaume de Dieu. Il annonce la « bienheureuse espérance » (Tt 2, 13) du retour du Seigneur qui « viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru » (2 Th 1, 10) (Catéchisme, 1041).

Antonio Ducay

Bibliographie de base

Catéchisme de l’Église Catholique, 638-679 ; 1038-1041.

Lectures recommandées

Jean-Paul II, La Résurrection de Jésus-Christ, Catéchèse : 25-I-1989, 1 et 22-II-1989, 1, 8 et 15-III-1989.

Jean-Paul II, L’Ascension de Jésus-Christ, Catéchèse : 5,12, 19-IV-89.

Saint Josémaria, Homélie L’Ascension du Seigneur dans les cieux, dans : Quand le Christ passe, 117-126.


[1] Saint Josémaria, Chemin, 584

[2] Ibid., 719

[3]Saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, 4, 2 : PG 94, 1104 ; cf. Catéchisme, 663

[4]Cf. Pie XII, Const. Munificentissimus Deus, 15-VIII-50 : DS 3903