Qu’est-ce que le massacre des innocents ? Est-ce un fait historique ?

Ce qui est vrai c’est qu’il coïncide avec les brutalités d’Hérode que nous rapporte Flavius Joseph : il fit que l’on noie son beau-frère Aristobule qui était devenu très populaire (Antiquités Juives, 15 & 54-56)

Le massacre des innocents tout comme l’épisode de l’étoile des Mages, appartient à l’évangile de l’enfance de saint Matthieu. Les Mages avaient demandé où était le roi des Juifs (Mt 2, 1) et Hérode qui se savait roi des Juifs, invente un stratagème pour apprendre qui peut être celui qu’il considère comme un éventuel usurpateur et demande aux Mages de le tenir au courant dès leur retour. Quand il apprit qu’ils avaient emprunté une autre route, « il fut pris d’une violente fureur et envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de deux ans, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages ». (Mt 2, 16).

Ce passage évoque d’autres épisodes de l’Ancien Testament: Pharaon avait aussi ordonné que l’on massacre les nouveaux-nés des Hébreux mais Moïse qui allait être le libérateur d’Israël fut sauvé (Ex l, 8-2, 10). Saint Matthieu dit aussi qu’avec le martyre de ces enfants un oracle de Jérémie s’accomplit (Jr 31, 15) : le peuple d’Israël s’enfuit au désert mais le Seigneur le tira de là et dans un nouvel exode, il le conduisit à la terre en lui promettant une nouvelle Alliance (Jr 31, 31).

Aussi, le sens de ce passage s’éclaire-t-il : les puissants de la terre auront beau tenir tête aux plans de Dieu pour le salut des hommes, ils n’y pourront rien.

C’est dans ce contexte que l’on doit examiner l’historicité du martyre des enfants innocents dont nous ne savons pas plus que ce que dit saint Matthieu. La logique de la nouvelle recherche historique moderne voudrait que « «testis unus testis nullus», un seul témoignage ne soit pas valide. Cependant, il est facile de comprendre que le massacre des enfants à Bethléem, village de peu d’habitants, ne fut pas nombreux et que de ce fait il ne fut pas relevé par les annales. Ce qui est vrai c’est qu’il coïncide avec les brutalités d’Hérode que nous rapporte Flavius Joseph : il fit que l’on noie son beau-frère Aristobule qui était devenu très populaire (Antiquités Juives, 15 & 54-56); Il assassina son beau-père Hircan II (15, & 174-178), et Costobar, son autre beau-frère , ainsi que sa femme Marianne ( (15, & 222-239); à la fin de sa vie il fit assassiner ses enfants Alexandre et Aristobule (16 &130-135), et cinq jours avant sa mort, Antipatros, son autre fils (17 & 145); finalement, il ordonna qu’à sa mort, des notables du royaumes soient exécutés, afin que les gens de Judée, envers et contre tout, pleurent à la mort d’Hérode (17 &173-175).

Bibliographie:

- A. Puig, Jesús. Una biografía, Destino, Barcelona 2005;

- S. Muñoz Iglesias, Los evangelios de la infancia. IV, BAC, Madrid 1990;

- J. Danielou, Los evangelios de la infancia, Herder, Barcelona 1969.