Août 2023. Je quitte le Nigeria avec ma plus jeune fille, à peine âgée de quatre ans.
Des rêves dans ma valise. L’espérance sur mes lèvres. La famille restée derrière — mari, trois filles, père veuf, belle-mère.
Le froid du Canada mord ; le choc culturel blesse.
Les jours s’étirent. Les nuits paraissent interminables. La solitude devient une amie indésirable.
La foi se serre fort. Sainte Marie, réconfort des migrants — mon ancre.
Chaque pas en avant est porté par de silencieuses prières. Dieu — je me dis — a une raison dans chaque étape.
Nous sommes des pèlerins de l’espérance.
Soudain…
Bientôt, mes filles jumelles me rejoignent.
Notre foyer se remplit, nos cœurs sont un peu moins vides. Nous construisons une nouvelle routine.
Mars 2024. Le désastre frappe.
Un incendie déchire la nuit.
Le cri de ma voisine brise le sommeil : « Au feu ! » L’instinct prend le dessus — attraper les enfants, serrer mes documents, courir dans l’obscurité.
Nos vies sont épargnées ; nos biens détruits.
Nous regardons les flammes dévorer nos souvenirs.

Le chagrin submerge.
Des questions surgissent : le départ en valait-il la peine ? Ma foi chancelle. Mais la conscience de ma filiation divine m’apaise.
Si tout est permis par Dieu, l’espérance survit. Omnia in bonum.
Les paroles de saint Josémaria nous guident : ne jamais perdre la vision surnaturelle.
Les nuits sans sommeil résonnent de sa sagesse. Pour moi et pour mes enfants.
La perte est dure. Mes enfants pleurent leur maison.
Les biens ne sont plus.
Les questions demeurent : que nous reste-t-il ?
L’Esprit Saint murmure consolation.
Saint Josémaria dit : « Contente-toi de ce qui te permet de vivre une vie simple et sobre. Sinon, tu ne seras jamais un apôtre. »
Nous nous détachons, lentement, douloureusement, des choses matérielles. L’espérance et le réconfort renaissaient des cendres.
Le poids de la bienveillance
L’aide arrive.
La fraternité dans l’Opus Dei, le soutien de mes collègues, la générosité de la Ville. Des inconnus deviennent des anges.
Repas, vêtements, bonté — des miracles silencieux. Le poids de la bienveillance.
Nous retrouvons nos repères dans l’étreinte des autres.
C’est le Carême.
Nous cheminons avec le Christ dans la souffrance et dans l’espérance.
Nos cœurs sur la croix. Nos fardeaux déposés. Sa miséricorde apaise le désespoir.
Dieu à l’œuvre
Quelques jours après l’incendie, nous avons vu la main de Dieu à l’œuvre, ouvrant la porte d’une maison plus grande, plus confortable, dans un beau quartier. Ce déménagement a renouvelé nos esprits et rempli nos cœurs de joie. Ce qui paraissait être une fin est devenu un nouveau départ, preuve que les plans de Dieu surpassent les nôtres. La gratitude et l’espérance redéfinissent ce qui semblait n’être qu’une fin. C’était en réalité un commencement.

Les leçons se cristallisent.
Nous sommes enfants de Dieu — la filiation divine ne doit jamais être oubliée.
L’espérance n’appartient qu’à Lui. Saint Josémaria : « Il n’y a pas de plus grande tragédie pour l’homme que d’éprouver la déception, lorsque l’espérance est placée ailleurs que dans l’unique Amour qui rassasie.»
Saint Augustin fait écho :
« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi ! »
Espérance et consolation.
Les mains de Dieu nous tiennent, toujours, en temps d’épreuve.
