Lettre pastorale à l'occasion du Jubilé de la Miséricorde

Remercions le Saint-Père en actes et en prières pour ce jubilé spécial, véritable temps de grâce pour l'Église et pour le monde.

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Mes très chers enfants, que Jésus vous garde !

1 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort (2 Cor 1, 3) qui, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, nous a donné la vie avec le Christ […]. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus (Eph 2, 4-6).

Ces mots de saint Paul résument parfaitement le propos des lignes qui vont suivre. Je souhaite en effet vous aider à vous préparer de la meilleure façon possible à vivre l'année de la miséricorde que le pape François a proclamée, et dont l’ouverture se fera à l'occasion du cinquantième anniversaire de la clôture du concile Vatican II. Comme vous le savez, elle commencera le 8 décembre prochain pour se terminer en la solennité du Christ Roi, le 20 novembre 2016.

Lorsque le Saint-Père a annoncé cette année sainte extraordinaire, nous avons eu la joie de voir qu'elle allait coïncider avec la fin de l'année mariale pour la famille que nous sommes en train de vivre dans la prélature. Nous y avons perçu un signe supplémentaire de la protection de Notre Dame, que nous invoquons dans les litanies comme Regina Familiae et Mater Misericordiae.

C'est par l'intercession de notre Mère que nous bénéficions de la bonté du Seigneur, refuge sûr, toujours prêt à répondre à nos demandes et à subvenir à nos besoins personnels. C'est grâce à la miséricorde divine que nous pouvons faire croître en nous la charité, la compréhension, la fraternité, la préoccupation pour les âmes car, en tant que membres de l'Église, nous voulons contribuer à « donner un sens plus humain à l'homme et à son histoire »[1]. Que notre chemin quotidien s'appuie sur une solide espérance : le Ciel ne cesse de nous accorder la paix ; la Sainte Trinité ne cesse de veiller sur la création. Comme le rappelle le pape François, élevons-nous depuis les créatures pour contempler la main paternelle et amoureuse de Dieu[2].

Remercions le Saint-Père en actes et en prières pour ce jubilé spécial, véritable temps de grâce pour l'Église et pour le monde. Son appel à nous approcher davantage de notre Seigneur nous comble de joie. Nous serons plus près de Lui par la piété, par le recours aux sacrements – surtout la pénitence et l’Eucharistie – mais aussi par les manifestations pratiques de charité fraternelle avec notre prochain. Si nous sommes dociles à l'Esprit Saint, nous serons davantage configurés au Christ Jésus et nous ressemblerons plus au Père céleste, dont le visage miséricordieux nous a été révélé en Jésus-Christ.

2 Deus cui proprium est misereri semper et parcere : suscipe deprecationem nostram[3], Ô Dieu, à qui seul il appartient d’avoir toujours pitié et de pardonner, reçois notre prière, répétons-nous chaque jour. La miséricorde ! Il est toujours nécessaire d'approfondir, comme nous y invite l'Église, le sens de cet attribut divin consolateur qui, en un certain sens, résume tous les attributs de Dieu. Nous le faisons avec une confiance filiale. En annonçant ce jubilé extraordinaire, le pape écrit que la miséricorde « est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité, […] l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché »[4].

Trente-cinq ans se sont écoulés depuis que saint Jean-Paul II a publié l'encyclique Dives in misericordia. Il considérait qu’il était bon de méditer fréquemment cette merveilleuse expression de l'amour divin. « Les multiples expériences de l'Église et de l'homme contemporain nous y invitent, écrivait-il, tout comme l'exigent les aspirations de tant de cœurs humains, leurs souffrances et leurs espérances, leurs angoisses et leurs attentes[5]. »

Nous pouvons non seulement dire que ces paroles conservent toute leur actualité, mais qu’elles s'avèrent chaque jour plus urgentes : nous avons toujours besoin de la clémence divine, mais on peut affirmer qu'à notre époque ce besoin revêt une urgence plus grande encore. Lorsque le pape François ouvrira la porte Sainte dans les diverses basilique papales, et que chaque évêque fera de même dans sa circonscription, « Nous confierons la vie de l’Église, l’humanité entière et tout le cosmos à la Seigneurie du Christ, pour qu’il répande sa miséricorde telle la rosée du matin, pour une histoire féconde[6] ». Comme fruit de son expérience personnelle, saint Josémaria dès les débuts de l'œuvre, nous a instamment invités à avoir recours à cet immense amour d’un Dieu qui n'abandonne pas ses enfants. Les façons dont on peut frapper à la porte du Cœur de Jésus sont innombrables, ajoutait-il.

3 Il nous a appris à rendre présente, sur les chemins de la terre, la miséricorde que le Christ a lui-même apportée, et il précisait : notre don au service des hommes est une manifestation de cette miséricorde du Seigneur non seulement envers nous mais envers l’humanité tout entière[7].

Un courant d'amour miséricordieux se déverse continuellement du cœur blessé de Jésus sur l'humanité. Nous faisant ainsi l’écho de la demande de notre fondateur, tâchons donc de collaborer avec le Seigneur pour que ce courant d’amour atteigne tous les chrétiens, tous les hommes de bonne volonté.

C'est avec ces sentiments et ces désirs que je vous invite, mes enfants, à commencer avec joie et dévotion cette année de la miséricorde. Nous nous inspirerons des enseignements de la Sainte Écriture, dont les pages constituent un chant merveilleux à la clémence divine. Et nous nous arrêterons en particulier sur l'exemple du Christ, sa vie et sa doctrine. Pour atteindre cette intimité avec le rédempteur, nous essaierons de suivre les pas de saint Josémaria : il tournait constamment ses yeux vers le bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis (cf Jn 10,1–18) ; il conseillait volontiers de regarder davantage le Seigneur du ciel et de la terre.

La miséricorde de Dieu envers l'humanité

4 L'Ancien Testament proclame souvent l’insondable pitié de Dieu pour ses créatures. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres (Ps 144 [145] 8-9). Et les prophètes ne cessent de nous avertir : Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment (Jl 2, 13).

Dans la dernière Cène, notre Seigneur a récité, selon la tradition juive, le Grand Hallel ou chant de louanges, un psaume qui énumère les merveilles réalisées par Dieu dans la création et dans l'histoire. À la fin de chaque verset, on dit comme refrain les paroles suivantes : éternel est son amour (Ps 135 [136]).

« En raison de la miséricorde, tous les événements de l’Ancien Testament sont riches d’une grande valeur salvifique[8] », valeur qui se manifeste également avec plénitude dans le Nouveau Testament, par l'incarnation rédemptrice du Fils de Dieu. C'est Jésus lui-même qui offre sa vie dans le sacrifice de la Croix, institue l'Eucharistie et les autres sacrements, nous montrant par-là que le contenu fondamental de la miséricorde divine est cet acte suprême d'amour.

Relisons souvent les passages de l'Évangile qui manifestent la compassion et la compréhension du Christ envers l'humanité : depuis sa naissance à Bethléem jusqu'à son holocauste sur la Croix. Considérons posément toutes ces manifestations de sa piété pétrie de compassion : lorsqu'il guérissait les malades, soignait les possédés, lorsqu'il nourrissait les foules ou partageait à pleines mains le pain de la doctrine, lorsqu'il allait au-devant des pêcheurs repentis et leur pardonnait, lorsqu'il choisissait les disciples, qu'il les reprenait par un regard ou par des paroles, lorsqu'il appelait les apôtres pour les envoyer dans le monde entier, lorsqu'il nous a donné sa mère pour mère, qu'il nous a envoyé l'Esprit Saint qu'il avait promis, etc. En chacune de ses actions et de ses paroles, le Seigneur montre avec clarté le visage clément de Dieu le Père.

Tout cela s'est reproduit tout au long de l'histoire de l'Église, après l'Ascension de Jésus. Au milieu des lumières et des ombres qui jalonnent le chemin des chrétiens, l'indulgence de Dieu n'a cessé de se manifester. Les torrents de miséricorde qui se déversent constamment dans le monde se révèlent à nous par l'Esprit Saint qui habite dans l'Église, par la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, ou par l'intercession toujours actuelle de la Sainte Vierge Marie. Remercions sans cesse notre Père du Ciel : ouvrons de part en part les portes de notre cœur et invitons d'autres personnes à se laisser imprégner de la grâce divine.

Histoire des miséricordes de Dieu

5 Dans son encyclique Dives in Misericordia, saint Jean Paul II plaçait la miséricorde, dans l'histoire de l'humanité, au centre de la vie de l'Église. « Dans l'accomplissement eschatologique, la miséricorde se révélera comme amour, tandis que dans le temps, dans l'histoire humaine qui est aussi une histoire de péché et de mort, l'amour doit se révéler surtout comme miséricorde, et se réaliser sous cette forme. Le programme messianique du Christ, programme de miséricorde, devient celui de son peuple, de l'Église. Au centre même de ce programme se tient toujours la croix, puisqu'en elle la révélation de l'amour miséricordieux atteint son sommet[9] ».

En effet, nous ne pouvons séparer la Croix de la Résurrection, qui toutes deux révèlent l'amour divin : la miséricorde de Dieu se manifeste dans tout le mystère pascal. Le bienheureux Paul VI affirmait que « toute l'histoire du salut est guidée par la miséricorde divine, qui vient à la rencontre de la misère humaine[10]. »

Le Christ a pris sur lui nos péchés, et « s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 28). Notre Dame a accepté, avec une entière liberté, le don de celui qui, ayant pris notre condition humaine en toute chose excepté le péché (cf He 4, 15), pouvait manifester une véritable compassion. Dans le magnificat, elle a prophétisé : sa miséricorde s'étend d'âge en âge (Lc 1, 50).

6 Mes enfants : nous sommes, et nous nous réjouissons de l'être, de ces générations qui chantent les miséricordes de Dieu ! Notre fondateur a découvert l'amour de prédilection du Seigneur aussi bien dans sa vie personnelle que dans celle de l'Opus Dei. Il disait souvent que toute l'histoire de l'Œuvre est une histoire des miséricordes de Dieu. Il écrivait dans les années soixante : Jamais je ne serai en mesure, dans cette lettre ou dans tous les documents que je pourrais encore écrire, de raconter de manière exhaustive la bonté de Dieu qui a toujours précédé et accompagné par sa providence les pas de l'Œuvre[11]. Il n'hésitait pas à affirmer que l'histoire de l'Opus Dei devrait être écrite à genoux[12]. Il soulignait ainsi de façon imagée que dans la fondation et le développement de l'Œuvre, c’est toujours le Seigneur qui avait eu l’initiative : pour sa part, il n’avait qu’à être un instrument fidèle de ce vouloir divin.

À partir de 1928, la vie de saint Josémaria et celle de l'Opus Dei sont tellement unies qu'il est presque impossible de les distinguer ou de les séparer. Dans l'Œuvre, c'est Dieu qui a tout fait, disait-il. Humainement parlant, qu'y avait-il ? De la bonne humeur, beaucoup d'amour du Christ et de son Église, et le désir ardent de persévérer face à l'impossible. Le Seigneur m’a traité comme je traitais, étant enfant, les petits soldats de plomb : je les déplaçais comme il me plaisait, parfois je leur coupais la tête… C'est ainsi qu'il a agi avec moi : il m’a conduit par ses chemins, et il a permis que l'on me donne des coups, parce que cela était bon pour moi.[13]

Ces circonstances et ces situations permettaient à notre fondateur d'éprouver sa fidélité et son abandon dans les mains du Seigneur. Comme l'a noté le pape François : « La personne sait bien que sa vie donnera du fruit, mais sans prétendre connaître comment, ni où, ni quand. Elle est sûre qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue, ni aucune de ses préoccupations sincères pour les autres, ni aucun de ses actes d’amour envers Dieu, ni aucune fatigue généreuse, ni aucune patience douloureuse[14] ». Notre fondateur n'a jamais perdu la paix : mes enfants, avec la contrition, on trouve toujours l’Amour : rien de ce que j’ai accompli, aucune peine ne m'a fait perdre le gaudium cum pace parce que le Seigneur m'a appris à aimer et nullo enim modo sunt onerosi labores amantium (saint Augustin, De bono viduitatis, 21, 26) ; pour celui qui aime, le travail n'est jamais un fardeau. L'important est d'apprendre à aimer parce que in eo quod amatur, aut non laboratur, aut et labor amatur (Ibid.) : là où il y a de l'amour, tout est bonheur. Telle a été la grande miséricorde de Dieu : il m'a conduit comme un petit enfant, il m’a appris à aimer. Je n’étais qu’un adolescent lorsque le Seigneur a déposé dans mon cœur une graine brûlante d'amour, et cette semence est aujourd'hui, mes enfants, un arbre généreux et élancé qui protège de son ombre une légion d’âmes[15].

7 Notre fondateur a toujours réagi ainsi. L’habitude de se réfugier dans l’amour divin, que nous considérons maintenant, venait de loin : il la tenait de ses parents. Elle s'est ensuite renforcée durant sa préparation au sacerdoce, au séminaire de Logroño et à celui de Saint-Charles, à Saragosse, où une image du Cœur de Jésus enflammé d'amour et couronné d'épines le touchait particulièrement. Ensuite, durant la guerre civile espagnole, cette dévotion a pris une forme nouvelle comme il l’écrivit à la veille de la solennité du Sacré-Cœur :

Maintenant, mon Dieu, je me vois près de ta poitrine blessée, et je pense à tous mes enfants qui font partie de ce corps vivant qu’est ton Œuvre. En pensant à chacun, je considérerai ses qualités, ses vertus et ses défauts. Puis, en t’implorant, je les amènerai à toi l'un après l'autre : « Vas-y ! » Je les mettrai dans ton Cœur. Voilà ce que je vais faire avec chacun et aussi avecceux qui rejoindront notre famille surnaturelle plus tard, au fil des siècles, jusqu'à la fin du monde. Tous unis dans le Cœur du Christ, tous ne faisant qu'un par amour pour Lui, tous détachés des choses de la terre par la force de cet amour renforcé par la mortification. Nous voulons être comme les premiers chrétiens ; nous allons revivre leur esprit dans le monde. Commençons donc par rendre réelle au sein de l'Œuvre cette affirmation : Congregavit nos in unum Christi amor[16].

Au cours de la Sainte Messe, après la Consécration, saint Josémaria récitait en silence la prière à l'amour miséricordieux qu'il avait apprise dans sa jeunesse. Du cœur très aimable de Jésus jaillissait avec une force toujours plus grande sa paternité dans l'Opus Dei, qui s'étendait à ses filles et à ses fils de tous les temps. C'est également dans le Saint Sacrifice qu'il brûlait des désirs rédempteurs du Christ pour l'humanité entière. Ces considérations nous aideront à être confiants et optimistes dans les moments difficiles qui peuvent surgir dans l'histoire du monde ou dans notre existence personnelle. Dieu est celui de toujours : tout-puissant, infiniment sage, miséricordieux ; à chaque instant il sait tirer du mal, un bien ; et des déroutes, de grandes victoires pour ceux qui se réfugient en Lui.

8 Dans les années 70, alors qu'une grave crise de foi et de discipline causait des ravages dans les âmes, saint Josémaria reçut de nouvelles lumières du Ciel. Elles le confirmèrent dans sa confiance inébranlable en l'aide divine. Le 23 août 1971, alors qu’il venait de célébrer la Messe, le Seigneur grava dans son cœur des paroles qui figurent dans l'épître aux Hébreux, à un changement près : adeamus cum fiducia ad thronum gratiae, ut misericordiam consequamur (He 4, 16). Il communiqua aussitôt ce fait à ceux qui se trouvaient à ses côtés. Peu de temps après, dans l'intimité d'une réunion de famille, il s'en ouvrait à ses enfants de Rome :

Je vais vous dire quelque chose que Dieu notre Seigneur veux que vous sachiez. Nous, les enfants de Dieu dans l'Opus Dei – adeamus cum fiducia – allons avec une grande foi ad thronum gloriae vers le trône de la gloire, la Vierge très sainte, mère de Dieu et notre mère, que nous invoquons si souvent comme Sedes Sapientiae, ut misericordiam consequamur, pour obtenir la miséricorde […].

Allons donc, par le Cœur très doux de Marie, au Cœur très saint et miséricordieux de Jésus, et demandons-lui, par sa miséricorde, de manifester son pouvoir dans l'Église et de nous remplir de force pour poursuivre notre chemin et attirer à lui de nombreuses âmes[17].

Cette certitude l'incitait à rechercher sans cesse, dans la parole de Dieu, pour les méditer, les textes les plus en rapport avec cette « complaisance » et cette protection du Seigneur. C’est ainsi qu’un an plus tard, il fit de nouveau allusion à une découverte qui avait insufflé optimisme et confiance dans son âme, et qui l'avait aidé à surmonter la grande peine que lui causait son amour de l'Église.

Ces derniers temps, disait-il, je médite certains textes de la Sainte Écriture qui parlent de la miséricorde divine. Je sais bien que les exégètes donnent divers sens à ce mot. Ils entendent par miséricorde non seulement ce qu'indique le langage ordinaire, la compassion ou la piété, mais aussi une sorte de loyauté que Dieu a envers ses créatures.

Comme c'est beau ! Dieu notre Seigneur a une telle compassion pour les hommes – parce que sa miséricorde signifie également la compassion – que sa loyauté le pousse à être miséricordieux avec chacun de nous, à nous regarder avec un amour de père et de mère[18].

Il approfondissait toujours plus les paroles de la Sainte Écriture, qu’il méditait depuis sa jeunesse : Dieu a mis ses délices dans les enfants des hommes (cfr. Pr 8, 31). Voilà pourquoi il a avancé avec assurance, voilà pourquoi il a obéi à Dieu et a fondé l'Opus Dei. Alors qu'il ne comptait sur aucun moyen, cette « complaisance » de Dieu renforçait sa certitude que l'œuvre irait de l'avant.

Justice et miséricorde

9 Parmi les paraboles que le Maître utilise pour expliquer aux disciples les caractéristiques du royaume des Cieux, saint Luc – que l'un des grands poètes chrétiens a qualifié d'écrivain de la mansuétude du Christ[19] – consigne dans son Évangile trois enseignements qui visent à souligner explicitement la manière dont Dieu veille sur les hommes : la brebis perdue, la drachme perdue et l'enfant prodigue. Dans chacune d'elles, « Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde[20]. »

La bonté du Cœur de Jésus se manifeste particulièrement dans la parabole du père qui attend patiemment, des jours durant, le retour d’un fils ingrat à qui il pardonnera aussitôt. Saint Jean-Paul II l'a magnifiquement commentée dans l'encyclique Dives in misericordia, soulignant comment cet enseignement s'applique à chaque homme. « La parabole touche indirectement chaque rupture de l'alliance d'amour, chaque perte de la grâce, chaque péché […]. Le patrimoine reçu de son père consistait en biens matériels, mais plus importante que ces biens était sa dignité de fils dans la maison paternelle […], la conscience du caractère filial gâché[21]. »

Notre fondateur disait à propos de cette parabole : la Miséricorde que Dieu manifeste doit nous pousser à toujours revenir à lui. Mes enfants, mieux vaut ne pas s'éloigner de son côté, ne pas l'abandonner. Mais si d'aventure, par faiblesse, vous vous éloignez de Lui, revenez en courant. Il vous recevra toujours, comme le père du fils prodigue, avec un amour encore plus intense[22].

Bien que dans le texte original, remarque saint Jean Paul II, on n'utilise pas le mot « justice » ni « miséricorde », « le rapport de la justice avec l'amour, qui se manifeste comme miséricorde, s'y inscrit avec une grande précision. Il apparaît clairement que l'amour se transforme en miséricorde lorsqu'il faut dépasser la norme précise de la justice, précise et souvent trop stricte[23]. »

Saint Josémaria a découvert cette union pratique de la justice et de l'amour dans l'attitude des mères[24]. Pour lui, la justice de Dieu avait des entrailles de miséricorde[25]. Nous ne pouvons pas nous adresser au Seigneur en revendiquant nos droits, mais nous devons plutôt lui demander d'avoir miséricorde de nous, comme le dit un psaume : Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam (Ps 50, 2). Seigneur, aie compassion de moi selon ta grande miséricorde. N'allons pas à lui en exigeant quoi que ce soit pour des raisons de justice[26].

10 Il ne manque pas des personnes qui opposent la justice à la miséricorde. Le pape en convoquant ce jubilé, nous a prévenus de cette erreur : « Il ne s’agit pas de deux aspects contradictoires, mais de deux dimensions d’une unique réalité qui se développe progressivement jusqu’à atteindre son sommet dans la plénitude de l’amour […].

» En face d’une vision de la justice comme simple observance de la loi qui divise entre justes et pécheurs, Jésus indique le grand don de la miséricorde qui va à la recherche des pécheurs pour leur offrir le pardon et le salut. On comprend alors pourquoi Jésus fut rejeté par les pharisiens et les docteurs de la loi, à cause de sa vision libératrice et source de renouveau[27] ».

Avoir recours à la miséricorde divine

11 Comme je le disais, notre fondateur a médité, par une grâce spéciale de Dieu, les merveilles de la clémence divine que l’on trouve dans la Sainte Écriture. À propos du miracle de la résurrection du fils de la veuve de Naïm, il faisait remarquer que Notre Seigneur nous aime pour des raisons surnaturelles auxquelles, peut-être, nous serions restés insensibles. Saint Luc dit : misericordia motus super eam (Lc 7, 13), Jésus fut saisi de pitié, de miséricorde, pour cette femme, alors même que d’autres motifs, humainement raisonnables, existaient : elle était pauvre, veuve, et c’était son seul enfant[28].

Une foule nombreuse composait ce cortège funèbre, et plusieurs personnes entouraient Jésus ; mais lui seul pénètre la peine de cette mère et va à sa rencontre. N’est-il pas admirable de voir comment le divin Maître suit les impulsions de son Cœur miséricordieux, sans attendre que nous lui manifestions nos besoins ? Ce comportement à la fois divin et humain du Rédempteur doit nous engager à nous tourner vers Lui à tout moment. Vous et moi, disait notre fondateur, devons avoir recours à la miséricorde du Seigneur. Devant Dieu, nous n’avons aucun droit. En ce qui me concerne, je vois très clairement que je ne peux pas lui dire : Seigneur, je veux cela ! Et pourtant, je sais que je suis son fils. Je vais plutôt vers Lui avec des gémissements, rempli de contrition, et j’implore sa miséricorde[29]. Il en appelait à sa pitié.

Dans les dernières années de sa vie, saint Josémaria recourait avec une assiduité et une confiance encore plus grandes au pardon de Dieu. Aussi avait-il ajouté « et Misericors » à l’oraison jaculatoire qu’il avait adressée au Sacré-Cœur de Jésus en 1952, lorsqu’il Lui avait consacré l’Œuvre, ses apostolats, les besoins de l’Église et ceux de tous les hommes : Cor Iesu Sacratissimum et Misericors, dona nobis pacem ! Nuit et jour il implorait la protection du Ciel sur le monde, l’Église et les âmes.

Le principal fruit que nous demandons à Dieu en cette année de la miséricorde est bien le suivant : que la société suive à nouveau ses commandements, que les âmes se laissent brûler par le feu de l’amour de Dieu, et que renaissent partout dans l’Église une doctrine claire etune piété authentique. Je fais miennes les paroles du Pape : « Combien je désire que les années à venir soient comme imprégnées de miséricorde pour aller à la rencontre de chacun en lui offrant la bonté et la tendresse de Dieu ! Qu’à tous, croyants ou loin de la foi, puisse parvenir le baume de la miséricorde comme signe du Règne de Dieu déjà présent au milieu de nous[30]. »

Être miséricordieux comme l’est le Père céleste

12. L’Église est animée du désir constant d’offrir l’amour de Dieu à toutes les créatures, sans en excepter aucune. Cependant, comme l’observe le Pape François, « Peut-être avons-nous parfois oublié de montrer et de vivre le chemin de la miséricorde. D’une part, la tentation d’exiger toujours et seulement la justice a fait oublier qu’elle n’est qu’un premier pas, nécessaire et indispensable, mais l’Église doit aller au-delà pour atteindre un but plus haut et plus significatif »[31].

Il ne suffit pas de demander pardon à Dieu pour ses péchés et ceux de tous les hommes. À cette prière, indispensable, il faut unir les manifestations pratiques de miséricorde envers le prochain. Parce que si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère (1 Jn 4, 20-21).

Les œuvres de miséricorde, si régulièrement prêchées et pratiquées dans l’Église, sont un excellent moyen pour exprimer nos bonnes intentions par des actes. « Ce sont, nous dit le Catéchisme de l’Église Catholique, les actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et spirituelles[32]. » Les pratiquer avec assiduité est l’une des recommandations du Pape pour cette année. « La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples »[33].

Jésus l’a expliqué d’une manière limpide dans l’Évangile, à travers un critère très sûr : Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.

Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc 6, 31-36).

Les œuvres de miséricorde corporelles

13 La doctrine catholique a résumé ainsi les œuvres de miséricorde corporelles : « nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts. Parmi ces gestes, l’aumône faite aux pauvres est un des principaux témoignages de la charité fraternelle : elle est aussi une pratique de justice qui plaît à Dieu »[34]. En définitive, elles mettent toutes en pratique le mandatum novum (Jn 13, 34), le commandement nouveau de la charité que nous a donnéle Christ. Suivant cette recommandation du Sauveur, l’Église a toujours manifesté son amour de prédilection pour les pauvres, les malades, les laissés-pour-compte, les sans-abris… Elle a retenu ces paroles que le Seigneur prononcera au jugement final : Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 40). Et avec la parabole du bon Samaritain, Jésus indique que notre charité ne fait pas acception des personnes.

14 L’Opus Dei, partie vivante de l’Église, nous rappelle sans cesse la pratique des œuvres de miséricorde corporelles. Dès les premières années de l’Œuvre, notre fondateur rendait visites aux malades des hôpitaux de Madrid et s’occupait sans se ménager des miséreux et des pauvres « honteux », ceux qui cachaient leur dénuement sous le voile d’une vie apparemment normale. Et il a appris à ceux qui s’approchaient de lui à faire de même. Il a placé ces activités sous le patronage de Notre Dame, et c’est ainsi que sont nées les visites aux pauvres de la Vierge, que les fidèles de la Prélature continuent de faire partout où ils se trouvent. Et le samedi, le jour que l’Église consacre à Marie, on invite les jeunes à faire une aumône destinée à aider les nécessiteux. En aidant les pauvres, on honore Notre Dame et on exerce la charité[35]. Ces visites constituent un moyen de formation : en stimulant la générosité des jeunes, elles font grandir leur amour.

Sachant à quel point Dieu prend soin de ses créatures, notre fondateur souffrait de voir les biens de la terre répartis entre quelques-uns ; les biens de la culture enfermés dans les cénacles. Et au-dehors la faim de pain et de savoir, et les vies humaines, pourtant saintes, puisque elles viennent de Dieu, traitées comme de simples choses, comme des éléments d'un calcul statistique. Je comprends et je partage cette impatience qui me fait lever les yeux vers le Christ, ce Christ qui nous invite sans cesse à mettre en pratique ce commandement nouveau de l'amour […].

Il nous faut reconnaître dans nos frères les hommes le Christ, qui vient à notre rencontre. Nulle vie humaine ne peut être considérée isolément : elle est mêlée aux autres vies. Nul d’entre nous n'est un vers isolé ; nous faisons tous partie d'un même poème divin que Dieu écrit avec le concours de notre liberté[36].

Combien de jeunes et d’adultes, confrontés à la misère, ont vu en ces frères ou en ces sœurs le Christ pauvre ; et leur désir de servir en a été renforcé ! Le Seigneur, infiniment plus généreux, a comblé leurs âmes de grâces: Lui seul connaît les profondes conversions que beaucoup ont vécues ; les décisions de se donner entièrement à Dieu et à l’Église, qu’ont engendrées ces visites aux nécessiteux, aux personnes âgées, aux malades, aux prisonniers…

15 Avec l’expansion de l’Œuvre, les fidèles et les coopérateurs ont lancé de nouvelles formes de services matériels, selon les besoins du temps et les circonstances locales. À la campagne ou dans les périphéries des grandes villes ont surgi des écoles de qualification professionnelle ; des dispensaires et des hôpitaux ont également été créés dans des quartiers périphériques, destinés à des personnes sans ressources. Les activités d’assistance se sont multipliées, telles des ONG pour aider les pays en voie de développement, ou les banques alimentaires dans les pays considérés comme plus avancés, pour ne citer que quelques exemples. Lors d’une crise économique, comme c’est le cas actuellement, ces moyens permettent à beaucoup d’hommes et de femmes de subvenir à leurs besoins matériels et à ceux de leurs familles.

Je rends grâces à Dieu pour l’extension des initiatives de solidarité promues par des fidèles et coopérateurs de la Prélature. Mais nous ne pouvons pas en rester là. Avec la grâce de Dieu et l’aide de nombreuses personnes de bonne volonté, chrétiennes ou non, nous aspirons à ce que s’élargisse davantage encore le champ d’action de ces projets.

16 J’insiste : veillez tout particulièrement au soin des malades, où qu’ils soient : chez eux ou à l’hôpital, là où quelqu’un souffre dans son corps ou son esprit, et, bien sûr, dans les centres de l’Œuvre et les foyers des agrégés et des surnuméraires. Dans chaque malade est présent le Christ.

Au-delà soins médicaux que nous pouvons leur procurer, l’assistance spirituelle mérite une attention particulière. Que les prêtres facilitent la réception des sacrements de Réconciliation et de l’Eucharistie ; que l’exemple et le conseil des laïcs, si cela semble opportun, permette aux malades de maintenir un esprit de prière, c’est-à-dire de contemplation, d’action de grâces, de louange et de demande. L’expérience enseigne que la récitation du chapelet ou les autres expressions de piété chrétienne remplissent de joie, y compris dans la douleur. Les malades découvrent avec reconnaissance que, lorsqu’ils offrent à Dieu leur maladie, leurs souffrances, et les limitations qui les accompagnent, ils suppléent dans leur chair ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, pour son corps qui est l’Église (Col 1, 24), comme l’écrit saint Paul pour indiquer la valeur salvifique de la souffrance[37].

Si leur état s’aggrave, mettons tout notre cœur pour qu’ils reçoivent l’Onction des malades avec le plus grand fruit possible. L’Église enseigne que ce sacrement de la miséricorde possède la vertu de pardonner les péchés et, si cela convient à l’âme, de contribuer à une amélioration de l’état de santé, voire à la guérison[38]. La tradition multiséculaire de l’Église démontre que ce sacrement confère grande paix et sérénité à ceux qui le reçoivent avec de bonnes dispositions, sans attendre les ultimes instants de leur vie. Voilà une bonne catéchèse à accomplir auprès des familles, qui – par ignorance ou par une fausse peur d’inquiéter le malade – ne se tournent vers le prêtre ou ne demandent son assistance que lorsque la personne aimée est devenue inconsciente.

17 Au fil du temps, certaines œuvres de miséricorde corporelles ont changé d’énoncé ou d’application. L’aide aux pèlerins se traduit maintenant par « donner un toit à celui qui n’en a pas ». De nos jours, cela suppose d’aider les migrants qui ont abandonné leur pays à la recherche d’un travail, de meilleures conditions de vie, etc. Aucun disciple du Maître ne saurait se dispenser de s’occuper de ces hommes, de ces femmes, ou parfois de familles entières. Je pense particulièrement aux chrétiens qui sont persécutés pour des motifs religieux, et dont l’exil doit aviver en nous la conscience de la Communion des saints.

Le Pape François a lancé un appel pressant aux autorités, et à tous les hommes de bonne volonté, pour qu’ils cherchent des remèdes concrets à ce besoin. Dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, il nous disait : « Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées, etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous »[39]. Très récemment, comme préparation immédiate à l’Année de la miséricorde, il a réitéré cette demande urgente[40].

Faisons écho à ces exhortations du Saint Père, et faisons en sorte que nos proches, nos amis et nos connaissances, les aient très présentes à l’esprit, selon les circonstances et les possibilités de chacun. En plus de prier, qu’ils se demandent comment être partie prenante. Ils peuvent mobiliser l’opinion publique devant descas d’urgence, ou fournir un logement, un travail, une aide financière, etc. Un bon moyen de seconder cette intention consiste aussi, en faisant preuve de responsabilité, à se sentir concerné par les initiatives des diocèses et des paroisses. C’est en effetà elles que le Souverain Pontife a spécialement confié cette tâche. Je sais que nombre d’entre vous, ainsi que des coopérateurs et amis, participent déjà àdes actions au service des migrants. Je vous en suis reconnaissant au nom du Seigneur : le bien que nous faisons à ces frères et à ces sœurs, c’est auChrist que nous le faisons.

Les œuvres de miséricorde spirituelles

18 Saint Josémaria nous confiait : je n’hésite pas à dire que, lorsque les conditions de vie de la société paraissent avoir chassé la misère, la pauvreté ou la douleur, c’est précisément alors qu’il est urgent d’affiner la charité chrétienne : c’est elle qui sait deviner qui, au milieu d’un apparent bien-être général, a besoin de réconfort[41].

Pensons que les gestes d’amour envers le prochain ne se limitent pas à une aide matérielle, pour importante qu’elle soit. Le Souverain Pontife déplore que « la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle »[42]. L’Église s’est caractérisée tout au long de son histoire par la promotion des œuvres de miséricorde spirituelles, si présentes et toujours actuelles : « conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts »[43].

Qu’elle est délicate, cette charité spirituelle ! Et combien elle est indispensable de nos jours, où tant de personnes souffrent de la solitude, de l’incompréhension, de persécutions, de médisances et de calomnies. Pensons aussi à ceux qui se débattent dans le doute, sans connaître le chemin qui conduit au Ciel ! En effet la généralisation des aides sociales contre les fléaux de la souffrance ou de l’indigence a permis d’obtenir des résultats humanitaires, impensables en d’autres époques. Cependant, tout cela ne pourra jamais remplacer – car ces aides sociales se situent sur un autre plan – la tendresse efficace, humaine et surnaturelle, du contact immédiat avec le prochain : avec ce pauvre d’un quartier voisin, avec cet autre, malade, qui souffre dans un hôpital immense, ou de cette autre personne – riche, peut-être – qui a besoin d’un moment de conversation affectueuse, d’une amitié chrétienne pour sa solitude, ou d’un soutien spirituel qui répond à ses doutes et à son scepticisme[44].

Souvenons-nous de l’histoire de cette mendiante à qui saint Josémaria ne put offrir que son attention spirituelle et son affection sacerdotale. En retour, cette femme décida d’offrir sa vie pour l’Œuvre. Il la retrouva plus tard dans un hôpital, et apprenant l’offrande d’elle-même qu’elle avait faite au Seigneur, il l’a qualifiée de première vocation de ses futures filles.

19 Il existe beaucoup d’actions de solidarité ou de fraternité chrétienne, je ne m’arrêterai cependant que sur trois d’entre elles : apprendre à l’ignorant, donner un conseil à celui qui en a besoin, et pardonner les offenses. Ce sont des preuves d’une charité attentive qu’il faut exercer envers tous, mais spécialement envers ceux qui nous sont plus proches : membres de notre famille, amis et collègues de travail, connaissances…

Apprendre les vérités de notre foi à celui qui ne les connaît pas constitue une manifestation de miséricorde de première importance. Notre fondateur résumait cela en peu de mots : donner la doctrine, telle est notre grande mission. Il soulignait souvent que le grand ennemi de Dieu et des âmes est l’ignorance religieuse, et il affirmait que l’apostolat de l’Opus Dei est une grande catéchèse qui met le message salvifique de l’Église à la portée de tous, et qui apprend à le pratiquer. Il faut t’en convaincre : ton apostolat consiste à répandre la bonté, la lumière, l’enthousiasme, la générosité, l’esprit de sacrifice, la constance dans le travail, la profondeur dans l’étude, la magnanimité dans le don de soi ; et à te tenir à jour, à obéir absolument, joyeusement à l’Église, à vivre une charité parfaite…[45]. Proposer une formation doctrinale, spirituelle et apostolique aux personnes que nous fréquentons demande des efforts généreux. Quelle joie lorsque la vérité de l’Évangile illumine les divers domaines de notre activité professionnelle, sociale et culturelle !

En cette Année de la miséricorde, tâchons d’intensifier nos efforts afin que beaucoup d’âmes s’approchent de la chaleur de l’Église, Épouse de Jésus-Christ et notre Mère. Nous y arriverons, avec l’aide de Dieu, si chacune et chacun s’efforce personnellement d’approcher davantage d’amis, de collègues et de connaissances des moyens de formation.

20 Il y a également de très nombreuses façons de donner un bon conseil à celui qui en a besoin. La première est le témoignage de notre conduite. C’est ce qu’a fait le Christ en passant sur terre, comme l’a si fréquemment répété saint Josémaria. Il aimait s’arrêter sur l’exemple des premiers mots des Actes des Apôtres : Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença (Ac 1, 1). Juste après le témoignage de notre conduite vient le moment de parler, sans blesser. C’est l’apostolat d’amitié et de confidence, sur lequel notre fondateur a tant insisté : une parole claire et pleine d’affection, dite à l’oreille de nos proches.

La cohérence entre ce que l’on fait et ce que l’on dit est d’une incroyable fécondité. Notre conseil pourra prendre la forme d’une correction fraternelle, telle que l’enseigne l’Évangile (Cf. Mt 18, 15-17) : c’est une œuvre de miséricorde noble, courageuse et féconde, qui naît de la charité, de l’intérêt pour celle ou celui que l’on aime.

« En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres – disait Benoît XVI à ce sujet – mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en était pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où l’on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime [...]. Il est important de récupérer cette dimension de la charité chrétienne[46]. » Et il ajoutait : « Il ne faut pas se taire face au mal. Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien[47]. »

Soyons reconnaissants à saint Josémaria, qui a insisté sur l’efficacité de cette pratique évangélique : c’est un moyen excellent, habituel et bon d’aider son prochain, qui naît de la charité et il doit s’exercer avec une profonde humilité et une prudence surnaturelle.

Car « le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animé par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère. L’apôtre Paul affirme : “Dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien, toi aussi être tenté” (Ga 6, 1).

» Dans notre monde imprégné d’individualisme – poursuivait Benoît XVI – il est nécessaire de redécouvrir l’importance de la correction fraternelle, pour marcher ensemble vers la sainteté[48]. »

21 Pardonner les offenses représente une autre manière merveilleuse d’exercer la charité. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous (Lc 6, 37-38). Méditons la parabole de cet homme qui refusa de remettre à son compagnon une toute petite dette, alors que son maître venait de lui remettre une somme énorme. Et quelle fut la réponse du maître ? Serviteur mauvais ! Je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur (Mt 18, 32-35).

Pardonner les offenses est un indice clair que nous sommes des enfants de Dieu et que nous nous comportons comme tels. Effaçons donc de notre souvenir les offenses que l’on nous a faites, les humiliations dont nous avons souffert, aussi injustes, impolies et grossières qu’elles aient été, parce qu’il n’est pas digne d’un fils de Dieu de tenir un registre pour présenter ses doléances. Nous ne pouvons oublier l’exemple du Christ[49]. Saint Luc, dans le récit de la Passion du Seigneur, écrit : lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit “le Crâne” (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23, 33-34).

À l’évidence cette manière d’agir n’est pas facile, mais la grâce de Dieu la rend possible, comme le montre la conduite de tant de chrétiens, depuis les débuts de l’histoire de l’Église jusqu’à nos jours. Ils ont su non seulement être cléments, mais aussi aimer sincèrement leurs persécuteurs. Dans ce même esprit, saint Josémaria prit la décision ferme et permanente de pardonner toujours et en tout moment, ce qu’il a confirmé par l’exemple et la parole.

Ne point haïr notre ennemi, ne point rendre le mal pour le mal, renoncer à la vengeance, pardonner sans rancune, était alors considéré — et, ne nous y trompons pas, de nos jours encore — comme une conduite insolite, trop héroïque, hors du commun. La mesquinerie des créatures en arrive à ce point ! Jésus-Christ, qui est venu sauver tous les hommes et qui désire associer les chrétiens à son œuvre rédemptrice, a voulu apprendre à ses disciples, à toi et à moi aussi, une charité grande, sincère, plus noble et de plus haute valeur : nous devons nous aimer les uns les autres, comme le Christ lui-même nous aime chacun de nous. Ce n’est qu’ainsi, en imitant les manières divines avec la maladresse qui nous est propre, que nous réussirons à ouvrir notre cœur à tous les hommes, à aimer d’une façon plus élevée, entièrement nouvelle[50].

Nous serons jugés sur la base de nos œuvres de miséricorde : « Aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt 25, 31-45). De même, il nous sera demandé si nous avons aidé à sortir du doute qui engendre la peur, et bien souvent la solitude ; si nous avons été capable de vaincre l’ignorance dans laquelle vivent des millions de personnes, surtout des enfants privés de l’aide nécessaire pour échapper à la pauvreté, si nous avons été proches de celui qui est seul et affligé ; si nous avons pardonné à celui qui nous offense, si nous avons rejeté toute forme de rancœur et de haine qui porte à la violence, si nous avons été patients à l’image de Dieu qui est si patient envers nous ; si enfin nous avons confié au Seigneur, dans la prière, nos frères et sœurs. C’est dans chacun de ces “plus petits” que le Christ est présent. Sa chair devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé, flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché et assisté avec soin. N’oublions pas les paroles de Saint Jean de la Croix : “Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour” »[51].

Apostolat de la confession

22 Une autre œuvre de miséricorde spirituelle, spécialement importante, consiste à aider les gens à recouvrer l’amitié avec Dieu, perdue par le péché. Saint Josémaria a beaucoup insisté sur l’apostolat de la confession, ainsi que le bienheureux Alvaro del Portillo ! Je vous en ai souvent parlé, moi aussi, car il n’est pas possible de progresser dans la connaissance et l’amour de Jésus-Christ sans recourir fréquemment au sacrement de la Pénitence.

Le Pape s’y réfère souvent. Dans la bulle de convocation au jubilé, il écrit : « Avec conviction, remettons au centre le sacrement de la Réconciliation, puisqu’il donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde. Pour chaque pénitent, ce sera une source d’une véritable paix intérieure[52]. »

Méditons aussi le conseil que notre fondateur, du tréfonds de son âme, donnait à ses fils prêtres, mais qui peut s’appliquer à tous les prêtres : la passion dominante des prêtres de l’Opus Dei […] est de faire connaître la bonne doctrine, de diriger les âmes : prêcher et confesser. C’est là que vous devez vous dépenser, sans crainte de vous épuiser, sans que les contrariétés vous inquiètent : qui seminant in lacrimis, in exsultatione metent (Ps. CXXV, 5) ; ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans la joie. La mission des laïcs, de mes filles et de mes fils, c’est de remplir de travail – et donc de joie –leurs frères prêtres, en approchant beaucoup de personnes de leur ministère[53].

23 Les confesseurs représentent en eux-mêmes « un véritable signe de la miséricordedu Père », écrit le Pape. « On ne s’improvise pas confesseur. On le devient en se faisant d’abord pénitent en quête de pardon. N’oublions jamais qu’être confesseur, c’est participer à la mission de Jésus d’être signe concret de la continuité d’un amour divin qui pardonne et qui sauve (…).

Nul d’entre nous n’est maître du sacrement, mais un serviteur fidèle du pardon de Dieu. Chaque confesseur doit accueillir les fidèles comme le père de la parabole du fils prodigue : un père qui court à la rencontre du fils bien que celui-ci ait dissipé tous ses biens. Les confesseurs sont appelés à serrer sur eux ce fils repentant qui revient à la maison, et à exprimer la joie de l’avoir retrouvé. Ils ne se lasseront pas non plus d’aller vers l’autre fils resté dehors et incapable de se réjouir, pour lui faire comprendre que son jugement est sévère et injuste, et n’a pas de sens face à la miséricorde du Père qui n’a pas de limite[54]. »

Mes filles et mes fils, demandons au Seigneur qu’il fasse de nous des instruments fidèles de sa miséricorde : que les prêtres consacrent de nombreuses heures – toutes cellesdont ils disposeront – à pardonner au nom de Dieu ; et que les laïcs, grâce à leur charité sincère et désintéressée, soient animés d’un désir constant d’aider leurs amis et connaissances en préparant leurs âmes à tirer beaucoup de fruit de ce sacrement de la joie et de la paix.

24 Je ne veux pas m’étendre davantage. Je vous recommande de lire et de méditer à fond la bulle Misericordiae vultus, et d’en tirer vos propres conclusions. Il y est également question de faire un pèlerinage pour obtenir l’indulgence, octroyée par l’Église, et de favoriser ainsi en abondance, dans les prochains mois, une dévotion tendre et filiale envers notre Mère, la Très Sainte Vierge. « Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour »[55].

Avec toute mon affection je vous bénis,

+Xavier

Rome, le 4 novembre 2015


[1] Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, n°40

[2] Cfr. Pape François, encyclique Laudato Si’, 24 mai 2015, n°77

[3] Prières de l’Opus Dei, Oraison

[4] Pape François, bulle Misericordiæ vultus, 11 avril 2015, n°2

[5] Saint Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, 30 septembre 1980, n°1

[6] Pape François, bulle Misericordiæ vultus, 11 avril 2015, n°5

[7] Saint Josémaria, Lettre du 24 mars 1930, n°1,

[8] Pape François, bulle Misericordiæ vultus, 11 avril 2015, n°7

[9] Saint Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, 30 septembre 1980, n°8

[10] Bienheureux Paul VI, Discours à l’audience générale, 14 avril 1976

[11] Saint Josémaria, Lettre 25 janvier 1961, n°1

[12] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une méditation, 11 avril 1952

[13] Ibid.

[14] Pape François, exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 24 novembre 2013, n°279

[15] Saint Josémaria, Lettre 25 janvier 1961, n°3

[16] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une méditation, 4 juin 1937

[17] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une réunion de famille, 9 septembre 1971

[18] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une réunion de famille, 14 juin 1972

[19] Cfr. Dante Alighieri, Monarchia, 1

[20] Pape François, bulle Misericordiæ vultus, 11 avril 2015, n°9

[21] Saint Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, 30 septembre 1980, n°5

[22] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une réunion de famille, 27 mars 1972

[23] Saint Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, 30 septembre 1980, n°5

[24] Cfr. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n°173

[25] Saint Josémaria, Chemin, n°309

[26] Saint Josémaria, notes prises au cours d’une réunion de famille, 11 septembre 1971

[27] Pape François, bulle Misericordiæ vultus, 11 avril 2015, n°20

[28] Saint Josémaria, Notes prises au cours d'une réunion, 25 septembre 1971.

[29] Ibid.

[30] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 5.

[31] Ibid., n° 10.

[32] Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2447.

[33] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 15.

[34] Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2447.

[35] Saint Josémaria, Instruction, 9 janvier 1935, n° 196.

[36] Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 111.

[37] Cf. Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique Salvifici doloris, 11 février 1984.

[38] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1520.

[39] Pape François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, n° 210.

[40] Cf. Pape François, Allocution lors de l’Angélus, 6 septembre 2015

[41] Saint Josémaria, Lettre, 24 octobre 1942, n° 44.

[42] Pape François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, n° 200.

[43] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 15.

[44] Saint Josémaria, Lettre, 24 octobre 1942, n° 44.

[45] Saint Josémaria, Sillon, n° 927.

[46] Benoît XVI, Message pour le carême 2012, 3 novembre 2011, n° 1.

[47] Ibid.

[48] Ibid.

[49] Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 309.

[50] Ibid., n° 225.

[51] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 15. La citation de saint Jean de la Croix est tirée de Les Dits de lumière et d'amour, 57.

[52] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 17.

[53] Saint Josémaria, Lettre, 8 août 1956, n° 35.

[54] Pape François, Bulle Miséricordiae Vultus, 11 avril 2015, n° 17.

[55] Ibid., n° 24.