Voyant cette foule, Jésus gravit la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Et, prenant la parole, il se mit à les instruire : « Bienheureux les pauvres en esprit… » (Mt 5, 1-3).
Nous citons ci-dessous des enseignements de saint Josémaria Escriva sur les béatitudes. Bien évidemment, sa prédication se nourrissait des paroles de Jésus-Christ, dont ce sermon sur la montagne est une partie principale. Il cherchait à aider les âmes à rendre la parole de Dieu agissante, à la transformer en résolutions, à la rendre vivante. Les béatitudes devenaient, dans son enseignement, un programme qui pouvait être immédiatement mis en pratique. Les textes qui suivent sont extraits de différents ouvrages.
Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.
« Si tu veux atteindre cet esprit, je te conseille d’être parcimonieux vis-à-vis de toi-même et très généreux envers les autres ; évite les dépenses superflues, par luxe, caprice, vanité, commodité... ; ne te crée pas de besoins. En un mot, apprends avec saint Paul à savoir te priver et être à l’aise. En tout temps et de toutes manières, je me suis initié à la satiété comme à la faim, à l’abondance comme au dénuement. Je puis tout en celui qui me rend fort. Et comme l’Apôtre, nous sortirons ainsi vainqueurs de la lutte spirituelle pour peu que nous maintenions notre cœur détaché, libre de toute entrave.»
Amis de Dieu, 123
Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
« Tu te sens comblé d’une joie intérieure et d’une paix que tu n’échangerais pour rien au monde. Oui, Dieu est là : rien n’est meilleur que de Lui dire tes chagrins, afin qu’ils ne soient plus des chagrins. »
Forge, 54
Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre.
« Il m’a fait réfléchir ce mot dur, mais vrai, de cet homme de Dieu, qui contemplait l’attitude hautaine de telle créature : « Il s’habille de la même peau que le diable, d’orgueil. »
« Et, par contraste, un désir sincère a surgi dans mon cœur, celui de me revêtir de la vertu que Jésus a prêchée, quia mitis sum et humilis corde — je suis doux et humble de cœur — ; celle qui a attiré le regard de la Très Sainte Trinité sur la Mère de Jésus et notre Mère : l’humilité, savoir, être convaincus que nous ne sommes rien.»
Sillon, 726
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés.
« Gravons bien ceci dans notre âme et conformons-y notre conduite : nous devons vivre la justice, d’abord envers Dieu. Voilà la pierre de touche de la vraie faim et la vraie soif de justice, qui la distingue des clameurs des envieux, des aigris, des égoïstes et des avaricieux... Car refuser à notre Créateur et Rédempteur la reconnaissance pour les biens abondants et ineffables qu’il nous accorde est la plus effroyable et la plus ingrate des injustices. Mais si vous vous efforcez vraiment d’être justes, vous aurez souvent présente à l’esprit votre dépendance à l’égard de Dieu, car qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Vous vous remplirez alors de reconnaissance, et du désir de répondre à ce Père qui nous aime jusqu’à la folie. »
Amis de Dieu, 167
Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
« Jésus résume et définit toute cette histoire de la miséricorde divine : Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. En une autre occasion, il dit : Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux. Bien d’autres scènes de l’Évangile restent gravées dans notre mémoire, notamment la clémence à l’égard de la femme adultère, la parabole du fils prodigue, celles de la brebis perdue et du débiteur pardonné, la résurrection du fils de la veuve de Naïm. […] Quel sentiment de sécurité doit produire en nous la compassion du Seigneur ! »
Quand le Christ passe, 7
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.
« Par vocation divine, certains auront à vivre cette pureté dans le mariage, d’autres en renonçant à l’amour humain pour répondre uniquement et passionnément à l’amour de Dieu. Ni les uns ni les autres ne sont les esclaves de la sensualité ; ils règnent en maîtres sur leur corps et sur leur cœur, afin de pouvoir les donner aux autres en se sacrifiant pour eux.
« […] La sainte pureté n’est ni la seule, ni la principale vertu chrétienne : elle nous est, cependant, indispensable pour persévérer dans notre effort quotidien de sanctification ; et, si nous ne la conservons pas, l’engagement apostolique est impossible. La pureté est la conséquence de l’amour avec lequel nous avons fait don au Seigneur de notre âme et de notre corps, de nos facultés et de nos sens. Elle n’est pas une négation, mais une affirmation joyeuse.»
Ibid., 5
Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu.
« Une tâche du chrétien : noyer le mal dans l’abondance du bien. Il ne s’agit pas de faire des campagnes négatives, ni d’être anti quoi que ce soit. Bien au contraire : il s’agit de vivre d’affirmations, en étant remplis d’optimisme, de jeunesse, de joie et de paix ; de se montrer compréhensif envers tous, envers ceux suivent le Christ et ceux qui l’abandonnent ou ne le connaissent pas.
« — Mais la compréhension n’est pas de l’abstentionnisme, ni de l’indifférence, c’est une attitude active. »
Sillon, 864
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume de Dieu est à eux.
« Le mépris et la persécution sont des preuves bénies de la prédilection divine, mais il n’est témoignage, ni signe de prédilection plus beau que celui-ci : passer inaperçu »
Chemin, 959
Bienheureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi ! Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense sera grande dans les cieux.
« Devant les accusations que nous considérons comme injustes, examinons notre conduite, devant Dieu, cum gaudio et pace — avec une sérénité joyeuse — et apportons la mise au point nécessaire, bien qu’il s’agisse d’affaires innocentes, si la charité nous y invite. — Luttons pour être saints, chaque jour davantage. Et ensuite, que l’on raconte ce qu’on voudra, pour autant qu’à ces racontars on puisse appliquer cette béatitude : beati estis cum... dixerint omne malum adversus vos mentientes propter me — bienheureux serez-vous quand on vous calomniera à cause de moi.»
Forge, 795