Le choix des Apôtres

En ces jours-là, Jésus se retira sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand il fit jour, il appela ses disciples, et choisit douze d’entre eux, qu’il nomma apôtres

En ces jours-là, Jésus se retira sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand il fit jour, il appela ses disciples, et choisit douze d’entre eux, qu’il nomma apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, et André son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy, Matthieu et Thomas, Jacques fils d’Alphée, et Simon appelé le zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint traître (Lc 6, 12-16).

Cela me stimule de considérer un fait que l’Évangile raconte en détail : la vocation des douze premiers apôtres. Nous allons la méditer lentement, en demandant à ces saints témoins du Seigneur de nous apprendre à suivre le Christ comme ils ont su le faire.

Ces premiers apôtres — j’ai pour eux une grande dévotion et une grande affection — étaient bien peu de chose, à en juger selon des critères humains. Leur condition sociale, à l’exception de Matthieu qui, certainement, gagnait bien sa vie et abandonna tout quand Jésus le lui demanda, était celle de pêcheurs : ils vivaient au jour le jour, en peinant la nuit pour assurer leur subsistance.

Mais peu importe leur condition sociale. Ils n’étaient ni cultivés, ni même très intelligents, du moins pour ce qui est des réalités surnaturelles. Ils ne comprenaient même pas les exemples et les comparaisons les plus simples, et ils avaient recours au maître : Domine, edissere nobis parabolam, Seigneur explique-nous la parabole. Lorsque Jésus, s’aidant d’une image, faisait allusion au ferment des pharisiens, ils croyaient qu’il les réprimandait pour n’avoir pas acheté de pain !

Quoique pauvres et ignorants, ils n’étaient ni simples ni dépourvus de présomption. Ils étaient ambitieux, autant que leurs limites le leur permettaient. Il leur arrivait souvent de discuter pour savoir qui serait le plus grand lorsque, conformément à leur optique, le Christ aurait instauré définitivement sur terre le royaume d’Israël. Dans l’intimité du Cénacle, ils se disputaient et s’échauffaient en ce moment sublime, où Jésus allait s’immoler pour l’humanité.

Leur foi ? Elle était plutôt faible ! C’est Jésus lui-même qui le dit. Ils l’ont vu ressusciter des morts, guérir toutes sortes de maladies, multiplier des pains et des poissons, calmer des tempêtes et chasser des démons. Pourtant, saint Pierre, choisi pour être la tête, est le seul à savoir répondre avec promptitude : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Mais c’était une foi qu’il interprétait à sa manière ; c’est pourquoi il se permet de s’opposer à Jésus, pour qu’il ne s’offre pas en Rédemption pour les hommes. Et Jésus doit lui répondre : Passe derrière moi, satan : tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! […]

Ces hommes de peu de foi se distinguaient-ils par leur amour du Christ ? Sans aucun doute, ils l’aimaient, au moins en paroles. Parfois ils se laissaient emporter par l’enthousiasme : Allons et mourons avec lui. Mais, à l’heure de la vérité, ils s’enfuirent tous, sauf Jean, qui l’aimait véritablement et savait le prouver. Seul cet adolescent, le plus jeune des apôtres, reste à côté de la Croix. Les autres n’ont pas ressenti cet amour fort comme la mort.

Et c’étaient eux les disciples élus par le Seigneur ! C’est ainsi que le Christ les avait choisis ; voilà comme ils apparaissaient avant de se transformer en colonnes de l’Église, une fois remplis de l’Esprit Saint. Des hommes ordinaires, avec leurs défauts, leurs faiblesses, plus prodigues de paroles que d’actes. Et pourtant, Jésus les a appelés pour en faire des pêcheurs d’hommes, des corédempteurs, des dispensateurs de la grâce de Dieu. « C’est un peu ce qui s’est passé pour nous.

Quand le Christ passe, 2.