Garder nos racines bien vivantes

Connaître et conserver son histoire et ses racines culturelles et religieuses, une passion pour Jacques et pour Marie. Petit tour guidé par ces deux passionnés…

Du moins dans ce coin du pays, notre époque est marquée par le désir bien justifié de connaître sa généalogie, ses racines familiales et par l’intérêt de protéger et de conserver le patrimoine historique, culturel et religieux. Parmi nos bijoux d’architecture figurent nos églises dont plusieurs datent des premiers temps de la colonie française. C’est ce que Jacques et Marie tentent de mettre en valeur en tant que guides d’églises historiques du Québec.

Tous deux s’avouent captivés par l’architecture religieuse et l’histoire de leurs paroisses. Comme guides, ils font connaître le passé et le présent de l’église qui abrite dans leur région respective de précieux souvenirs à garder vivants, en accueillant touristes et gens du pays pour une visite guidée.

Une paroisse de la colonie française

Professeur universitaire à la retraite, Jacques appartient à la deuxième plus ancienne paroisse de la colonie de la Nouvelle-France : la Paroisse Sainte-Famille, du village du même nom fondé en 1661 sur l’Île d’Orléans près de Québec. L’église, construite entre 1743 et 1747, a été classée immeuble patrimonial en 1980 en tant que témoin privilégié de l’architecture religieuse du Régime français.

« Cette église est un joyau, précise le guide. C’est une des rares à ne pas avoir passé au feu depuis 1759 et probablement l’un des premiers gros bâtiments d’importance construits par des artisans nés au Québec, descendants des premiers colons. L’atmosphère y est extraordinaire. »Ses trois clochers, ses sculptures en niches et ses riches œuvres d’art, tout comme son histoire, fascinent les visiteurs.

L'église de la Paroisse Sainte-Famille de l’Île d’Orléans (Photo: Denise Morneau)
L'église de la Paroisse Sainte-Famille de l’Île d’Orléans (Photo: Denise Morneau)

Ces visites procurent aussi une opportunité de proposer des réflexions pastorales, de rappeler des éléments de base de notre foi catholique. Elles apportent parfois un réconfort aux guides. « Depuis trois ou quatre ans, ajoute Jacques, nous collaborons avec l’Université Laval de Québec pour répondre à l’intérêt manifeste des jeunes pour le patrimoine religieux. Dans le cadre d’une Université d’été, nous recevons la visite d’étudiants français. C’est réconfortant de constater leur soif de savoir. »

Jacques poursuit avec l’anecdote de trois jeunes adultes américains venus de Floride et dont les parents souhaitaient reposer dans le cimetière paroissial de Sainte-Famille. « Quelques années auparavant, raconte le guide, leur père était venu à l’Île à la recherche de ses ancêtres et avait acheté un lot. Les trois enfants, à la suite d’une messe commémorative, sont allés assister à l’enterrement des cendres de leurs parents, tel qu’ils l’avaient souhaité. C’était émouvant. »

Occasion en or

De son côté, Marie a toujours été passionnée d’histoire, une passion qui l’a amenée à s’impliquer dans les visites guidées de la co-cathédrale St-Antoine-de-Padoue à Longueuil (Québec). Sa crypte, son musée et son cimetière attirent des visiteurs de nombreux horizons : Afrique, Europe, Californie, etc. Des aînés jusqu’aux enfants du primaire.

Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, Longueuil, Montérégie, Québec, Canada
Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, Longueuil, Montérégie, Québec, Canada

Deux visites sont souvent requises pour tout voir : une pour l’église, l’autre pour le musée. Une belle occasion de catéchiser et d’évangéliser.
« À Noël 2020, nous avons organisé des Portes ouvertes pour permettre aux gens de visiter la crèche, explique Marie. J’étais tout à côté à donner des explications. J’en ai profité pour parler de l’Année de saint Joseph annoncée par le pape François. On sentait de l’ouverture chez les visiteurs. Nous ne sommes pas guides pour donner une leçon formelle sur la foi ni pour « vendre » un produit, aussi formidable qu’il puisse être, mais pour fournir, bien sûr, des explications adéquates et justes. Je me souviens à cet effet, de ces étudiants du cégep qui s’interrogeaient en longeant les confessionnaux : très belle occasion de leur présenter en toute simplicité et naturel le sacrement de la réconciliation. »

Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, Longueuil, Montérégie, Québec, Canada
Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, Longueuil, Montérégie, Québec, Canada

Perpétuer l’héritage

Cette église de Longueuil recèle un autre trésor… Une chapelle où se trouve le tombeau de la bienheureuse Mère Marie-Rose, née au Canada en 1811, fondatrice des Sœurs Jésus-Marie. « Je me fais un devoir, commente Marie, de parler de tout le bien accompli par les communautés religieuses au Québec, bien consciente des critiques ou de réserves qui planent sur le passé. Je me fais une joie de reconstruire les ponts entre la génération actuelle et celle de nos grands- parents en quête d’une information juste et vraie sur l’héritage reçu de cette communauté et de tant d’autres. Des occasions privilégiées de mettre en valeur les efforts généreux de combien de bâtisseurs de notre peuple. Des occasions et d’en faire part au public. Un simple et sincère merci. Un moyen de transmettre de garder vivantes nos racines et notre histoire.

Les photos de la Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue sont de Tango7174, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons