Famille et profession: Partage des tâches

Vivre au présent Des préoccupations ?… Moi, t’ai-je dit, je n’ai pas de préoccupations, car j’ai beaucoup d’occupations

L'égalité essentielle entre l'homme et la femme demande précisément que l'on saisisse à la fois le rôle complémentaire de l'un et de l'autre dans l'édification de l'Église et dans le progrès de la société civile : ce n'est pas en vain que Dieu les créa homme et femme. Cette diversité doit être comprise, non pas dans un sens patriarcal, mais dans toute sa profondeur, si riche de nuances et de conséquences, et qui délivre l'homme de la tentation de masculiniser l'Église et la société, et la femme de celle de concevoir sa mission, dans le Peuple de Dieu et dans le monde, comme une simple revendication de tâches que seul l'homme réalisait jusqu'à présent, et qu'elle peut tout aussi bien remplir. L'homme et la femme doivent donc, me semble-t-il, se sentir, autant l'un que l'autre, protagonistes de l'histoire du salut, mais l'un et l'autre de façon complémentaire.

Entretiens, 14

Priorité de la famille

Tout d’abord, je pense qu’il ne faut pas opposer les deux domaines dont vous venez de parler. De même que dans la vie de l'homme, mais avec des nuances très particulières, la famille et le foyer occuperont toujours une place centrale dans la vie de la femme; se consacrer aux tâches familiales est, bien évidemment, une grande mission humaine et chrétienne. Toutefois, cela n'exclut pas la possibilité de se livrer à d'autres activités professionnelles — celle du foyer en est une également — dans les divers métiers et emplois dignes qui existent dans la société où l'on vit. On comprend, bien sûr, ce que vous voulez exprimer en posant le problème de cette façon-là; mais je pense qu'insister sur l’opposition systématique, en ne changeant que la nuance, aboutirait facilement, du point de vue social, à une erreur pire que celle qu'on cherche à corriger. En effet, ce serait grave que la femme se débarrasse du souci des siens.

Entretiens, 87

Tiraillement intérieur face aux multiples occupations

Ce sentiment, très réel, plutôt que des limites effectives, qui sont le lot de tout être humain, est fréquemment, issu d'un manque d'idéaux précis, susceptibles d'orienter toute une vie, ou bien d'un orgueil inconscient : quelquefois nous souhaiterions être les meilleurs, à tous égards et à tous les niveaux. Et comme cela n'est pas possible, il s'ensuit un état de désorientation et d'anxiété, voire de découragement et d'ennui : on ne peut pas s'occuper de tout, on ne sait plus où donner de la tête et on ne s'occupe efficacement de rien. Dans cette situation, l'âme est exposée à la jalousie, l'imagination se débride facilement, se réfugie dans la rêverie qui éloigne de la réalité, et finit par engourdir la volonté. C'est ce que bien souvent j'ai appelé la mystique du si, faite de vains rêves et de faux idéalismes : ah ! si je ne m'étais pas marié ! si je n'avais pas cette profession, si j'avais un peu plus de santé, ou plus de temps, ou si j'étais plus jeune !

Le remède, coûteux comme tout ce qui en vaut la peine, consiste à chercher le véritable centre de la vie humaine, ce qui peut donner une hiérarchie, un ordre et un sens à tout le reste : l’amitié avec Dieu, grâce à une vie intérieure authentique. Si, vivant dans le Christ, nous faisons de Lui notre centre, nous découvrons le sens de la mission qui nous a été confiée, nous avons un idéal humain qui devient divin, de nouveaux horizons d'espérance s'ouvrent devant nos yeux, et nous parvenons à sacrifier, de bon gré, non plus tel ou tel aspect de notre activité, mais toute notre vie, en lui donnant ainsi, paradoxalement, son sens le plus profond.

Entretiens, 88

Le remède : de l’ordre et un idéal

Quant à la femme, le problème que vous posez n'est pas extraordinaire : avec d'autres particularités, bien des hommes font la même expérience, un jour ou l'autre. Normalement, la cause est identique : absence d'un idéal sérieux, qu'on ne découvre qu'à la lumière de Dieu.

En tout cas, il faut aussi appliquer de petits remèdes, qui semblent banals, mais qui ne le sont pas : quand on a beaucoup à faire, il faut établir un ordre, il faut s'organiser. Bien des difficultés viennent du manque d'ordre, de l'absence de cette habitude. Il y a des femmes qui font mille choses, et qui les font bien, parce qu'elles se sont organisées, parce qu'elles ont imposé un ordre rigoureux à leur travail abondant. Elles ont su faire à chaque instant ce qu'elles avaient à faire, sans s'affoler en pensant à ce qui suivrait, ou à ce qu'elles auraient peut-être pu faire avant. D'autres, en revanche, sont effarées par l’énorme travail qu'elles ont à faire ; et, dans leur effarement, elles ne font plus rien.

Entretiens, 88

Égalité et diversité

Réalisation, maturité, émancipation de la femme, ne doivent pas se faire dans une prétendue égalité, dans une uniformité, par rapport à l'homme, dans une imitation du comportement masculin. Ce ne serait pas un acquis, mais bien plutôt une perte pour la femme : non pas parce qu'elle est plus, ou moins, que l'homme mais parce qu'elle est différente.

Au niveau de l’essentiel, qui doit être juridiquement reconnu, aussi bien par droit civil que par droit ecclésiastique, il est évident qu'on peut parler d'égalité des droits car la femme, exactement au même titre que l'homme, a la dignité de personne et de fille de Dieu. Mais, à partir de cette égalité fondamentale, chacun doit réaliser en lui-même ce qui lui est propre ; et, à ce niveau-là, parler d’émancipation revient à parler de possibilité réelle de réaliser entièrement ses propres capacités : celles qu'elle a en tant qu'individu et celles qu'elle a en tant que femme. L'égalité devant le droit, l'égalité des chances devant la loi, ne supprime pas, mais suppose et favorise cette diversité qui est une richesse pour tous.

Entretiens, 87

L’éducation des enfants, une tâche commune

Les parents doivent trouver du temps pour être avec leurs enfants et parler avec eux. Les enfants sont ce qu’il y a de plus important: ils sont plus importants que les affaires, que le travail, que le repos. Dans ces échanges, il faut les écouter attentivement, s’efforcer de les comprendre, savoir reconnaître la part de vérité, ou la vérité tout court, qu’il peut y avoir dans certaines de leurs révoltes. Il faut, en même temps, les aider à canaliser correctement leurs préoccupations et leurs idéaux, leur apprendre à observer et à raisonner; il ne faut pas leur imposer une conduite, mais la leur conseiller, en leur donnant des raisons, surnaturelles et humaines. En un mot, il faut respecter leur liberté, puisqu’il n’est pas de véritable éducation sans responsabilité personnelle, ni de responsabilité sans liberté.

Quand le Christ passe, 27

Vivre au présent

Des préoccupations ?… Moi, t’ai-je dit, je n’ai pas de préoccupations, car j’ai beaucoup d’occupations

Sillon, 511

Arriver à tout faire

Tu traverses un moment critique : une certaine crainte diffuse ; des difficultés pour adapter ton plan de vie ; un travail accablant : les vingt-quatre heures de la journée ne te suffisent pas pour accomplir toutes tes obligations…

— As-tu essayé de suivre le conseil de l’Apôtre : “ que tout se fasse dans l’harmonie et avec ordre ” ? Autrement dit, en la présence de Dieu, avec Lui, par Lui et seulement pour Lui.

Sillon, 512