En route vers le centenaire (1) : vocation, mission, charisme

En cette période de préparation du centenaire, que nous avons commencée avec les assemblées régionales, le Prélat nous invite à réfléchir sur l'identité, l'histoire et la mission de l'Opus Dei. Cette série d’articles vise à aller au cœur du charisme à travers l'un de ses aspects essentiels : la sanctification du travail. Le présent et premier article explore la spécificité de l'Œuvre dans l'Église et développe le concept de vocation et de mission dans le contexte de la vie ordinaire.

I. Vocation, mission et charisme

Au commencement était le Verbe. Toutes choses ont été faites dans le Verbe et par le Verbe. Dieu appelle à l'existence tout ce qui existe.

La vie de Dieu est une vie féconde de relation interpersonnelle. Les processions divines – génération et spiration – ont pour finalité l'être personnel : le Père engendre le Fils, le Père et le Fils spirent l'Esprit Saint. Lorsque Dieu crée, il agit selon la même logique : il veut devant Lui des êtres personnels, à l'image du Fils et par amour. Si Dieu appelle tout l'univers à l'existence, c'est parce qu'il veut que des êtres personnels participent à sa vie : des êtres libres qui peuvent Le connaître et L'aimer.

Ainsi, le monde entier est en quelque sorte le fruit d'une vocation. Chacun de nous a été appelé personnellement à l'existence : avec son propre visage, avec sa propre voix, avec la couleur de ses yeux. Chacun avec son propre moi devant le soi divin. C'est pourquoi Dieu a voulu le monde et l'a créé : parce qu'il pensait à chacun d'entre nous.

Vocation : de la peur à la joie

Le mot vocation est un mot familier, paternel. Un mot qui n'est pas lointain mais proche, un mot qui s'adresse à tous. Un mot qui révèle, appelle, invite. De fait, toute l'histoire du salut se présente comme une histoire continue de vocations, d'appels incessants que Dieu adresse dans l'espace et dans le temps à des hommes et à des femmes en différents lieux et à différentes époques historiques : à des gouvernants et à des personnes ordinaires, à des villes entières, à des peuples et à des lignées.

La prédication de saint Josémaria nous fait mieux assimiler le mot vocation, en nous montrant sa grandeur et son universalité. Le fondateur de l'Opus Dei a contribué à ce que l’on parle de vocation à une époque, avant le Concile Vatican II, où il était peut-être compris de manière restrictive. Il a ainsi capté les enseignements de nombreux saints, en parlant à nouveau clairement de la vocation comme quelque chose de commun à tous les êtres humains.

Le fait d’être confronté au terme de vocation dans les points de Chemin et dans les homélies de saint Josémaria pouvait d'abord provoquer une certaine surprise, peut-être mêlée de crainte. Mais tout de suite après, on se réjouissait de voir que le contexte dans lequel il en parlait était la vie ordinaire : les études et le travail, l'amitié et la famille, les passions culturelles et toutes les professions... Ainsi comprise, la vocation donnait de la lumière et de l'importance à ce qui, à première vue, n'en possédait pas. Grâce à ce message de saint Josémaria, le mot vocation est devenu pour beaucoup d'hommes et de femmes un mot familier, paternel, accessible.

« La lumière que nous donne la vocation nous fait reconnaître le sens de notre existence. C’est la conviction, avec la splendeur de la foi, de la raison d’être de notre réalité terrestre. Notre vie tout entière, présente, passée, future, acquiert un nouveau relief et une profondeur auparavant insoupçonnée. Tous les faits, tous les événements occupent maintenant leur véritable place : nous comprenons où le Seigneur veut nous conduire et nous nous sentons comme entraînés par cette charge qui nous est confiée. » (Quand le Christ passe, no 45).

Personne n'est exclu

L'insistance de saint Josémaria sur le fait qu'il n'est pas toujours nécessaire de changer de position dans le monde, ni de travail, ni de circonstances ordinaires et familiales, pour répondre à l'appel de Dieu, surprenait et passionnait nombre de personnes qui écoutaient sa prédication. Cet appel résonne, là, dans les circonstances ordinaires d'un homme ou d'une femme d'aujourd'hui. Il vient, même de manière inattendue, peut-être alors que l’on tient ses outils de travail à la main.

La façon dont saint Josémaria parlait de la vocation s'appuyait sur un cadre biblique profond et précisait la valeur concrète-particulière d'un concept théologique général : Dieu appelle tout être humain à le connaître et l'aimer. Nous recevons tous la vocation à nous identifier à son Fils et à participer de son Esprit même. Nous existons grâce à cela et pour cela ; tous, sans exception :  que nous soyons en bonne santé ou malades, riches ou pauvres, travailleurs ou intellectuels, avec beaucoup de talents ou peu, chacun a un rôle à jouer. 

La vocation à connaître et à aimer notre Créateur, à ressembler à son Fils fait homme, parce que nous avons été créés dans le Christ, porte un nom : c'est la vocation à la sainteté, c'est-à-dire à participer de la vie de Dieu qui seul est saint. Tout être humain la reçoit, qu'il fasse déjà partie du peuple de Dieu, de l'Église, ou qu'il soit seulement destiné à en faire partie, même s'il ne le sait pas encore. Dieu appelle chacun à participer à sa vie. Le Christ Jésus a versé son sang, est mort sur la Croix et est ressuscité pour que notre filiation divine, obscurcie et presque perdue à cause du péché, puisse être récupérée et restaurée en Lui.

Mais si Dieu appelle, c'est toujours pour une mission, pour confier une tâche. Nous le voyons clairement illustré dans l'histoire du salut. Dieu adresse sa parole à chaque être humain : va, fais ceci ; fais ce que je t'enseignerai ; quitte cette terre ; parle en mon nom ; va au lieu que je te montrerai.... Il semble presque dire : « C'est pour cela que je t'ai créé ! » En réalité, on pourrait dire que toutes ces missions spécifiques sont des concrétisations de la mission originelle que le Créateur confie à l'humanité dans la Genèse : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde » (Gn 2,15).

À la vocation universelle à la sainteté correspond une mission tout aussi universelle : celle de se conformer à l'image du Fils, d'aimer d'un amour fraternel et filial, et de rejeter les œuvres du péché. Se conformer au Fils, c'est participer à sa mission, c'est-à-dire réordonner le monde désordonné par le péché des hommes et le ramener au Père dans l'Esprit Saint. Une telle mission implique également une histoire. Si la vocation interpelle et exige une réponse spécifique, l'accomplissement d'une mission se fait plutôt de manière historique : devenir ce que nous sommes appelés à être, et transformer le monde pour qu'il devienne ce que Dieu a toujours voulu qu'il soit.

Une mission spécifique dans l'Église

Dieu lui-même, en créant le monde, ouvre l'histoire à la possibilité d'accueillir des missions. C'est la mission du Verbe, envoyé par le Père dans le monde pour assumer la nature humaine, pour achever la création et pour racheter l'homme du péché, en lui restituant la pleine dignité de fils dans le Fils. C’est la mission de l'Esprit Saint, envoyé dans le monde et dans l'histoire par le Père et le Fils, pour configurer les croyants au Fils et les rassembler dans le Corps du Christ. L'Église de Jésus-Christ naît de ces deux missions et en est comme le prolongement dans l'histoire (cf. Concile Vatican II, Lumen gentium, nos 2-4). Toute l'Église est appelée et envoyée : elle est appelée pour la prédication du Royaume de Dieu par Jésus et, après la résurrection, elle est envoyée à toutes les nations pour enseigner l'Évangile à tous les peuples et les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

L'Église existe et vit pour cette mission, et c'est à cette même tâche que sont orientées les diverses missions que l'Esprit Saint suscite au cours de l'histoire. Tout comme diverses et belles sont les fleurs de la terre, aussi diverses et belles sont les missions que Dieu a confiées à tant de saints, à d'innombrables communautés chrétiennes, à des laïcs et à des prêtres, à des religieux et à des religieuses : des missions qui ont contribué et qui continuent à contribuer à l'unique missio Ecclesiae.

« Il y a dans ce jardin du Seigneur, non-seulement la rose des martyrs, mais encore le lys des vierges, le lierre des époux et la violette des veuves. Non, mes bien-aimés, il n'y a aucun état dans le genre humain qui puisse désespérer de sa vocation. Pour tous le Christ a souffert, et l'Écriture dit avec vérité : "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Tm 2,4) » (Saint Augustin, Discours 304, 3, 2).

En connaissant la vie de saint Josémaria et en écoutant sa prédication, nous comprenons que lui aussi a reçu de Dieu – dans l'Église et avec l'Église – une mission spécifique. En déclarant sa sainteté et en la citant en exemple, le Magistère a reconnu la mission reçue par saint Josémaria comme faisant partie de la mission même de l'Église.

Peu après avoir commencé son travail sacerdotal, saint Josémaria voulut donner un nom à la mission qu'il avait reçue de Dieu, afin que ses fils et filles spirituels la poursuivent dans l'histoire : Opus Dei, l'œuvre de Dieu, operatio Dei. Soulignant l'initiative divine, il commença à en parler comme d'une nouvelle fondation, désignant le 2 octobre 1928 comme « le jour où le Seigneur a fondé son Œuvre » (Apuntes íntimos, no 306, 2 octobre 1931).

Aussi vaste et générale que puisse être une mission inspirée par l'Esprit Saint dans l'histoire de l'humanité – et la mission de l'Opus Dei l'est certainement, au point que saint Josémaria l'a décrite comme une mer sans rivages –, chaque nouvelle fondation revêt toujours une note distinctive qui justifie son pourquoi.

Chercher cette note distinctive, la spécificité d'une mission ou d'une nouvelle fondation, ne signifie pas la séparer d'autres initiatives inspirées par l'Esprit Saint, mais mieux la connaître. La spécificité de l'Opus Dei ne peut donc pas être définie, par contraste, en la séparant de ce que les autres font ou ne font pas, en exaltant les différences ou en divisant les champs d'action. Il faut mettre en valeur la spécificité de ceux qui travaillent dans la vigne du Seigneur, sans jamais perdre de vue l'unique mission de toute l'Église, dans une attitude d'unité qui recherche la communion.

Dans toute nouvelle fondation, il existe une relation délicate entre la spécificité et la tradition, entre ce qui est ou semble être nouveau et ce qui, dans le message chrétien, doit nécessairement rester permanent. Il y a des tâches que l'Église reconnaît dans sa vie et sa tradition comme essentielles à la mission qu'elle a reçue du Christ. Par exemple : exhorter le peuple de Dieu à la sainteté et à la configuration à Jésus-Christ, apprendre à chacun à avoir une relation personnelle et filiale avec Dieu, placer l'Eucharistie au centre de la vie des fidèles, promouvoir la disponibilité des prêtres à pardonner les péchés, administrer les sacrements pour qu'ils soient reçus fructueusement, rappeler à tous les baptisés qu'ils sont des apôtres dans un monde à réévangéliser, diffuser les enseignements des pasteurs, des conciles et du Pontife Romain en particulier.....

Comment pouvons-nous comprendre la foi que saint Josémaria a vécue il y a un siècle lorsqu'il a commencé l'Opus Dei, et comment a-t-il compris la nouveauté qu'impliquait l'Opus Dei ?

C'est pourquoi, en ces années qui précèdent le Centenaire de la fondation de l'Opus Dei (1928-2028), nous voulons réexaminer et approfondir certains des éléments spécifiques qui caractérisent sa mission, et examiner à nouveau les charismes que Dieu a accordés et continue d'accorder à ses membres pour que cette mission puisse être accomplie.

« Ordonner le monde à Dieu par le travail »

De nombreux textes de saint Josémaria parlent des fins de la nouvelle fondation. Il s'agit apparemment de fins à caractère général, parce qu'elles contribuent, comme il se doit, au bien général de l'Église, à la sanctification des âmes, à la transformation chrétienne du monde. Et pourtant, ce sont des fins qui pointent vers une mission spécifique, particulière, qui illumine toute l'existence de ceux qui reçoivent cet appel divin. Une mission que nous pourrions exprimer, par exemple, par ces mots : « Ordonner le monde à Dieu par le travail » ; ou bien : « transformer les réalités terrestres en plaçant la croix de Jésus à leur sommet, afin que, purifiées du péché, toutes les activités humaines soient sanctifiées de l'intérieur et prennent la forme du Christ ». Dans cette mission, précise saint Josémaria, les membres de l'Œuvre « se sanctifieront eux-mêmes, sanctifieront les autres et sanctifieront le monde lui-même ». Les prêtres et les laïcs contribuent à cette mission, mais avec une articulation précise : les premiers doivent servir avant tout les seconds, car cette mission touche directement et immédiatement les fidèles laïcs (cf. Concile Vatican II, Lumen gentium, nos 31, 36).

« Tel est le secret de la sainteté que je prêche depuis tant d’années : Dieu nous a tous appelés à l’imiter ; et il nous a appelés, vous et moi, pour que, vivant au milieu du monde – étant des gens de la rue –, nous sachions placer le Christ notre Seigneur au sommet de toutes les activités honnêtes de l’homme. Maintenant, vous êtes mieux à même de comprendre que si l’un d’entre vous n’aimait pas le travail – celui qui lui revient ! –, s’il ne se sentait pas authentiquement engagé, pour la sanctifier, dans une des nobles occupations terrestres, s’il n’avait pas de vocation professionnelle, il ne parviendrait jamais à saisir en profondeur la racine surnaturelle de la doctrine que vous expose le prêtre qui vous parle. Il lui manquerait, en effet, une condition indispensable : celle d’être un travailleur » (Amis de Dieu, no 58).

L'invocation que les Preces de l'Opus Dei réservent à la prière d'intercession Ad sanctum Josephmariam, conditorem nostrum, tout en résumant en quelques lignes l'essence de son message, donne un rôle central à la sanctification du travail, en précisant sa dimension apostolique et missionnaire : Intercede pro filiis tuis, ut fideles spirítui Operis Dei, laborem sanctificemus et animas Christo lucrifacere quaeramus.

Autour de l'axe du travail dans le Christ semblent tourner tous les autres aspects de la perspective chrétienne que saint Josémaria a vu s'illuminer dans la nouvelle fondation que Dieu lui a demandée : la possibilité de trouver Dieu et de rechercher la sainteté dans la vie ordinaire ; l'extension universelle de l'appel à la sainteté ; l'imitation de la vie cachée de Jésus et de la sainte famille de Nazareth ; la dévotion toute particulière à la figure de saint Joseph – l'artisan, le travailleur – au point d'établir que les membres de l'Œuvre renouvellent le don fait d’eux-mêmes dans l'Opus Dei le jour de sa fête ; la filiation divine comme participation à la mission du Fils de réconcilier toutes choses avec le Père par l'Esprit ; l'apostolat de l'amitié et de la confiance que les membres de cette institution sont appelés à exercer avec leurs collègues de travail et dans leurs relations sociales ; la pérennité de l'Opus Dei tant qu'il y aura des hommes qui travaillent sur la terre... Tous ces aspects sont des réverbérations d'une lumière fondatrice dont le point focal est une nouvelle compréhension de la dimension divine du travail humain.

La spécificité de sa mission, telle qu'elle est décrite ci-dessus, est-elle le charisme de l'Opus Dei ? Quelle est la relation entre la vocation, la mission et le charisme ? Dans l'Écriture Sainte et dans l'histoire de l'Église, le terme charisme a un sens très large. Cependant, il se réfère principalement à « un don donné par Dieu pour accomplir une mission ». En ce sens, le dynamisme vocation-mission précède la notion de charisme. La Parole de Dieu appelle pour confier une mission ; ensuite, Dieu accorde les charismes et les dons nécessaires pour la mener à bien. Parfois, dans le langage courant, on utilise le mot charisme pour désigner aussi la gratuité d'une mission ou d'une certaine spiritualité, pour indiquer qu'il s'agit d'un don de l'Esprit, d'une initiative divine : c'est Dieu qui suscite, appelle, donne sa grâce, assiste, guide, en recherchant paternellement la correspondance de la personne humaine.

« Quand Dieu Notre-Seigneur projette une œuvre quelle qu’elle soit au profit de l'humanité, il pense d'abord aux personnes qu'il utilisera comme ses instruments... et il leur communique les grâces appropriées. Cette conviction surnaturelle de la divinité de l'entreprise finira par nous donner un enthousiasme et un amour si intenses pour l'Œuvre que vous serez très heureux de vous sacrifier pour qu’elle se réalise » (Instruction, 19-III-1934, nos 48-49).

Dieu donne aux hommes la grâce et les charismes de l'Esprit pour accomplir la mission à laquelle nous sommes tous appelés : être saints et s'identifier au Christ. À ceux qui sont appelés à une mission particulière, à un but pastoral spécifique dans l'Église, Dieu donne les dons et les charismes appropriés pour la mener à bien. Pour reconnaître le charisme spécifique d'une nouvelle fondation, et donc de l'Opus Dei, il est nécessaire de réfléchir à sa mission, telle qu'elle a été définie par son fondateur.

Il ne faut pas oublier en outre que la mission de l'Opus Dei précède son institution. En principe, cette mission est compatible avec les différentes formes institutionnelles canoniques, présentes ou futures, pourvu qu'elles permettent de mettre en pratique ce que Dieu a demandé à son fondateur : rechercher la sainteté et la plénitude de la filiation divine au milieu du monde, à travers l'exercice du travail ordinaire, en ordonnant à Dieu toutes les activités humaines, en les transformant pour leur donner la forme du Christ.

Enfin, comprendre et approfondir la mission de l'Opus Dei est une tâche en quelque sorte inépuisable, simplement parce qu'il s'agit d'un fait authentiquement théologique qui a Dieu pour auteur. Il s'agit d'une mission ouverte à l'histoire et encouragée par l'Esprit Saint créateur, et donc capable d'informer des temps et des situations différentes : c'est un charisme qui, au cours de l'histoire, sera incarné par une multitude de personnes dans les situations les plus diverses. La dimension pneumatologique d'une mission signifie que la manière d'être et de vivre de ceux qui l'incarnent peut être définie comme un esprit plutôt que comme une lettre. C'est pourquoi l'Opus Dei a un esprit, l'esprit de l'Œuvre.

Approfondir le sens de cette mission et de cet esprit, tels que saint Josémaria les a perçus dans sa méditation personnelle et les a transmis dans sa prédication, sera l'objet du prochain article.


Cette série est coordonnée par le professeur Giuseppe Tanzella-Nitti. Il compte sur une équipe de contributeurs et contributrices, dont certains sont professeurs à l'Université pontificale de la Sainte-Croix (Rome).