9ème émission : “Pardonner à ceux qui nous ont offensés"

Mgr Xavier Echevarría reprend la parabole du fils prodigue pour réfléchir sur le pardon de Dieu pour apprendre ainsi de Lui à mettre pratique cette œuvre de miséricorde. « Nous souhaitons vivement que le choix de pardonner et de demander pardon devienne une attitude habituelle chez nous, dans chaque famille, entre les amis »

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8. Corriger celui qui se trompe (1.7.2016)

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L’une des œuvres de miséricorde dont le monde a et a toujours eu le plus besoin, tient au pardon de ceux qui nous ont offensés.

« Comme il peut nous sembler très souvent difficile de pardonner ! », avoue le saint-père. Or le pardon est le moyen dont nous disposons, avec nos fragilités, pour atteindre la sérénité du cœur. Laisser de côté la rancune, la rage, la violence et la vengeance est une condition nécessaire pour vivre heureux ».

Vivre heureux est un désir évident de tout être humain. Or personne ne peut atteindre le bonheur de son côté, le dos tourné à Dieu et aux autres. L’on peut souvent avoir l’impression que ceux qui nous entourent sont plutôt un obstacle pour nous: ils nous offensent, nous malmènent, provoquent chez nous des souffrances physiques ou morales, des maux que le Christ lui-même endura, lui qui fut crucifié par ceux à qui il apportait le salut.

Le Seigneur, visage invisible de la miséricorde du Père, pardonna sans le moindre ressentiment: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ceux qu’ils font” fut sa prière alors qu’il était suspendu au bois de la Croix. Il brisait ainsi avec décision le cercle vicieux de la haine qui n’engendre que la haine, le cercle de la vengeance, de la rancune etfit que cette Croix fut une source de miséricorde, capable de changer l’histoire de toute femme, de tout homme.

La Croix du Seigneur nous aide à comprendre que nous avons tous besoin du pardon, de pardonner et d’être pardonnés. Qui n’assimile pas cette réalité n’est pas à même de sonder la profondeur de la bonté de l’amour qui le rattache à quelqu’un d’autre, voire à Dieu.

Revoyons la parabole du fils prodigue. Ce jeune, aveuglé par son inexpérience et son orgueil, s’est éloigné de la maison paternelle et a dilapidé tout ce qu’il y avait reçu. S’il est revenu chez lui c’est bien parce qu’il avait, à un moment donné, touché du doigt la miséricorde paternelle, sa compréhension et qu’il savait très bien qu’il ne serait pas rejeté.

Lorsqu’il retrouva son père, celui-ci, en l’embrassant, lui fit son don le plus grand : son pardon. Il le fit donc sans l’humilier, sans même lui rappeler ces anciens conseils, ses avertissements. Ce fut seulement alors que le jeune réalisa ce qu’était le vrai trésor de l’amour paternel qu’il avait ignoré jusque là et qu’il venait de récupérer, fort heureusement, en rentrant, plein de contrition.

Nous aussi avons besoin de revenir fréquemment au sacrement du pardon pour comprendre en quelque sorte la profondeur de l’amour divin. Et le pape de nous rappeler que « Dieu ne se lasse pas de pardonner. C’est nous qui nous lassons de demander pardon ». Malheureusement, en effet, nous nourrissons même la volonté de nous habituer à la froideur du péché. Aussi, si nous profitons déjà de ce sacrement, faisons-le dans les meilleures dispositions, en y ayant plus souvent recours, en nous y préparant de notre mieux. Pour y arriver, jetons-nous dans les bras miséricordieux de Dieu, éliminons radicalement tout préjugé et toute excuse qui nous empêchent de percevoir la caresse que la compréhension du Seigneur fait à notre âme. Pensons-nous au bonheur éprouvé la dernière fois que nous nous sommes réconciliés avec quelqu’un ? Demander pardon n’est-ce pas un geste humain capable de « mettre un visage » sur ce Dieu que nous avons tant de fois écarté de nos vies et dont nous avons oublié la bonté ? »

Beaucoup de chrétiens méconnaissent la beauté de la Confession. Ceci dit, soyons-en convaincus, ce sacrement n’est ni ne sera jamais démodé. Il a, et il aura toujours, un pouvoir actuel. Qui plus est, il s’agit d’un sacrement qui projette notre vie dans le futur parce qu’il nous rend l’espérance.

Prions donc pour que l’Année Jubilaire de la Miséricorde permette à tant de chrétiens de retrouver le chemin du retour vers la maison paternelle.

D’aucuns pourraient se dire que pour se confesser on a besoin d’une préparation préalable, fort complexe, alors qu’il n’en est rien: il suffit de désirer la grâce, de faire un bon examen de conscience, en s’aidant si besoin d’un guide ou de l’aide de quelqu’un de compétent et puis d’aller, en toute confiance, trouver un prêtre. N’oublions pas que ce furent sa souffrance intérieure et extérieure, la connaissance de sa misère personnelle et le souvenir de l’amour paternel, qui poussèrent intérieurement le fils prodigue à se mettre en route. Beaucoup de personnes autour de nous sont dans une situation semblable, ils n’ont besoin que de quelqu’un qui les accompagne dans ce voyage de retour à la maison du Père.

Par ailleurs, de même que le bon Dieu absout tout péché, nous devons nous aussi apprendre à pardonner, dans notre vie quotidienne, toutes les fois qu’il le faudra. Il peut sans doute arriver que des malentendus, des différences de caractère, des divergences politiques ou culturelles, ou tout autre type d’affaires, poussent certains à traîner durant des années le souvenir des offenses de leurs amis ou de tierces personnes. Malheureusement, un état d’âme de ce style peut faire que les conflits se prolongent dans le temps sans que personne n’ait l’intention de céder.

Alors que nous sommes tout à fait plongés dans l’Année de la miséricorde, découvrons-nous ce temps-là comme une occasion excellente d’offrir notre réconciliation, même si c’est bien nous qui avons été offensés ? Le Seigneur fait toujours le premier pas pour nous pardonner, même si nous ne méritons pas sa grâce. « Efforce-toi, si besoin, — écrit saint Josémaria— de toujours pardonner ceux qui t’ont offensé, et ce, dès le premier instant, car pour grand que soit le préjudice ou l’offense que l’on t’a faits, le bon Dieu t’en a pardonnés bien plus ».

Désirons vivement que le choix de pardonner et de demander pardon devienne une habitude chez nous, dans chaque famille, entre amis. Disons-nous que sans cette disposition au pardon, tous les contextes ou nous évoluons, y compris notre propre famille, deviennent des ambiances désolantes, égoïstes, ternes, qui empoisonnent les âmes ou les attristent.

La leçon du Christ est tout à fait précise: aimer sans relâche, aussi celui qui nous blesse.

De ce fait, si les autres répondent à notre pardon, rendons grâces à Dieu. Toutefois, si nous n’avons pas la réponse souhaitée, ne nous décourageons pas car la miséricorde est gratuite et n’attend rien en échange. Le Christ est mort en priant pour ceux qui le crucifiaient et l’offensaient. Sa mort rédemptrice fit que le voile de la haine tombe des yeux des âmes. Ce ne fut qu’en contemplant la façon dont le Christ avait expiré que le centurion qui était près de la Croix fit ce bel acte de foi : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu ».

Si les chrétiens, nous pardonnons promptement les offenses, avec joie et en toute simplicité de cœur, beaucoup de monde sera attiré par l’amour des fils de Dieu et arrivera à retrouver ce bon Père qui ne veut que nous embrasser de sa miséricorde.