Sept clins d'oeil à Saint Joseph - (n.4)

Cette semaine, notre parcours en compagnie de Saint Joseph nous mène en Egypte.

La fête de saint Joseph approche. Nous vous proposons de nous y préparer pendant les sept dimanches qui précèdent en découvrant les « sept clins d'oeil à saint Joseph », écrits par l'abbé Fernandez. Un parcours illustré par des mosaïques et peintures du Ve au XVIIe siècles.

4. Le gardien fiable de la vie.

Victor Carpaccio (Venise, vers 1500), Washington.

Peu après la nativité de Jésus, un ange annonce l'orage et montre à Joseph la voie pour y échapper : « Fuis en Égypte… car Hérode cherchera l'enfant pour le faire périr » (Matthieu 2, 13). « Le repos de Joseph lui a révélé la volonté de Dieu » (pape François, discours à Manille 16/01/2015). Tandis que le roi déploie son pouvoir meurtrier, Joseph assure le salut humain du Sauveur : il choisit l'itinéraire, évite les routes fréquentées, se cache des curieux, pourvoit à la subsistance. Un dur travail, abordé par la flamme de sa prière et par toute sa prudence.

Parmi les épisodes dramatiques de l'enfance du Christ, la fuite précipitée en Égypte a attiré l'attention des fidèles ; des anciennes traditions, reprises dans les évangiles apocryphes, ont rajouté des détails à ce voyage, que les artistes ont illustré. Parfois on représente le cheminement hâtif de la sainte Famille : Marie, montée sur un âne porte l'enfant ; Joseph précède la marche ou la suit ; parfois un ange ou d'autres personnages se joignent au groupe. Certains ont préféré la montrer sous un jour paisible, en imaginant la pause dans une oasis, ou encore l'arrivée triomphante en pays païen avec l'écroulement des temples idolâtres.

Le cheminement dramatique des fuyards a pu être illustré, ici et là, par des détails significatifs : les voyageurs attaquent une pente raide ; Joseph, dans la crainte raisonnable de voir pointer les persécuteurs à l'horizon, regarde en arrière et accélère le rythme pour gagner du terrain sur les soldats d'Hérode. C'est le geste choisi à la Renaissance par Victor Carpaccio (Venise, 1500) ; son tableau, exposé à la National Gallery de Washington, montre, dans un paysage verdoyant sous un ciel serein, les trois membres de Sainte Famille, avec l'âne serviable. L'urgence de Joseph contraste avec l'attitude paisible de Marie et son Fils : ils peuvent se reposer dans la diligence du père. Joseph assure l'espérance et la vie.

Le pape Léon XIII y voyait le souci de Joseph contre l'Exterminateur : « De même que vous avez arraché autrefois l'Enfant Jésus au péril de la mort, défendez aujourd'hui la Sainte Église de Dieu, des embûches de l'ennemi et de toute adversité ». Satan, « meurtrier dès le commencement » (Jean 8, 44), n'épargne pas les membres du Sauveur. Il incite au péché grave, qui introduit la mort à la grâce ; il déploie les structures de péché et les persécutions pour arracher le bon grain de la foi. Jean-Paul II, peu avant la chute du mur de Berlin (1989), confiait à saint Joseph l'Église, « dans ses efforts redoublés de nouvelle évangélisation des pays où la vie chrétienne était autrefois florissante et qui sont maintenant mis à dure épreuve (Le Gardien du Rédempteur §29).

Joseph, écoutant la voix de Dieu, se lève et agit. « Il y a des colonisations idéologiques qui cherchent à détruire la famille. Demandons à saint Joseph de nous envoyer l'inspiration pour savoir quand on peut dire 'oui' et quand il faut dire 'non' » (pape François, ibidem). Devant le parcours d'efforts qui nous attend, nous confions à Joseph les batailles de la famille de Dieu sur terre.