Comment avez-vous rejoint cette aventure ?
Tout a commencé pour moi avec la Pater Cup, un grand tournoi de football des prêtres d’Ile-de-France auquel je participe depuis deux ans au sein de l’équipe du diocèse de Nanterre. Avec mes coéquipiers prêtres, à l’approche du tournoi, nous nous retrouvons périodiquement pour nous entraîner et nous affrontons les équipes des autres diocèses lors de la Pater Cup qui se tient à Villepinte. A l’issue de ce tournoi, certains d’entre nous - dont j’ai eu la chance de faire partie -, ont été retenus pour rejoindre la sélection nationale des prêtres d’Holy Games et participer à un match pour la paix organisé dans le cadre des Holy Games.
Qu’est-ce que les Holy Games ?
Holy Games est un projet porté par la Conférence des Évêques de France, à l’occasion des Jeux Olympiques, pour accompagner le monde du sport et vivre des temps missionnaires, festifs et solidaires pendant l’été 2024, avec cette idée que la sainteté se vit aussi dans le sport. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée d’organiser un match pour la paix opposant une sélection nationale des prêtres composée de 21 joueurs – prêtres, séminaristes, religieuses et laïcs – à l’équipe mythique du Variété Club de France.
Qui compose cette équipe ?
Le Variété Club de France est composé d’anciens joueurs professionnels tricolores qui invitent d’autres personnalités à se joindre à eux. Pour le match du 5 mai, ils jouaient avec des responsables religieux comme Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne et représentant de l’Église catholique pour les Jeux Olympiques, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Mohamed Ahsaini, imam de la mosquée d’Ivry, et Amos Ngoua Mouri, pasteur de l’Église protestante de Clamart. La rencontre était arbitrée par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen et ancien arbitre officiel de la Fédération française de football.
Comment s’est passé le match et quelle en a été l’issue ?
L’ambiance était extraordinaire. Il y avait beaucoup de bienveillance, d’ouverture… et d’humilité aussi. À titre personnel, je me suis par exemple retrouvé face à une joueuse musulmane qui m’a donné beaucoup de fil à retordre ! Au-delà de ça, c’était incroyable pour moi de jouer au foot avec une légende comme Alain Giresse ou des joueurs que j’admirais dans mon enfance comme Robert Pirès, champion du monde 98 avec qui j’ai pu échanger sur la finale de l’euro 2000, un grand souvenir... Au début du match, nous avons bien tenu le coup mais après, force a été de constater qu’ils étaient plus forts que nous. Nous nous sommes finalement inclinés sur un score final de 4 à 1 pour la Variété Club de France. Mais honnêtement, je pense que nous n’avons pas démérité ! Nous avons ensuite passé un temps très sympathique tous ensemble, une sorte de troisième mi-temps au cours de laquelle nous avons pu discuter de nos parcours respectifs.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Tout d’abord les très belles amitiés fraternelles que j’ai pu tisser avec les prêtres du diocèse de Nanterre où une bonne partie de mon ministère se déroule [ndlr : l’abbé Laffon est aumônier au collège Hautefeuille à Courbevoie se trouvant sur le diocèse de Nanterre]. Je trouve vraiment très précieux de pouvoir nous retrouver régulièrement pour essayer de nous dépasser tous ensemble. Cela créé entre nous des liens très forts qui nourrissent aussi notre vie de prêtre. J’ai par ailleurs trouvé très belle la symbolique de cette rencontre pour la paix entre personnes de sensibilités, d’origines et de religions différentes. Je crois vraiment que le sport, à travers les valeurs qu’il véhicule, contribue à créer ce type de liens.
Quelle place occupe le sport dans votre vie de prêtre ?
Au-delà du fait que j’ai toujours aimé le sport, je fais partie de ce que l’on appelle la « génération Jean-Paul II », un pape que l’on a parfois surnommé « l’athlète de Dieu ». Cette expression me parle car il me semble que les valeurs sportives de persévérance, de dépassement de soi et de fidélité se retrouvent dans la lutte spirituelle que doit mener tout chrétien. Suivant une longue tradition qui remonte à saint Paul, saint Josémaria donnait les sportifs en exemple pour « commencer et recommencer » dans notre lutte chrétienne. Dans le Catéchisme de l’église catholique, on compare d’ailleurs la prière à une lutte. De la même manière que le sport suppose des efforts, il faut se battre au quotidien pour grandir en sainteté. Je trouve donc dans le sport énormément de valeurs qui peuvent s’appliquer à la vie intérieure et auxquelles les jeunes sont sensibles. C’est pourquoi, dans mon activité pastorale auprès de collégiens et de lycéens, je me réfère souvent à l’actualité sportive qui regorge d’anecdotes très inspirantes pour notre jeunesse !