J'ai déménagé en Suède en juin 2006, le mois où il y avait presque 24 heures de lumière par jour. Au fil des ans, j'ai entrepris différents projets, en particulier du travail bénévole. Ces projets sont une occasion unique d'impliquer les jeunes en leur rappelant l'importance profonde des relations humaines et leur lien avec la foi. Cette vérité m'est apparue d'une manière particulière lors des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui se sont déroulées à Lisbonne cet été.
Lors de l'Angélus qui a suivi la dernière messe des JMJ, les paroles du pape François ont résonné dans mon cœur, soulignant l'importance de reconnaître nos racines, d'être reconnaissants envers nos grands-parents et de nous souvenir des origines qui façonnent toute notre identité. Elles m'ont rappelé le conseil que j'ai reçu lorsque j'ai déménagé en Suède : "Monick, n'oublie jamais d'où tu viens, chéris tes origines, ainsi que la joie et la foi de ton peuple." J'ai appris à chérir ce conseil comme jamais auparavant.
La population catholique en Suède est une petite minorité, et même les catholiques ne pratiquent pas toujours leur foi. La reconnaissance des grands-parents par le pape est particulièrement appropriée : j'ai remarqué que les familles d'immigrés abandonnent parfois la foi dans leur quête d'un avenir meilleur, et ce n'est que lorsque leurs grands-parents leur rendent visite qu'ils la ravivent. Ils veulent à nouveau aller à la messe et commencer à préparer les petits à leur première communion.
Les conversations avec les collègues catéchistes de la cathédrale de Stockholm ont révélé à quel point les catholiques de ce pays sont attachés à leurs traditions. Ce n'est pas seulement qu'il n'y a pas beaucoup de catholiques ici : après la Réforme, le catholicisme a presque disparu de Suède.
L'une des surprises les plus agréables que j'ai eue à mon arrivée en Suède est ce que l'on commence à appeler la "chapelle latine" de la cathédrale de Stockholm. Elle abrite une image de la Vierge de Guadalupe (du Mexique) et une autre du Seigneur des miracles (du Pérou). La procession en l'honneur de l'image du Seigneur des miracles est l'une des traditions catholiques les plus enracinées au Pérou, et j'ai été stupéfaite de voir la même procession serpenter dans les rues du sud de Stockholm en octobre. C'est une illustration convaincante de la façon dont nos origines deviennent des moyens d'évangélisation : de nombreuses personnes posent des questions à ce sujet, ce qui me donne une occasion naturelle de partager ma foi et mes traditions. Les enfants y assistent avec leurs grands-parents, tous vêtus de violet, et leur joie naturelle est un autre moyen d'évangélisation.
Je suis profondément reconnaissante pour les leçons que j'ai apprises lorsque j'étais enfant, comme faire le signe de croix lorsque je passais devant une église et avoir une image de la Vierge et un crucifix sur nos murs à la maison. Comment aurais-je pu savoir que ces habitudes me prépareraient à m'installer dans un pays avide d'évangélisation dans la vie de tous les jours, sans avoir besoin d'accomplir des exploits extraordinaires ?
Il y a quelques semaines, un collègue m'a fait remarquer qu'il y avait "quelque chose de bon" en moi. J'ai été surprise par ce commentaire, mais l'explication qu'il a donnée ensuite a touché une corde sensible : "Après les années que vous avez passées en Suède, il est clair que vous n'avez pas cessé de croire en Dieu et que vous vivez votre foi. Cela se reflète dans votre façon de travailler et de parler". J'étais heureuse de l'entendre, mais son commentaire m'a aussi fait sentir le défi de continuer à évangéliser. Comme je l'ai déjà dit, je suis reconnaissante pour les riches traditions catholiques qui m'ont été inculquées.
S'installer dans un autre pays implique toujours le défi de l'intégration. Ceux qui en ont fait l'expérience savent qu'il n'est pas facile d'apprendre une nouvelle langue, de s'adapter à de nouvelles coutumes et de développer un goût pour de nouveaux aliments.
J'ai voyagé au Portugal avec un groupe de jeunes hispanophones, tous confirmés et ayant choisi de participer aux JMJ. Beaucoup d'entre eux étaient les seuls catholiques de leur école et ils ont été stupéfaits de rencontrer et de parler à d'innombrables jeunes catholiques du monde entier à Lisbonne. Ils n'étaient plus isolés ; ils ont réalisé combien de personnes partageaient leurs valeurs et leurs aspirations. Lorsque nous apercevions dans les rues les drapeaux de leurs pays d'origine (Pérou, Chili, Brésil...), ils engageaient immédiatement la conversation : "Je suis de votre pays, mais maintenant je vis en Suède, et j'y suis catholique".