En cette année de la Miséricorde, le pape lui consacre quelques audiences. Le 9 avril il rappelait que « l’aumône est un aspect essentiel de la miséricorde ».
Texte de l’audience du 9 avril 2016
Chers frères et sœurs:
Jésus nous demande tout d’abord de ne pas faire l’aumône pour que les hommes louent et admirent notre grande générosité : fais en sorte que ta main droite ne sache pas ce que fait ta main gauche (cf. Mt 6, 3). Ce n’est pas l’apparence qui compte, mais la capacité de s’arrêter pour regarder dans les yeux la personne qui demande de l’aide. Chacun de nous peut se demander : « Suis-je capable de m’arrêter et de regarder en face, de regarder dans les yeux, la personne qui me demande de l’aide ? En suis-je capable ? ». Nous ne devons donc pas identifier l’aumône à une piécette de monnaie donnée à la sauvette, sans regarder la personne et sans s’arrêter à lui parler pour comprendre de quoi elle a véritablement besoin. Ceci dit, nous devons distinguer les pauvres et les diverses formes de mendicité que ne rendent pas un bon service aux vrais pauvres. En somme, l’aumône est un geste d’amour qui s’adresse à ceux que nous rencontrons ; c’est un geste d’attention sincère à qui s’approche de nous et demande notre aide, accompli dans le secret, là où seul Dieu voit et comprend la valeur du geste accompli.
Mais faire l’aumône doit supposer aussi pour nous un sacrifice. Je me souviens d’une mère : elle avait trois enfants, de six, cinq et trois ans, plus ou moins. Et elle leur apprenait toujours que l’on devait faire l’aumône aux personnes qui la demandaient. Ils étaient à table : chacun d’eux prenait une escalope à la milanaise, « panée »,. comme on dit chez moi. On frappe à la porte. Le plus grand va ouvrir et revient : « Maman, il y a un pauvre qui demande à manger ». « Que faisons-nous ? », demande la mère. « Nous lui donnons — s’écrient-ils tous—, nous lui donnons quelque chose ! ». « Alors, prends la moitié de ton escalope, et toi prends l’autre moitié, et toi l’autre moitié et nous en faisons deux sandwichs » — « Ah, non maman, non ! » — « Non ? Tu dois donner ce qui est à toi, donner quelque chose qui te coûte ». C’est cela s’engager avec le pauvre. Je me prive de quelque chose pour le lui donner. Et je dis aux parents : éduquez vos enfants à faire ainsi l’aumône, à être généreux avec ce qui leur appartient.
Faisons alors nôtres les paroles de l’apôtre Paul : « De toutes manières je vous l’ai montré : c’est en peinant ainsi qu’il faut venir en aide aux faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35 ; cf. 2 Co 9, 7).
Textes de saint Josémaria à méditer
Donner ce que nous pouvons
On est peiné de voir que d’aucuns comprennent ainsi l’aumône : quelques piécettes, de vieilles nippes. On dirait qu’ils n’ont pas lu l’Évangile. N’y allez pas par quatre chemins : aidez les gens à se former avec la foi et la force suffisantes pour que, de leur vivant, généreux, ils se détachent du nécessaire.
Expliquez aux tire-au-flanc qu’il est peu noble, peu élégant (même humainement parlant) d’attendre de le faire à la fin, quand, par la force des choses, ils ne pourront plus rien emporter avec eux.
Sillon, 26
Tu peux aisément ,un jour, ne pas prendre ton moyen de transport pour donner en aumône cette petite épargne. Ce faisant, si tu as un esprit détaché, tu découvriras des occasions continuelles, discrètes et efficaces de le pratiquer.
Amis de Dieu, 125
Les gens sont d’ordinaire peu généreux de leur argent, m’écris-tu. — Conversations, enthousiasme tapageur, promesses, projets. — À l’heure du sacrifice, ils sont peu à « prêter main forte». Et s’ils donnent, c’est par un divertissement interposé
— un bal, un loto, une séance de cinéma, une soirée — ou pour une affiche de bienfaiteurs dans la presse.
—Ce triste tableau a quand même des exceptions : sois, toi aussi, de ceux qui ne permettent pas que leur main gauche sache ce que fait leur droite quand ils font l’aumône.
Chemin, 466
As-tu perçu l’éclat lumineux du regard de Jésus lorsque la pauvre veuve dépose au Temple sa maigre aumône ? — Donne-lui ce que tu peux donner : le mérite n’est pas dans ta petite ou ta grosse somme, mais dans ton bon vouloir.
Chemin, 829
Le Seigneur, en te tendant ses bras, te demande l’aumône permanente de ton amour.
Forge, 404
Il faut ouvrir nos yeux
Demandez effrontément ce trésor au Seigneur, la vertu surnaturelle de la charité pour l’exercer jusqu’à l’ultime détail.
Fréquemment, les chrétiens, nous n’avons pas su répondre à ce don. Nous l’avons parfois rabaissé, limité à l’aumône froide, sans âme ; ou réduit à des œuvres de bienfaisance plus ou moins formelles. Le regret résigné d’une malade exprimait bien cette aberration : ici on me traite avec charité, mais ma mère m’entourait de son affection ! L’amour issu du Cœur du Christ ne saurait donner lieu à une telle distinction.
Amis de Dieu, 229
Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.
Si tu veux atteindre cet esprit, je te conseille d’être sobre avec toi-même et très généreux avec les autres ; évite les dépenses superflues, par luxe, caprice, vanité, commodité... ; ne te crée pas de besoins.
Amis de Dieu, 123
On comprend fort bien l’impatience, l’angoisse, les désirs inquiets de ceux dont l’âme naturellement chrétienne ne peut se résigner à l’injustice personnelle et sociale dont est capable le cœur humain. Tant de siècles de coexistence chez les hommes et tant de haine encore, tant de destruction, tant de fanatisme, concentrés dans le regard de ceux qui ne veulent point voir et dans le cœur de ceux qui ne veulent point aimer.
Les biens de la terre, partagés par quelques-uns; les biens de la culture, recélés dans les cénacles. Et dehors, la famine, la soif de savoir, et des vies humaines, pourtant saintes, puisque issues de Dieu, traitées comme de simples choses, comme des chiffres d’une statistique. Je comprends et partage cette impatience qui me fait lever les yeux vers le Christ, ce Christ qui nous invite sans cesse à mettre en pratique ce commandement nouveau de l’amour.
Quand le Christ passe, 111
Il faut ouvrir les yeux, savoir regarder autour de nous, et percevoir les appels que Dieu nous adresse à travers ceux qui nous entourent. Nous ne pouvons vivre le dos tourné à la foule, enfermés dans notre petit monde, car ce n’est pas ainsi que vécut Jésus. Les Évangiles nous parlent largement de sa miséricorde, de sa capacité de partager la douleur et les besoins des autres: Il a pitié de la veuve de Naïm ; il pleure la mort de Lazare, Il se soucie des foules qui Le suivent et qui n’ont rien à manger, et surtout, Il a aussi pitié des pêcheurs, de ceux qui circulent en ce monde sans connaître la lumière ni la vérité: En débarquant, Jésus qui vit une grande foule, en eut pitié, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et Il se mit à les instruire longuement.
Si nous sommes vraiment enfants de Marie, nous comprenons cette attitude du Seigneur, notre cœur s’agrandit, touché par la miséricorde. Alors, les souffrances, les misères, les erreurs, la solitude, l’angoisse, la douleur de nos frères nous font souffrir. Alors nous sommes pressés de les aider dans leurs besoins et de leur parler de Dieu, pour qu’ils apprennent à s’adresser familièrement à Lui, comme des enfants, pour qu’ils puissent apprécier les délicatesses maternelles de Marie.
Quand le Christ passe, 146