Mgr Echevarria commente chaque jour de la Semaine Sainte.

Comme tous les ans, nous vous proposons quelques commentaires du prélat de l'Opus Dei pour chaque jour de la Semaine Sainte. Ces textes sont tirés d'une intervention de Mgr Xavier Echevarria sur la radio américaine ETWN.

Samedi Saint 

Aujourd’hui, c’est un jour de silence dans l’Eglise : le Christ gît au tombeau, et l’Eglise médite, admirative, sur ce que le Seigneur a fait pour nous. Elle reste silencieuse pour apprendre du Maître, en contemplant son corps détruit. (…) 

Le Samedi Saint n’est pas une journée triste. Le Seigneur a vaincu le démon et le péché, et dans quelques heures, il vaincra également la mort par sa glorieuse résurrection. Il nous a réconcilié avec le Père céleste. Nous sommes de nouveau enfants de Dieu ! (…) 

L’on comprend que l’on ait mis le corps sans vie du Fils dans les bras de la Mère, avant de lui donner une sépulture. Marie est la seule créature capable de lui dire qu’elle comprend parfaitement son Amour pour les hommes, car elle n’a pas été la cause de ses douleurs. La Vierge très pure parle pour nous ; mis elle parle pour nous faire réagir, pour nous nous expérimentions sa douleur, devenue une seule et même chose avec la douleur du Christ. 

Tirons de cela des résolutions de conversion et d’apostolat, d’identification plus profonde avec le Christ, afin d’être entièrement tourné vers les âmes. Demandons au Seigneur qu’il nous transmette l’efficacité salvatrice de sa Passion et de sa Mort. Considérons le panorama qui se présente à nous. La foule qui nous entoure attend que les Chrétiens lui fasse découvrir les merveilles de la rencontre avec Dieu. Il faut que cette semaine sainte – et chaque jour par la suite – soit pour nous l’occasion d’un saut en qualité, pour dire au Seigneur de se mettre totalement dans nos vies. Il faut communiquer à de nombreuses personnes la Vie nouvelle que le Christ nous a obtenu par la Rédemption.

 Vendredi Saint

Aujourd’hui nous voulons accompagner le Christ sur la Croix. Je me souviens de quelques mots prononcés un vendredi saint par Saint Josémaria. Il nous invitait à revivre personnellement les heures de la Passion : depuis l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers jusqu’à la flagellation, le couronnement d’épines et la mort sur la Croix. « La toute puissance de Dieu est clouée par la main de l’homme – disait ce saint prêtre – on conduit mon Jésus d’un endroit à un autre, parmi les insultes et les bousculades de la foule ».

Chacun d’entre nous doit se voir au milieu de cette foule, parce que nos péchés ont été la cause de l’immense douleur qui s’est abattue sur l’âme et le corps du Seigneur. Oui, chacun d’entre nous conduit le Christ d’un endroit à un autre, en le transformant en un objet de moqueries. (…)

Il est juste que nous ressentions la responsabilité de nos péchés. Il est logique que nous soyons très reconnaissant envers Jésus. Il est normal que nous cherchions à réparer, car lorsque nous montrons la petitesse de notre amour, Lui nous répond toujours par un amour total. (…)

Ne laissons pas le Seigneur porter seul la Croix. Accueillons avec joie les petits sacrifices quotidiens, sachons écouter, sourire, comprendre, pardonner, aider celui qui en a besoin… Ainsi nous aiderons le Christ.

Jeudi Saint : institution de l'Eucharistie et du Sacerdoce

La liturgie du Jeudi Saint est très riche en contenu. C’est le jour de l’institution de la Sainte Eucharistie, don du Ciel pour les hommes ; c’est le jour de l’institution du sacerdoce, nouveau don divin qui assure la présence réelle et actuelle du Sacrifice du Calvaire pour tous les temps et tous les endroits, en nous permettant ainsi de nous en approprier les fruits. (…)

Comment répondons-nous à cet amour immense ? En assistant avec foi et dévotion à la sainte Messe, mémorial vivant et actuel du Sacrifice du Calvaire. En nous préparant très bien à la communion, avec l’âme bien propre. En rendant souvent visite à Jésus caché dans le Tabernacle. (…)

C’est la raison pour laquelle l’Eglise nous apprend à aimer profondément tout ce qui touche à l’Eucharistie : Est-ce que nous assistons au Saint Sacrifice tous les dimanches et fêtes d’obligation, en sachant que nous sommes en train de participer à une action divine ? (…)

Nous commémorons également l’institution du sacerdoce. C’est une bonne occasion pour prier pour le Pape, pour les Evêques, pour les prêtres, et pour demander de nombreuses vocations dans le monde entier. Notre prière aura d’autant plus de valeur que nous fréquenterons plus notre Jésus, qui a institué l’Eucharistie et le Sacerdoce. Nous allons dire, avec une sincérité totale, cette phrase que saint Josémaria répétait : « Seigneur, mets dans mon cœur l’amour avec lequel tu veux que je t’aime » (…)

Mercredi Saint : la trahison de Judas

Le Mercredi Saint, nous rappelons la triste histoire de l’un de ceux qui fut Apôtre du Christ : Judas. Saint Matthieu la raconte dans son évangile : « Alors l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les grands prêtres, et dit : " Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? " Et ils lui fixèrent trente pièces d'argent. Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus »

Pourquoi l’Eglise se souvient-elle de cet événement ? Pour que nous prenions conscience que nous pouvons tous nous comporter comme Judas. Pour que nous demandions au Seigneur que, de notre coté, il n’y ait ni trahisons, ni éloignement, ni abandon. Non seulement à cause des conséquences négatives que cela pourrait induire dans nos vies personnelles, et cela serait déjà une raison suffisante. Mais également parce que nous pourrions entraîner d’autres personnes, qui au contraire ont besoin de notre bon exemple, de nos encouragements, de notre amitié. (…)

Nous allons demander au Seigneur de ne plus le trahir. Sachons rejeter, avec sa grâce, les tentations, trompeuses, que le démon nous présente. Nous devons dire non, fermement, à tout ce qui nous éloigne de Dieu. Ainsi, la malheureuse histoire de Judas ne se reproduira pas dans notre vie.

Et si nous nous sentons faibles, accourons au Saint Sacrement de la Pénitence ! Là, le Seigneur nous attend, comme le père de la parabole du fils prodigue, pour nous embrasser et nous offrir son amitié. Il sort continuellement à notre rencontre, même si nous sommes tombés bas, très bas. Il est toujours temps de revenir à Dieu. (…)

Les péchés de Judas et de Pierre furent bien grands ! Les deux ont trahis le Maître : l’un en le livrant aux mains de ceux qui le poursuivaient, l’autre en le reniant trois fois. Et, cependant, comme leur réaction furent différentes ! Le Seigneur gardait pour chacun d’entre eux des torrents de miséricorde. Pierre s’est repenti, il a pleuré son péché, il a demandé pardon, et il a été confirmé par le Christ dans la foi et dans l’amour ; avec le temps, il finira par donner sa vie pour notre Seigneur. Judas, en revanche, n’a pas fait confiance à la miséricorde du Christ. Les portes du pardon de Dieu lui furent ouvertes jusqu’au dernier moment, mais il n’a pas voulu les franchir au moyen de la pénitence. (…)

Mardi saint : Comment va notre Foi ?

L’Evangile de la Messe d’aujourd’hui nous annonce que les Apôtres laisseront le Christ seul au cours de sa passion A Simon Pierre qui, remplit de présomption, affirme : « Je donnerai ma vie pour toi » le Seigneur répond : « Tu donneras ta vie pour moi ? Je te le dis : avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois fois ».

Quelques jours plus tard, ce qui était prévu arrivait. Cependant, quelques heures avant, le Maître leur avait donné une leçon claire, comme pour les préparer aux moments d’obscurité qui approchaient.

Cela est arrivé le lendemain de son entrée triomphale à Jérusalem. Jésus et les Apôtres avaient quitté Béthanie de bon matin, en hâte ; peut-être même sans prendre le temps de manger quelque chose. A tel point, que, comme le remarque saint Marc,le Seigneur eut faim. Et voyant au loin un figuier qui avait des feuilles, il s'en approcha pour voir s'il y trouverait quelque chose; et s'en étant approché, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'était pas le temps des figues. Prenant la parole, il lui dit : « Que jamais plus personne ne mange du fruit de toi !  » Et ses disciples entendaient. (…)

Au cours de sa vie publique, pour faire des miracles, le Seigneur ne demandait qu’une chose : la foi. Aux deux aveugles qui le suppliaient de le guérir, il leur posa cette question : « Croyez vous que je peux faire cela ? oui, lui répondirent-ils (…) »

Nous devons également nous demander : quelle est notre foi ? Avons-nous pleinement confiance en la parole de Dieu ? Demandons-nous dans la prière ce dont nous avons besoin, sûrs de l’obtenir, si c’est pour notre bien ? Insistons-nous suffisamment dans nos prières, sans nous décourager ? (…)

Lundi Saint : Jésus à Béthanie

Hier nous évoquions l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Une foule de disciples et d’autres personnes l’ont acclamé comme Messie et Roi d’Israël. A la fin de la journée, fatigué, le Christ retourne à Béthanie, une bourgade proche de la capitale où il a l’habitude d’aller lorsqu’il se rend à Jérusalem. (…)

Six jours avant la Pâque, raconte saint Jean, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, le mort qu'il avait ressuscité. Là, on lui fit un souper, et Marthe servait. Or, Lazare était de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard très pur, très précieux, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux. Et la maison fut remplie de l'odeur du parfum.

Immédiatement, la générosité de cette femme saute aux yeux. Elle souhaite manifester sa reconnaissance envers le Maître, parce qu’il a rendu la vie à son frère et pour tant d’autres biens reçus, et elle ne regarde pas à la dépense. Judas, présent, calcule exactement le prix du parfum. (…)

Pour être une véritable vertu, la charité doit être ordonnée. Et elle concerne Dieu en premier lieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. Voilà quel est le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

De ces deux commandement dépendent la loi et les prophètes. Pour cela, ceux qui se désintéressent des nécessités de l’Eglise et des ministres sacrés – avec l’excuse de soulager les nécessités matérielles des hommes – se trompent. Saint Josémaria Escriva écrit : « Cette femme, qui répandit, chez Simon le lépreux, à Béthanie, un parfum coûteux sur la tête du Maître, nous rappelle au devoir d'être magnifiques dans le culte de Dieu.

— Tout le luxe, la majesté et la beauté du monde me semblent peu.

— Et contre ceux qui s'en prennent à la richesse des vases sacrés, des ornements, des retables..., s'élève la louange de Jésus: Opus enim bonum operata est in me — c'est une bonne oeuvre que cette femme a faite envers moi. (Chemin 527)

Combien de personnes se comportent comme Judas ! Elles voient le bien que d’autres font, mais elles ne veulent pas le reconnaître : elles font tout ce qu’elles peuvent pour voir des intentions tordues, elles critiquent, elles médisent, elles font des jugements téméraires. Elles réduisent la charité à des actions strictement matérielles – donner quelques pièces à celui qui en a besoin, peut-être pour tranquilliser leur conscience – et elles oublient que, comme l’écrit saint Josémaria, « la charité chrétienne ne se borne pas à secourir celui qui a besoin de biens matériels; elle vise avant tout à respecter et à comprendre chacun, pris individuellement, et à respecter sa dignité intrinsèque d'homme et d'enfant du Créateur ». (…)

Dimanche des Rameaux

La Semaine Sainte commence et nous nous souvenons de l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem (…)

Jésus entre à Jérusalem monté sur un âne. Nous devons tirer des conséquences de cette scène. Chaque chrétien peut et doit se convertir en trône du Christ. Ces paroles de saint Josémaria nous vont comme un gant : « Si la condition, pour que Jésus règne en ton âme et en la mienne, était qu'Il trouve en nous une demeure digne, nous aurions de quoi nous désespérer. Mais sois sans crainte, fille de Sion: voici venir ton roi, monté sur le petit d'une ânesse. Voyez de quel pauvre animal Jésus se contente pour trône. (…) Certes, il existe des centaines d'animaux plus beaux, plus habiles et plus cruels, mais c'est lui qu'a choisi le Christ pour se présenter en roi au peuple qui l'acclamait. Car Jésus n'a que faire de l'astuce calculatrice, de la cruauté des cœurs froids, de la beauté qui brille mais qui n'est qu'apparence. Notre Seigneur aime la joie d'un cœur jeune, la démarche simple, la voix bien posée, le regard limpide, l'oreille attentive à sa parole affectueuse. C'est ainsi qu'Il règne dans l'âme ».

Laissons-le prendre possession de nos pensées, paroles et actions ! Rejetons surtout l’amour propre, qui est le plus grand obstacle au Royaume du Christ ! Soyons humbles, sans nous approprier des mérites qui ne sont pas à nous. Imaginez-vous combien l’âne aurait été ridicule, s’il s’était approprié les clameurs et les applaudissements que les gens adressaient au Maître ? (…)