- Marie appartient totalement à Dieu
- Pour faire partie d’une famille divine
- Fidélité dans ce qui est grand et dans ce qui est petit
UNE ANCIENNE tradition raconte que les parents de la Vierge, saint Joachim et sainte Anne, l’ont emmenée au temple de Jérusalem. Elle y est restée quelque temps en compagnie d’autres jeunes filles, pour être instruite dans les traditions et la piété d’Israël. Nous pouvons lire dans l’Ancien Testament que la mère du prophète Samuel, également nommée Anne, avait fait la même chose quelque temps auparavant, lorsqu’elle avait offert son fils pour le service de Dieu dans le tabernacle où se manifestait sa gloire (cf. 1 S 1, 21-28).
Après cette période, Marie a continué à mener une vie normale avec Joachim et Anne. Elle est restée sous leurs soins alors qu’elle devenait une femme. Elle a mûri comme un membre de son peuple, sans rien d’extraordinaire dans son comportement. En bonne juive, elle a orienté toute sa vie vers le Seigneur, dont elle ne savait pas encore qu’elle allait devenir mère. La fête d’aujourd’hui célèbre précisément cette appartenance de la Vierge Marie à Dieu, son dévouement total au mystère du salut tout au long de sa vie.
« Comme la sainte enfant Marie s’est offerte à Dieu au Temple avec promptitude et entièrement, ainsi, en ce jour, présentons-nous à Marie sans délai et sans réserve » [1], écrit saint Alphonse Marie de Liguori. Par sa propre vie, elle nous montre le chemin vers son Fils, afin que notre vie aussi ait son centre en lui. « Ses mains, ses yeux, son attitude sont un catéchisme vivant et pointent toujours vers le fondement, le centre : Jésus » [2].
JÉSUS parle à la foule. Soudain, quelqu’un passe et lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler ». Le Seigneur répond par une question à laquelle il donne lui-même la réponse : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » […] Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » (Mt 12, 46-50).
Ces mots du Christ peuvent nous surprendre. Nous avons peut-être l’impression que le Seigneur minimise l’importance de sa relation avec sa mère. Cependant, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que le Maître met l’accent sur la fidélité avec laquelle elle vit sa vocation, qui est la source de sa proximité intime avec son Fils. Saint Augustin commente, en mettant ces paroles sur les lèvres de Jésus lui-même : « Ma mère, que vous proclamez bienheureuse, l’est précisément à cause de son observance de la Parole de Dieu, […] parce qu’elle a été la fidèle gardienne de la Parole même de Dieu, qui l’a créée et en elle s’est faite chair » [3].
Ces mots du Seigneur nous apprennent que les disciples de Jésus peuvent faire partie de sa propre famille. Ceux d’entre nous qui veulent partager la vie avec le Christ et faire la volonté de Dieu le Père sont beaucoup plus que de simples collaborateurs dans un projet pour le bien de la société. « Devenir disciple de Jésus, dit le Catéchisme, c’est accepter l’invitation d’appartenir à la famille de Dieu, de vivre en conformité avec sa manière de vivre » [4]. Aujourd’hui, nous pouvons demander à Marie que, puisqu’elle est déjà devant Dieu, elle nous obtienne la grâce d’être chaque jour plus proches de son Fils Jésus.
DANS LES ÉVANGILES, nous voyons plusieurs moments où Marie répond fidèlement à la volonté divine. Le « oui » qu’elle a prononcé au moment de l’annonce de l’ange était « le premier pas d’une longue liste d’obéissances qui accompagneront son parcours de mère » [5]. La plus grande expression de cette fidélité se trouve peut-être lorsqu’elle reste au pied de la croix à côté de son Jésus, lui offrant la plus grande consolation par sa seule présence. Les évangélistes ne disent rien de sa réaction, ils soulignent seulement que sur le Golgotha, elle est restée : « elle se tenait ». La Vierge ne concevait pas une attitude de fuite ou d’éloignement. Elle avait découvert que le plus grand bonheur — cette fois-ci mêlé à une abondance de douleur — consiste parfois simplement à « se tenir » près de son fils.
La vie de Marie a également été marquée par d’autres moments de fidélité quotidienne qui ne sont pas relatés dans l’Évangile. Il est possible que sa vie de tous les jours ait été celle de la plupart des femmes de son époque. Et c’est dans ces tâches communes à celles de son peuple qu’elle a aussi accompli la volonté de Dieu. Elle a sanctifié ce qui est petit ou grand, ce que chaque jour apporte avec lui, ce qui à première vue avait peu de valeur mais qui en a beaucoup pour nous. Elle savait mettre de l’amour dans tout ce qu’elle faisait. « Un amour poussé à l’extrême, jusqu’à l’oubli total de soi, toute contente qu’elle était de se trouver à sa place, là où Dieu la voulait, dans l’accomplissement total de la volonté divine. C’est pourquoi le plus petit de ses gestes n’est jamais banal, mais apparaît, au contraire comme plein de signification » [6].
C’est ainsi que s’est accompli ce que Jésus dira plus tard à ses disciples : « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande » (Lc 16, 10). Dès que Marie a été présentée au Temple, toute sa vie a tourné autour de Dieu. Et grâce à cette fidélité dans les petites choses, vécue sous l’action de l’Esprit Saint, Marie a su être fidèle aussi dans les grandes choses.
[1]. Saint Alphonse Marie de Liguori, Les gloires de Marie, Discours III.
[2]. Pape François, Audience générale, 24 mars 2021.
[3]. Saint Augustin, In Ioannis Evangelium 10, 3.
[4].Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2233.
[5]. Pape François, Audience générale, 10 mai 2017.
[6]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 148.