Ma dernière interview avant de devenir prêtre !

Fabio Quartulli, que nous vous avions présenté au mois de novembre, sera ordonné prêtre samedi 26 mai. Il retrace pour nous le parcours qui l'a conduit au sacerdoce.

Fabio, vous allez être ordonné prêtre de l’Opus Dei dans quelques jours. Vous avez 37 ans, un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de choisir la prêtrise?

Ce n’est pas moi qui ai attendu si longtemps pour choisir la prêtrise, mais Dieu ! Quand Dieu est entré dans ma vie à l’âge de 20 ans, Il m’a tout de suite fait sentir l’inquiétude de la vocation à l’Opus Dei. J’ai senti que Dieu ne voulait pas que j’abandonne mes études et mes projets professionnels, mais que je me sanctifie là où Il était venu me chercher : dans mes études et ensuite dans ma profession. J’ai donc obtenu mon doctorat, puis j’ai travaillé, en cherchant à pratiquer les enseignements de saint Josémaria sur la sanctification de la vie ordinaire.

Votre parcours est peu commun : d’une cellule communiste à la prêtrise dans l’Opus Dei. Nous en avons parlé dans un article récent. Est-ce qu’il vous était arrivé de penser à la prêtrise auparavant ?

Durant les années qui ont précédé ma venue à Rome pour suivre des études de théologie — je suis arrivé à Rome en 2002 —, j’ai pensé à la prêtrise, mais pas à la mienne, à celle des autres. Je priais, comme le font en réalité tous les fidèles de l’Opus Dei, pour la sainteté des prêtres et pour que le Seigneur ne cesse d’appeler des hommes au ministère sacerdotal. J’ai conscience que si j’ai pu me convertir et persévérer dans ma vocation, c’est parce que le Seigneur m’a nourri de son Corps tous les jours dans la messe et m’a fait entendre sa parole de pardon pour mes péchés dans la confession. Sans prêtre, cela n’aurait pas été possible !

Qu’auriez-vous dit si on vous en avait parlé?

En réalité, on m’en avait parlé. Les gens qui connaissaient mon engagement pour vivre un christianisme cohérent avaient le réflexe « traditionnel » de me demander si je voulais être prêtre ou entrer dans un monastère. J’en profitais pour leur expliquer, comme le rappelle le Concile Vatican II, qu'en réalité nous sommes tous appelés à la sainteté.

Que diriez-vous à un jeune qui peut se trouver dans la situation que vous avez connue, ou simplement qui hésite à devenir prêtre ?

Pour faire connaître sa volonté, le Seigneur utilise diverses voies. Pour me faire connaître l’Opus Dei, Il a mis sur mon chemin un fidèle de la Prélature dont j’ai déjà parlé [vid. interview précédente]. Pour m’appeler ensuite à la prêtrise dans l’Opus Dei, il a fallu que le Prélat me dise que, si je le voulais, il pensait m’ordonner diacre, puis prêtre. Je dirais donc à un jeune de ne pas laisser passer l’opportunité que Dieu lui donne, parce que répondre « oui ! » librement, c’est la garantie du bonheur dès ici-bas. Saint Josémaria répétait souvent que Dieu ne se laisse pas gagner en générosité : je dois dire que mon expérience personnelle confirme cela.

Saint Josémaria disait qu’il voulait des prêtres saints, savants et sportifs. Qu’attendez-vous de la prêtrise ? Quelle sera votre tâche pastorale ?

Je devrai spécifiquement m’occuper des tâches pastorales qui me seront confiées par la Prélature de l’Opus Dei. Mais le cœur d’un prêtre doit être comme le cœur de Celui qu’il représente : ouvert à tous ceux qui passent à ses côtés. J’espère sincèrement pouvoir faire toucher du doigt aux personnes que mon ministère sacerdotal mettra sur ma route la réalité de la miséricorde de Dieu, comme j’ai pu moi-même en faire l’expérience.

En quoi pensez-vous que votre formation professionnelle peut vous aider ?

Elle m’aidera sans aucun doute à comprendre les difficultés que quelqu’un peut rencontrer pour mettre en pratique son désir d’avoir un dialogue continu avec le Seigneur. Par expérience, je sais combien les tâches qu’il faut assumer pour bien faire son travail semblent un obstacle à la sainteté. Dans les laboratoires où j’ai travaillé, plus d’une fois j’ai eu l’impression que l’effort de concentration pour mener à bien une expérience m’empêchait de parler avec le Seigneur. Il m’en a coûté de comprendre qu’en fait, pour quelqu’un qui désire le fréquenter dans de telles circonstances, cette concentration est précisément le dialogue qu'il attend. Une fois compris cela, le travail devient plus léger, parce que toutes les choses trop humaines qui le motivent disparaissent de l’horizon.

Que reste-t-il du militant communiste?

Voilà une question à laquelle il n’est pas facile de répondre ! La première réponse qui me vient à l’esprit n’est pas très positive : j’ai tendance à ne pas laisser aux gens beaucoup d’espace pour expliquer leurs opinions. Quand j’étais communiste, malheur à qui cherchait à défendre une opinion politique contraire à la mienne ! Après ma conversion, et maintenant encore, même si c'est dans une moindre mesure, malheur à qui s’oppose à la foi chrétienne ! Et cela malgré mes efforts pour changer… Je crois d’ailleurs que ceux qui me connaissent doivent douter de tels efforts !

Pour ne pas finir sur cette note pessimiste, il me reste une grande préoccupation pour les pays d’Europe de l’Est qui ont fini par sortir du joug communiste. J’avoue avoir un faible pour la Russie… Je dirai un faible « romantique » parce qu’influencé par mon goût pour les auteurs russes comme Dostoïevski, Pouchkine ou Tourgueniev. Et puis, je prie aussi pour le Vietnam, puisque la cellule communiste où je militais s’appelait Ho Chi Minh… J’ai aussi un faible pour toutes les initiatives sociales que les fidèles de la Prélature promeuvent avec leurs amis partout dans le monde. Espérons que mes écarts de langage ne rendront pas mes prières pour ces pays et ces initiatives sans écoute auprès de Dieu !