Fille élue de Sion et Vierge accueillant l’Emmanuel, Notre Dame a attendu le premier Noël en deux étapes. Paisiblement dans le foyer familial, durant ses premières années, nourrie par l’espérance d’Israël à l’égard du Messie ; ensuite, dans un crescendo accéléré, à partir de l’annonce de l’archange. Son attente a été d’autant plus intense que, par son humilité, elle n’imaginait pas de devenir la mère du Sauveur.
Par la suite, Notre Dame a persévéré dans l’attente du mystère pascal de son Fils et puis jusqu’à l’accomplissement de ce parcours en elle-même, par l’Assomption ; au ciel, enfin, elle vit encore un « avent » actif dans l’expectative de la fin du temps de l’Église et du monde.
Miroir sans tache de la justice divine, Marie enfant a été imprégnée par les enseignements de la Torah, à la maison et à la synagogue. Conçue sans péché, son intelligence était comme un livre ouvert et réceptif, sur lequel l’Esprit Saint pouvait graver, à loisir et en profondeur, les lignes maîtresses du plan de salut. Durant sa jeunesse, la Vierge de Nazareth a savouré les Écritures saintes et écouté les commentaires des lettrés. À un niveau excellent de foi, « notre Mère a longuement médité les paroles des saints, ces hommes et ces femmes de l’Ancien Testament qui attendaient le Seigneur, ainsi que les événements auxquels ils ont été mêlés » (Saint Josémaria, Amis de Dieu §241). Son âme sainte y découvrait des trésors de miséricorde et des sources d’espérance : promesses, bénédictions, pardons. Déjà « siège de la sagesse », elle découvrait une réalité au-delà des rêves plus audacieux ; Marie brûlait du désir du Messie.
Depuis la chute des premiers parents, parmi les générations privés de l’amitié divine, les péchés s’étaient multipliés. Après avoir reçu le sang d’Abel, le juste assassiné, la terre était assoiffée de justice. Toutefois, les inspirations divines ouvraient des fenêtres d’espérance. Les hommes et femmes fidèles avaient imploré avec impatience la plénitude des temps. Dans l’histoire du salut, on mentionne souvent avec reconnaissance, les Patriarches : Mathusalem, Hénoch, Noé, Abraham sont, entre autres, bien connus dans le langage populaire et biblique. En revanche, on prête moins d’attention à leurs femmes ou à d’autres matriarches. La jeune Marie admire notamment le rôle de la femme dans la réparation de la faute primitive : au seuil du paradis terrestre, après l’effondrement moral des origines, on découvre le protagonisme de « la femme » ; sa descendance écrasera la présomption du serpent (Genèse 3, 15).
De nombreuses filles d’Eve se sont succédé, avec plus ou moins de fidélité au Créateur ; certaines, poussées par la grâce, ont été des maillons solides dans l’avènement du Messie. Des jeunes célibataires et des matrones fécondes ; des épouses loyales et des guerrières improvisées ; des femmes affairées au foyer et d’autres qui exerçaient des métiers à l’extérieur. Marie estime la persévérance de Sara, la retenue de Rébecca, les joies laborieuses de Rachel ; l’humilité de Ruth, cette étrangère qui, convertie à la foi d’Israël, devint l’aïeule de David ; elle connaît le dévouement de Séphora pour Moïse ; admire l’hospitalité d’Abigaïl envers David, autant que la fermeté de Suzanne devant les harceleurs ; le courage hardi de Judith et d’Esther.
Depuis les bénédictions adressées à Rébecca (Genèse 24, 60), beaucoup de femmes ont reçu des louanges, comme la « femme vaillante » par sa piété (Proverbes 31, 30) ou la veuve courageuse dans sa foi : « Tu es la gloire de Jérusalem, la fierté d'Israël, l'honneur de notre race ! » (Judith 15, 9). La prière reconnaissante d’Anne, la mère de Samuel, a modelé le Magnificat. « La femme est appelée à donner à la famille, à la société civile, à l'Église, ce qui lui est caractéristique, ce qui lui est propre et qu'elle est seule à pouvoir donner : sa tendresse délicate, sa générosité infatigable, son amour du concret, sa finesse d'esprit, sa faculté d'intuition, sa piété profonde et simple, sa ténacité » (saint Josémaria, Entretiens §87).
Une femme a été élue pour une tâche d’exception. Notre Dame, en accueillant l’héritage de ses prédécesseurs, le porte au sommet en acceptant sa maternité divine. La bénédiction qui renferme toutes les autres est le Fruit divin de son sein. Sans bruit, dans le calme empressé de l’Avent, la Vierge mère prépare le sacrifice du Fils. « Les grandes héroïnes de l’Ancien Testament, Judith, Esther, Déborah, obtinrent déjà sur la terre une gloire humaine, furent acclamées par le peuple, exaltées. Le trône de Marie, comme celui de son Fils, c’est la Croix. C’est sa présence silencieuse qui nous impressionne » (saint Josémaria, Amis de Dieu §286). La Servante précède le Serviteur.
Pour elle, l’attente du Messie a connu un tournant avec l’annonciation de Gabriel. La Vierge de Nazareth a découvert la Trinité et ses projets ; première confidente de la Nouvelle Alliance, elle peut, avec Joseph, guider notre Avent.