Les calices du Christ

Le sang de Jésus fut le prix de l'amour infini et le gage d'une alliance universelle. Les anges recueillent symboliquement ce sang versé, qui intercède pour les hommes jusqu'à la fin du monde.

6. Les calices du Christ

Giotto di Bondone, Crucifixion (Padoue, 1306).

« Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire ? » (Matthieu 20, 22), demande Jésus à deux de ses disciples, avant l'entrée en Jérusalem. Dans quelques semaines, il boira le calice jusqu'à la lie.

La Bible connaît les coupes d'amertume et de réjouissance : les premières indiquent le châtiment ou la purification ; les autres, la fraternité conviviale et le triomphe messianique.

Jésus a dû boire à la coupe savoureuse de Cana ; à la dernière Cène, la coupe de l'alliance, dans son propre Sang versé, annonçait la rédemption et la vie éternelle des ressuscités. Sans doute, dans ces calices de liesse, Jésus voyait déjà poindre le drame de la Croix.

Dans la prière du Jardin des Oliviers, le Fils accepte, malgré la répugnance naturelle, la potion douloureuse qui deviendra prix et médicament contre le péché du monde ; sur la croix, en plus du fiel et du vinaigre, annoncés par le psalmiste, Jésus éprouvera la déréliction de son âme.

Les représentations de Gethsémani ont mis souvent un calice entre les mains de l'ange consolateur, pour matérialiser la prière du Rédempteur. Les tableaux qui montrent le Christ blessé sur la Croix, font ruisseler le sang de ses cinq plaies. Giotto, dans l'une de ses crucifixions (Padoue, 1306), fait intervenir trois anges, portant des calices : ils recueillent symboliquement ce sang versé, qui intercède pour les hommes jusqu'à la fin du monde. L'Église est bien consciente de garder le sang rédempteur dans la célébration eucharistique et de l'appliquer dans l'ensemble de son activité.

Le sang de Jésus fut le prix de l'amour infini et le gage d'une alliance universelle. Le chrétien fréquente l'Eucharistie et les sacrements avec l'humilité audacieuse d'un fils. En revanche, prévenait saint Josémaria, « si l'on abandonne les sacrements, la vraie vie chrétienne disparaît » (Quand le Christ passe, n° 78).

Dans cette semaine sainte, nous souhaitons « que s'affirme dans nos âmes le désir d'user avec davantage d'amour et de gratitude de ces sources de sanctification » (ibidem) : notamment, la confession pascale et la communion ; et nous inviterons nos proches à faire de même. Faire ses Pâques est aussi ne pas rendre vains les calices du Christ.

Abbé Fernandez