Le Projet ReachOut !, dans une banlieue de Manchester

Des étudiants de l’université et des jeunes professionnels travaillent depuis pratiquement dix ans dans l’une des zones les plus défavorisées de Manchester. Le projet consiste en divers programmes d’éducation à caractère non obligatoire.

25 juin 2003

De Moss Side on n’attend que de mauvaises nouvelles. C’est l’un des quartiers de Manchester que la mentalité collective de Manchester a associé à l’échec, et qui jouit certainement de la plus mauvaise presse. Moss Side et son voisin Hulme ne sont pas les seules zones à problèmes de Manchester et du nord-ouest de l’Angleterre, mais sont probablement les plus connues et ce, sans tenir compte des nombreux progrès obtenus au cours des dernières années dans ce district.

Situés au sud du cœur commercial de la ville, Moss Side et Hulme se trouvent parmi les zones de plus fort trafic illégal de drogue de tout le Royaume Uni. Leurs traits distinctifs sont un pourcentage élevé de population africaine et caraïbe, comme conséquence de l’immigration à partir des années 50 et un taux de chômage élevé ; mais la frustration et les indices de criminalité sont encore plus élevés chez la jeunesse de couleur. Une pression « quasi insupportable » qui a amené de nombreux jeunes à tomber dans la consommation de drogues, selon les mots de l’un des leaders de la jeunesse locale complète ce triste panorama.

De considérables investissements à caractère officiel et des réhabilitations d’immeubles aident le quartier à sortir du tunnel, mais il reste encore beaucoup à faire.

Le défi de l’éducation

En 1994, un groupe de résidents de Greygarth, qui est une résidence d’étudiants, avec quelques-uns uns de leurs amis ont décidé de faire quelque chose par eux mêmes et de proposer à la jeunesse de la zone le défi d’une éducation à caractère non obligatoire, présentée de manière à attirer ceux qui pourraient en bénéficier. C’est ainsi que naquit ReachOut !

Ce programme de formation de la jeunesse urbaine est une initiative où les étudiants de l’université et des professionnels travaillent avec des jeunes des zones les plus défavorisées de Manchester pour les motiver dans leurs études et les aider à découvrir qu’apprendre peut être amusant. Jusqu’à l’an dernier, les activités avaient lieu dans les maisons de la jeunesse de Moss Side et de Hulme. Pendant le dernier trimestre 2002 et grâce à une aide de l’état, le programme a pu être réalisé avec les écoles et commencer dans une autre zone, Wythenshawe, qui partage avec Moss Side et Hulme des statistiques analogues en matière de violence, de drogue et de chômage.

ReachOut ! s’occupe actuellement d’enfants entre 8 et 14 ans, bien que son objectif soit de poursuivre l’aide qu’il apporte à ces jeunes et à ceux qui viendront avec le temps afin que le plus grand nombre possible parvienne à étudier à l’université. Un but ambitieux, car, comme l’explique Mukhtar Khares, employé de la municipalité de Manchester « dans le quartier, on pense qu’aller à l’université est quelque chose que font les gens qui ne sont pas de Moss Side ou de Hulme »

Des modèles positifs

Reach Out! S’inspire de l’enseignement de Saint Josémaria Escriva qui a promu pendant sa vie diverses initiatives en faveur des plus nécessiteux.. D’autre part, ReacOut ! accueille comme assistants des étudiants de toute religion ou d’aucune, l’accent est mis sur le fait que ces étudiants peuvent offrir un exemple positif à des jeunes qui connaissent rarement des personnes en condition de leur apporter cette aide. « La plupart de leurs parents, frères et sœurs sont restés longtemps sans emploi et sans espoir de sortir de cette situation. Il y avait une carence réelle d’aide éducative et ReachOut! l’a apportée là où on en avait le plus besoin » a déclaré Mukhtar Khares.

Jusque récemment ReachOut! se composait de deux éléments principaux : un programme d’été durant lequel les enfants se consacraient pendant toute la journée à l’étude des mathématiques, des langues et des sciences pendant deux ou trois semaines de vacances, sous la direction des étudiants et en combinant l’étude avec le sport, des jeux et d’autres activités de loisirs. Et puis un programme semestriel où les étudiants viennent pendant quelques heures chaque semaine aux centres pour la jeunesse du quartier pour assister les jeunes individuellement ou par petits groupes dans les matières d’étude les plus importantes. Au début 2003 un programme de tutorat a débuté en collaboration avec les écoles du lieu. On travaille actuellement dans trois écoles et dans deux centres pour jeunes. Ce sont, au total, plus de 150 jeunes qui assistent chaque semaine à l’un de nos programmes. L’équipe d’étudiants qui travaillent comme volontaires compte déjà plus de 60 membres originaires des quatre universités de Manchester.

Apprendre la plus indispensable des leçons

Le projet lancé par les étudiants de Greiygarth a donné lieu à une autre organisation indépendante. Un groupe d’étudiantes de l’université a promu une série d’activités pour filles selon le même esprit que ReachOut ! , lequel consiste à ce que les filles considèrent les personnes qui les aident comme si leurs sœurs aînées, et ce comme conséquence d’un respect et d’une estime mutuels, de sorte qu’une relation personnelle de confiance s’établit entre elles.

Pour Shirley May qui travaille depuis des années dans des projets pour jeunes dirigés par le service municipal des bibliothèques, c’est là un des axes du projet. « J’ai été témoin du fait que les étudiants y apprennent la leçon la plus indispensable : qu’ils doivent écouter et respecter celui qui les aide. Au long du programme, les professeurs se sont gagné le respect des étudiants et les étudiants celui des professeurs » affirme Shirley.

Un acquis considérable

Ce que ReachOut !a obtenu en si peu de temps est considérable et ce, grâce au dur travail de ses dirigeants et des étudiants, à la collaboration de la jeunesse locale et l’encouragement du corps municipal de Manchester et de l’université. Grande est la satisfaction des jeunes. Comme l’indique David, « enseigner aux garçons à apprendre est l’une des meilleures choses que j’aie faites dans ma vie. Lorsqu’un enfant vient sans savoir et qu’il part en sachant, tu te trouves envahi par la sensation que tu as obtenu quelque chose d’important. »

Et cependant, il reste encore beaucoup à faire. John O’ Donell qui a rejoint il y a presque un an l’équipe de direction du projet résume l’objectif de cette manière : « nous voulons parvenir à faire fréquenter 1000 jeunes par 100 «étudiants ». C’est un but certes ambitieux mais qui sera dépassé sous peu. « Cet été, on commencera à travailler à Glasgow et à Londres et la prochaine année scolaire, nous avons prévu de compter avec l’aide de plus de 100 volontaires à Manchester pour le moins. » indique John.