La Résurrection

Le soir de ce même jour, le premier de la semaine les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, par crainte des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d’eux et leur dit : « Paix avec vous ! »

Le soir de ce même jour, le premier de la semaine les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, par crainte des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d’eux et leur dit : « Paix avec vous ! » Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit une seconde foi : « Paix avec vous. Comme mon Père m’a envoyé, mois aussi je vous envoie. » Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez ils leur seront retenus»

(Jn 20, 19-23).

Le Christ vit. Voilà la grande vérité qui donne son contenu à notre foi. Jésus, qui est mort sur la croix, est ressuscité ; il a triomphé de la mort, de la puissance des ténèbres, de la douleur et de l’angoisse. Ne vous effrayez pas, s’écrie l’ange en saluant les femmes qui se rendent au sépulcre ; ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifie: il est ressuscité, il n’est pas ici (Mc 16, 6). Hæc est dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in ea; voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie (Ps 117, 24).

Le temps pascal est un temps de joie, d’une joie qui ne se limite pas à cette seule époque de l’année liturgique, mais qui réjouit à tout moment le cœur du chrétien. Car le Christ vit : le Christ n’est pas une figure qui n’a fait que passer, qui n’a existé qu’un certain temps et qui s’en est allée, en nous laissant un souvenir et un exemple admirables.

Non : le Christ vit. Jésus est l’Emmanuel : Dieu est avec nous. Sa résurrection nous révèle que Dieu n’abandonne pas les siens. Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour oublier, moi, je ne t’oublierai jamais (Is 49, 14-15), avait-il promis. Et il a tenu parole. Dieu continue à faire ses délices parmi les enfants des hommes (cf. Pr 8, 31).

Pourtant je vous dis la vérité: il vaut mieux pour vous que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous; mais si je pars, je vous l’enverrai (Jn 16, 7). Tels étaient les desseins de Dieu : Jésus, en mourant sur la croix, nous donnait l’esprit de vérité et de vie. Le Christ demeure dans son Église : dans ses sacrements, sa liturgie, sa prédication, toute son activité.

D’une manière spéciale, le Christ demeure présent parmi nous, dans le don quotidien de la Sainte Eucharistie. C’est pourquoi la messe est le centre et la racine de la vie chrétienne. Dans toute messe, le Christ total, Tête et Corps, est toujours présent. Per Ipsum, et cum Ipso, et in Ipso. Car le Christ est le Chemin, le Médiateur : en lui, nous trouvons tout ; hors de lui, notre vie est vide. En Jésus-Christ, et instruits par lui, nous osons dire — audemus dicerePater noster, notre Père. Nous osons appeler Père le Seigneur des cieux et de la terre.

La présence de Jésus vivant dans la sainte Hostie est la garantie, la racine et la consommation de sa présence dans le monde.

Le Christ vit dans le chrétien. La foi nous dit que l’homme en état de grâce est divinisé. Nous sommes des hommes et des femmes, non des anges. Des êtres en chair et en os, avec un cœur et des passions, des tristesses et des joies. Mais la divinisation s’accomplit dans l’homme tout entier, comme une anticipation de la résurrection glorieuse. Mais non, le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. De même, en effet, que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ (1 Co 15, 20.22).

La vie du Christ est notre vie, comme il l’a promis à ses apôtres, le jour de la dernière Cène : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure (Jn 14, 23). Le chrétien doit, par conséquent, vivre selon la vie du Christ, en faisant siens les sentiments du Christ, afin de pouvoir s’écrier avec saint Paul, non vivo ego, vivit vero in me Christus (Ga 2, 20), et si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi.

Quand le Christ passe, 102-103.