Gouvernement et collégialité dans l'Opus Dei : témoignage de Marlies Küking

Marlies Küking a travaillé en collaboration avec saint Josémaria, au siège central de l'Oeuvre. Elle évoque ici les traits essentiels de la façon de travailler, à tous les niveaux de direction dans l'Opus Dei.

Vous avez travaillé au gouvernement central de l’Opus Dei depuis 1964, en collaborant à la direction de l’Opus Dei avec saint Josémaria, avec le Bienheureux Álvaro del Portillo et avec Mgr. Echevarria, l'actuel Prélat. Quels sont les grands principes qui président au gouvernement de l’Œuvre ?

C’est le principe de collégialité qui préside à tous les niveaux de la direction de l’Opus Dei : les affaires sont étudiées et normalement traitées par écrit, par les personnes chargées des différents secteurs et qui doivent prendre des décisions. Chacun expose son avis librement, apporte son point de vue et les données dont il dispose. Si l’affaire le requiert, on sollicite l’avis d’experts en des aspects plus techniques, on s’appuie sur des expériences acquises en la matière, etc.

Il nous disait que nous devions percevoir des âmes sous les documents de travail.

Quant à la diversité d’opinions, elle se manifeste avec naturel et reflète le sens des responsabilités. Elle pousse à mieux approfondir les affaires traitées.

Le fondateur de l’Opus Dei, nous encourageait à toujours comprendre le travail de direction et de gouvernement comme une occasion de servir Dieu et l’Église et de contribuer au bonheur des personnes. Il nous disait que nous devions voir les âmes à travers les documents de travail. Nous nous efforcions donc de nous y plonger, avec un profond sens surnaturel.

La décentralisation est un autre principe de référence dans ce gouvernement où les différentes circonscriptions ont une large marge de manœuvre. Le gouvernement central, à Rome, est chargé des affaires les plus importantes ou de plus grande envergure. En effet, Singapour et le Kazakhstan, l’Afrique du Sud et la Belgique, n’ont pas grand-chose en commun et ceux qui y habitent sont mieux à même d’en connaître les tenants et les aboutissants. Ils savent ce qu’il convient de faire à chaque moment.

Quels étaient les rapports de Saint Josémaria avec ses milliers d’enfants de par le monde ?

Des rapports de père et de mère : la peine d’un fils était sa peine, nos joies, les siennes. Il connaissait personnellement des centaines de membres de l’Opus Dei dans les différents pays mais, dès la première rencontre, les gens étaient touchés par son cœur de Père.

Je l’ai personnellement vérifié car j’ai assisté saint Josémaria en tant que traductrice, dans des réunions avec des professionnels, des familles, des personnes, catholiques ou non, issues de pays et de milieux très divers, qui venaient le rencontrer à Rome. Il allait à leur rencontre et se faisait comprendre par des gens aux langues diverses et variées. Un climat de sympathie et de confiance s’installait immédiatement. Il y mettait tout son cœur, posait des questions, écoutait, taquinait les uns et les autres, s’émouvait devant leurs souffrances.

À la fin de sa vie, on filma ses réunions lors de ses voyages pastoraux en Espagne, au Portugal, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Ces films montrent comment le courant passait immédiatement entre le public et saint Josémaria : beaucoup de personnes ont avoué qu’elles avaient eu l’impression d’être en tête-à-tête avec lui ou de le connaître depuis toujours. Et que dire du temps qu’il passait à lire les lettres que lui écrivaient les membres de l’Opus Dei !

« Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail et sanctifier par le travail », disait Saint Josémaria. Après toutes ces années de travail à ses côtés, qu’avez-vous appris sur cet aspect essentiel de l’esprit de l’Opus Dei ?

Vivre non seulement la justice mais aussi la charité aimable dans les rapports avec ceux qui travaillaient avec nous.

Je dirais qu’il nous faisait comprendre la nécessité de bien travailler et, pour ce faire, de bien s’armer professionnellement parlant, d’étudier les dossiers à fond, de s’en tenir à un horaire de travail. Vivre non seulement la justice mais aussi la charité aimable dans les rapports avec ceux qui travaillaient avec nous.

J’ai appris du fondateur de l’Opus Dei à travailler avec ordre, à établir une priorité dans les affaires à traiter, quitte à bousculer bien souvent l’ordre chronologique. Il était profondément conscient que le travail de chaque jour avait - grâce à la Communion des Saints-, une répercussion sur une foule de personnes dont il fallait s’occuper et qu’il fallait aider avec promptitude et efficacité.