Fioretti septembre 2018

À la veille du synode sur "les jeunes, la foi et le discernement vocationnel", voici quelques idées du Pape François exprimées en diverses occasions pendant le mois de septembre 2018.

Un jeune homme qui ne marche pas est un jeune retraité à l’âge de 20 ans

Dialogue avec des jeunes du diocèse de Grenoble-Vienne, le 17 septembre 2018 :

« Dieu s’est fait proche de son peuple. Mais ce n’est pas fini. Il voulait se faire tellement proche qu’il s’est fait l’un de nous, homme. Cette proximité chrétienne est le premier pas : je dirais même plus, c’est “le cadre ambiant”, le climat dans lequel le message chrétien doit être transmis. Le message chrétien est un message de proximité.

Ensuite, […] avant de parler, écouter. L’apostolat de “l’oreille” : entendre, écouter. “Et après, Père, parler? ” Non, s’arrêter. Avant de parler, agir. Un jour, un jeune étudiant m’a demandé : “J’ai tel et tel ami à l’université qui sont agnostiques, que dois-je leur dire pour qu’ils deviennent chrétiens ? ” J’ai dit : “La dernière chose à faire, c’est de dire des choses. La dernière. D’abord tu dois “faire”, et il verra comment tu gères ta vie.” Il te demandera : “Pourquoi fais-tu ça ? ” Alors tu pourras parler. Le témoignage avant la parole. C’est le cadre du message chrétien. […] Et puis, le message chrétien ne se transmet pas “dans un fauteuil”: toujours en marchant. […] Si vous ne vous mettez pas en marche, vous ne pourrez pas la transmettre. Jésus a marché trois ans. On aurait dit qu’il vivait dans la rue. Marcher, en faisant toujours quelque chose. Marcher. Écouter, témoigner, répondre aux questions, mais en marchant. Un jeune homme qui ne marche pas est un jeune retraité à l’âge de 20 ans. Ce n’est pas bien de prendre sa retraite à 20 ans ! »

On n’écoute pas le Seigneur en restant dans un fauteuil.

Discours aux jeunes de Sicile, le 15 septembre 2018 :

« Comment est-ce qu’on écoute le Seigneur? Comment l’écouter ? Où parle-t-il, le Seigneur ? Vous avez le numéro du portable du Seigneur, pour l’appeler ? […]

Je vous dirais ceci, et ceci, sérieusement: […] Assis, une vie confortable, sans rien faire, et je voudrais écouter le Seigneur ? Je t’assure que tu entendras bien des choses, sauf le Seigneur. […] Rester assis crée une interférence avec la Parole de Dieu, qui est dynamique. La Parole de Dieu n’est pas statique, et si tu es statique, tu ne peux pas l’entendre. Dieu se découvre en marchant. Si tu n’es pas en chemin pour faire quelque chose, pour travailler pour les autres, pour rendre témoignage, pour faire le bien, tu n’écouteras jamais le Seigneur. Pour écouter le Seigneur, il faut être en chemin sans attendre que quelque chose arrive comme par magie dans la vie. […] Dieu déteste la paresse et il aime l’action. Les paresseux ne pourront pas hériter de la Parole de Dieu. […] Mais il ne s’agit pas de bouger pour se maintenir en forme, de courir tous les jours pour s’entraîner. […] Il s’agit de bouger son cœur, de mettre son cœur en marche. […] Si tu veux écouter la voix du Seigneur, vis en recherche. Le Seigneur parle à qui est en recherche. Qui cherche marche. C’est toujours sain d’être en recherche. Se sentir déjà arrivé, surtout pour vous, c’est tragique.

Vous comprendrez que Jésus croit en vous plus que vous ne croyez en vous-mêmes. C’est important cela : Jésus croit en vous plus que vous ne croyez en vous-mêmes. Jésus vous aime plus que vous ne vous aimez vous-mêmes. Cherchez-le en sortant de vous-mêmes, en chemin : Lui, il vous attend. Formez un groupe, faites vous des amis, faites des marches, faites des rencontres, faites Église ainsi, en marchant. L’Évangile est école de vie ; l’Évangile nous conduit toujours au chemin. Je crois que c’est cela la façon de se préparer à écouter le Seigneur.

Et ensuite, tu entendras l’invitation du Seigneur à faire une chose ou une autre… Dans l’Évangile, on voit qu’il dit à l’un : “Suis-moi! ”. À un autre il dit : “Va faire cela…” Le Seigneur te fera entendre ce qu’Il veut de toi, mais à condition que tu ne sois pas assis, que tu sois en chemin, que tu cherches les autres et que tu cherches à faire dialogue et communauté avec les autres, et surtout que tu pries. Prie avec tes mots: avec ce qui te vient au cœur. C’est la prière la plus belle. »

Accuse-toi toi-même, ça te fera du bien

À Sainte Marthe, le 13 septembre 2018 :

Les chrétiens doivent refuser la logique de la médisance ou des insultes, qui n’engendrent que la guerre. Au contraire, le chrétien est appelé à prier pour les personnes désagréables. C’est le style du chrétien, c’est le mode de vie du chrétien.

“Mais si je ne fais pas cela – aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui me haïssent, bénir ceux qui me maudissent, et prier pour ceux qui me calomnient – je ne suis pas chrétien ? ” Si, tu es chrétien, parce que tu as reçu le baptême, mais tu ne vis pas comme un chrétien. Tu vis comme un païen, avec l’esprit de la mondanité.

Il est plus facile de médire des ennemis ou de ceux qui sont d’un autre parti, mais la logique chrétienne suit « la folie de la Croix. […] Seuls les miséricordieux ressemblent à Dieu Père. “Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.” C’est la voie, le chemin qui va contre l’esprit du monde, qui pense le contraire, qui n’accuse pas les autres. Entre nous il y a le grand accusateur, celui qui va toujours nous accuser devant Dieu, pour nous détruire. Satan […] Et quand j’entre dans cette logique d’accusateur, de médire, de chercher à faire du mal à l’autre, j’entre dans la logique du grand accusateur qui est destructeur. Qui ne connaît pas le mot “miséricorde’, il ne le connaît pas, il ne l’a jamais vécu.

Le grand accusateur nous pousse à accuser les autres, pour les détruire… mais c’est lui qui est en train de me détruire ! […] Tu ne peux pas entrer dans la logique de l’accusateur. “Mais Père, je dois accuser”. Oui, accuse-toi toi-même, cela te fera du bien. La seule accusation permise aux chrétiens, c’est s’accuser soi-même. Pour les autres, seulement la miséricorde, car nous sommes enfants du Père qui est miséricordieux. »

Le cheval de bataille du diable, c’est l'hypocrisie

À Sainte Marthe, le 20 septembre 2018 :

«Le diable n'a rien à faire avec les pécheurs repentis, parce qu'ils regardent Dieu et disent: “Seigneur, je suis pécheur, aide-moi”». Et si le diable est impuissant avec les pécheurs repentis, il est fort avec les hypocrites. Il est fort et il les utilise pour détruire, détruire les gens, détruire la société, détruire l'Église. Le cheval de bataille du diable, c’est l'hypocrisie, parce que c'est un menteur: il se fait voir comme un prince puissant, très beau, et par derrière c'est un assassin. N’oublions pas que Jésus pardonne, reçoit, est miséricordieux, dans des paroles si souvent oubliées quand nous parlons mal des autres. Soyons donc miséricordieux, comme Jésus et ne condamnons pas les autres. Jésus doit être au centre».

Ces gens qui se regardent toute la journée dans le miroir pour voir leur ego

Audience générale du 12 septembre 2018 :

« Il y a un esclavage qui enchaîne plus qu’une prison, plus qu’une crise de panique, plus qu’une imposition de n’importe quel genre : c’est l’esclavage de son ego. Ces gens qui se regardent toute la journée dans le miroir pour voir leur ego. Et l’ego a une taille beaucoup plus grande que le corps. Ils sont esclaves de l’ego. L’ego peut devenir un bourreau qui torture l’homme où qu’il soit et qui lui inflige l’oppression la plus profonde, celle qui s’appelle “péché”, qui n’est pas la banale violation d’un code, mais un échec de l’existence et une condition d’esclavage (cf. Jn 8,34). Le péché, c’est finalement, dire et faire l’ego. “Je veux faire ceci et peu m’importe s’il y a une limite, s’il y a un commandement, peu m’importe aussi s’il y a de l’amour”. […] Pensons aux passions humaines : le gourmand, le luxurieux, l’avare, le colérique, l’envieux, le paresseux, l’orgueilleux sont esclaves de leurs vices, qui les tyrannisent et les tourmentent. Il n’y a pas de répit pour le gourmand, car la gourmandise est l’hypocrisie de l’estomac, qui est plein mais qui nous fait croire qu’il est vide. L’estomac hypocrite nous rend gourmands. Nous sommes esclaves d’un estomac hypocrite. Il n’y a pas de répit pour le gourmand et pour le luxurieux qui doivent vivre de plaisirs ; l’anxiété de la possession détruit l’avare, entassant toujours de l’argent, faisant du mal aux autres ; le feu de la colère et le ver de l’envie ruinent les relations. Les écrivains disent que l’envie rend le corps et l’âme jaunes, comme lorsqu’une personne a l’hépatite. […] Les envieux ont l’âme jaune, parce qu’ils ne peuvent jamais avoir la fraîcheur de l’âme. L’envie détruit. L’acédie qui esquive toute fatigue rend incapables de vivre ; l’égocentrisme […] orgueilleux creuse un fossé entre lui et les autres. »

Le salut du Christ n’est pas du maquillage avec deux coups de pinceaux

À Sainte-Marthe, le 6 septembre 2018 :

« Nous savons que nous sommes pécheurs, mais il n’est pas facile de s’en accuser concrètement. Nous sommes habitués à dire: “Je suis un pécheur”… tout comme l’on dit “je suis humain” ou “je suis italien”. Or il faut se sentir misérable, sentir la honte, car le salut du Christ n’est pas du maquillage avec deux coups de pinceaux.

Le premier pas de la conversion est donc la reconnaissance de son péché, et la pénitence. Il y a des gens qui vivent en médisant sur les autres, en accusant les autres, et à la confession ils sont comme des perroquets : “Bla, bla, bla… J’ai fait ceci, cela…”. Mais ce que tu as fait te touche-t-il dans ton cœur ? Si souvent, non. Tu vas te maquiller… Mais ce n’est pas complètement entré dans ton cœur, parce que tu n’as pas laissé de place, parce que tu n’es pas capable de t’accuser toi-même. Un chrétien ne sait pas s’accuser soi-même, quand il est habitué à accuser les autres, à médire sur les autres, à mettre le nez dans la vie d’autrui. C’est un mauvais signe. “Est-ce que je fais cela ?” C’est une belle question pour arriver au cœur. Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de nous trouver face à Lui avec cet étonnement que donne sa présence et la grâce de se sentir pécheurs. »