Fioretti novembre 2018

« Jésus ne se contente pas d’un ‘‘pourcentage d’amour’’ : nous ne pouvons pas l’aimer à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent. Ou tout ou rien. » (Tweet du 14 novembre 2018)

Pourquoi y a-t-il aujourd’hui tant de jeunes “liquides” ?

Réponse à des personnes âgées, à l’occasion du Synode des Jeunes, le 23 octobre 2018 :

« En écoutant les personnes âgées, nous trouvons nos racines, comme l’arbre.[…] Si tu coupes ses racines, il ne grandira pas, il ne donnera pas de fruits, il mourra peut-être. […] L’un de nos grands poètes argentins, Bernardez, a dit : “Ce qui est en fleurs dans l’arbre, vient de ce qu’il a sous la terre”. […] Prendre la sève des racines, les histoires, et cela te donne d’appartenir à un peuple. Et cette appartenance est ce qui te donne ton identité. Si tu me dis : pourquoi y a-t-il aujourd’hui tant de jeunes “liquides” ? […] Tu ne sais pas s’ils sont “liquides” ou “gazeux”… Ce n’est pas de leur faute ! C’est la faute de ce détachement des racines de l’histoire. Mais il ne s’agit pas d’être comme elles [les personnes âgées], mais de prendre le suc, […] et de grandir en avançant avec l’histoire. […] Quand Marie et Joseph portent l’Enfant au temple, ce sont deux personnes âgées qui les reçoivent. Cet homme sage [Siméon], qui a rêvé toute sa vie de rencontrer, de voir le Libérateur, le Sauveur […] invente une liturgie de louange à Dieu. Et cette femme âgée [Anne], qui était dans le temple, avec la même espérance, et qui fait la pipelette en allant partout dire : “C’est bien cela, c’est bien cela…” [celui que nous attendions]. Elle sait transmettre ce qu’elle a découvert dans sa rencontre avec Jésus. »

Comment se produit cettegreffedu cœur ?

Audience générale du 28 novembre 2018 :

« Pour vivre dans la beauté de la fidélité, de la générosité et de l’authenticité – nous avons besoin d’un cœur nouveau, habité par l’Esprit-Saint (cf. Ez 11,19 ; 36,26). Je me demande : comment se produit cette ”greffe” du cœur, du vieux cœur au cœur nouveau ? À travers le don de désirs nouveaux (cf. Rm 8,6), qui sont semés en nous par la grâce de Dieu, particulièrement à travers les Dix Commandements accomplis par Jésus, comme il l’enseigne dans le ”discours sur la montagne” (cf. Mt 5, 17-48). En effet, dans la contemplation de la vie décrite par le Décalogue, à savoir une existence reconnaissante, libre, authentique, qui bénit, adulte, gardant et aimant la vie, fidèle, généreuse et sincère, presque sans que nous nous en apercevions, nous nous retrouvons devant le Christ. Le Décalogue est sa "radiographie", il le décrit comme un négatif photographique qui laisse apparaître son visage, comme celui du Saint-Suaire. Et ainsi l’Esprit Saint féconde notre cœur en mettant en lui les désirs qui sont un don de sa part, les désirs de l’Esprit. Désirer selon l’Esprit, désirer au rythme de l’Esprit, désirer avec la musique de l’Esprit.»

Le masque pharisaïque du « comme il faut »

Audience générale du 21 novembre 2018 :

« D’où naissent toutes ces choses mauvaises ? Le Décalogue se montre lucide et profond sur cet aspect : le point d’arrivée –le dernier commandement– de ce voyage est le cœur et soi-même, si le cœur n’est pas libéré, le reste ne sert pas à grand chose. Voilà le défi : libérer le cœur de toutes ces choses mauvaises. Les préceptes de Dieu peuvent se réduire à n’être que la belle façade d’une vie qui reste quoi qu’il en soit une existence d’esclave et non de fils. Souvent, derrière le masque pharisaïque du ”comme il faut” asphyxiant, se cache quelque chose qui n’est pas bon et qui n’est pas résolu.

Nous devons au contraire nous laisser démasquer par ces commandements sur le désir, parce qu’ils nous montrent notre pauvreté pour nous conduire à une sainte humiliation. Chacun de nous peut s’interroger : mais quels mauvais désirs me viennent souvent ? L’envie, la cupidité, les cancans ? Toutes ces choses qui me viennent de l’intérieur. Chacun peut se poser cette question et cela lui fera du bien. L’homme a besoin de cette humiliation bénie, celle par laquelle il découvre qu’il ne peut pas se libérer tout seul, celle par laquelle il crie vers Dieu pour être sauvé. Saint Paul l’explique d’une manière incomparable, en se référant précisément au commandement ”tu ne convoiteras pas” (cf. Rm 7,7-24). »

Les ragots tuent

Audience générale du 14 novembre 2018 :

« Que signifie dire la vérité ? Cela signifie-t-il être sincère ? Ou être exact ? En réalité, cela ne suffit pas, parce qu’on peut être sincèrement dans l’erreur, ou on peut être précis dans le détail mais sans saisir le sens de l’ensemble. Parfois, nous nous justifions en disant : “Mais j’ai dit ce que je sentais.” Oui, mais tu as absolutisé ton point de vue. Ou encore : “J’ai seulement dit la vérité !” Peut-être, mais tu as révélé des faits personnels ou confidentiels. Combien de ragots détruisent la communion parce qu’ils sont inopportuns ou qu’ils manquent de délicatesse ! Et même, les ragots tuent, et cela, c’est l’apôtre Jacques qui le dit dans sa Lettre. Celui ou celle qui fait des commérages, ce sont des personnes qui tuent : elles tuent les autres, parce que la langue tue comme un couteau. Faites attention ! Celui ou celle qui fait des commérages est un terroriste parce qu’avec sa langue, il lance la bombe et s’en va tranquillement, mais ce qu’il dit, la bombe qu’il a lancée, détruit la réputation d’autrui. N’oubliez pas : les ragots tuent. »

La Providence n’a pas disposé un monde « en série »

Audience générale du 7 novembre 2018 :

« La Providence n’a pas disposé un monde “en série”, il y a des différences, des conditions diverses, des cultures différentes et ainsi on peut vivre en pourvoyant les uns pour les autres. Le monde est riche en ressources pour assurer à tous les biens primordiaux. Et pourtant beaucoup vivent dans une indigence scandaleuse et les ressources, utilisées sans critère, se détériorent. Mais il n’y a qu’un seul monde ! Il n’y a qu’une seule humanité.

Aujourd’hui, la richesse du monde est dans les mains de la minorité, d’un petit nombre et la pauvreté, ou plutôt la misère et la souffrance sont le lot de beaucoup, de la majorité. S’il y a la faim sur la terre, ce n’est pas à cause du manque de nourriture ! Au contraire, à cause des exigences du marché, on en vient parfois à la détruire, on la jette. Ce qui manque, c’est un esprit d’entreprise libre et clairvoyant, qui assure une production adéquate et une démarche solidaire, qui assure une distribution équitable. Le catéchisme dit encore : “L’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aux autres”. » (CEC 2404). Toute richesse, pour être bonne, doit avoir une dimension sociale. »

Le risque de communautés « stations de service »

Angelus du 4 novembre 2018 :

«L’Évangile d’aujourd’hui […] “Qui est mon prochain ?...” ; cf. Mc 12, 28b-34) nous invite tous à nous projeter non seulement vers les urgences de nos frères plus pauvres, mais surtout à être attentifs à leur besoin de proximité fraternelle, de sens de la vie, de tendresse. Cela interpelle nos communautés chrétiennes: il s’agit d’éviter le risque d’être des communautés qui vivent de beaucoup initiatives mais de peu de relations; le risque de communautés ”stations de service”, mais de peu de compagnie, au sens plein et chrétien de ce terme.

Dieu, qui est amour, nous a créés par amour et pour que nous puissions aimer les autres en restant unis à lui. Ce serait une illusion de prétendre aimer les autres sans aimer Dieu; et ce serait tout aussi illusoire de prétendre aimer Dieu sans aimer notre prochain. Les deux dimensions de l’amour, pour Dieu et pour le prochain, dans leur unité, caractérisent le disciple du Christ.. »