Création ou évolution : faut-il choisir ?

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin, la résidence d’étudiants Bauloy a organisé une conférence-débat sur la création et l’évolution. Elle a eu lieu le lundi 16 mars 2009 et a été donnée par l’abbé Philippe Dalleur, Docteur en sciences appliquées et en philosophie.

La conférence a débuté par un historique de la théorie de l’évolution. Le premier à parler d’évolutionnisme fut le français Lamarck (1744-1829), partisan du transformisme ». L’exemple le plus connu de cette théorie est celui de la girafe. A l’heure où a disparu progressivement le feuillage au ras du sol, les girafes ayant allongé leur cou pour atteindre les feuilles des arbres à une certaine hauteur ont transmis ce caractère à leurs descendant. Cette théorie de la transmission des caractères acquis, bien que révolutionnaire au départ, s’est révélée fausse. Elle fut combattue notamment par Charles Darwin (1809-1882) qui l'a remplacée par la théorie de la sélection naturelle.

Après son voyage à bord du « Beagle » (1831-1836), Darwin commence à élaborer sa théorie de l’évolution. Ce ne sera qu’en 1859 qu’il écrira son œuvre la plus célèbre : « L’origine des espèces ». Pour lui, les espèces sont le résultat d’une évolution présentant deux caractéristiques essentielles : l’existence des variations aléatoires héréditaires et la sélection naturelle. Il n’y a donc aucune référence à Dieu à ce stade de sa pensée. On s’accorde à considérer que sa réflexion a été influencée par la vision de l’économie et de la démographie de Malthus, ainsi que par la géologie de Lyell. Par ailleurs, la mort de sa fille Anne, survenue en 1850, lui a fait profondément réfléchir au problème du mal et des imperfections. Sa difficulté à concevoir un Etre supérieur qui permet le mal l’éloignera de plus en plus du Dieu chrétien. Mais il reste croyant, comme l’attestent les références à Dieu dans son livre, motivées par son émerveillement face au mouvement global de l’évolution, qu’il ne peut attribuer qu’à Dieu seul.

Ses écrits ont provoqué des réactions animées. Beaucoup d’athées se réjouissent de sa théorie, tandis que des nombreux croyants la regardent avec suspicion. Dans les cercles ecclésiastiques, les commentaires sont partagés, tantôt favorables, tantôt défavorables. 

Plus tard, le créationnisme scientifique s’est développé en opposition à la théorie darwinienne. Cette doctrine considère l’interprétation littérale de la Bible comme source de vérité (notamment scientifique), ou plus largement, que Dieu ou un pouvoir surnaturel fait partie intégrante du discours scientifique sur les origines de la vie.

Aussi bien la théorie darwinienne que celle du créationnisme ont évolué, elles aussi, depuis le 19ème siècle, donnant lieu au néodarwinisme, au néocréationnisme, à la théorie de l’intelligent design, etc. 

De plus en plus de scientifiques s’accordent à considérer que la théorie darwinienne de l’évolution ne s’applique pas à l’homme. En effet, chez lui, les deux éléments essentiels de cette théorie ne se retrouvent pas : il y a chez l’être humain une forte sélection artificielle (non naturelle) et une variation héréditaire qui n’est pas toujours aléatoire. 

A la fin de l’exposé, le prof. Dalleur a rappelé la position de l’Eglise catholique sur ces théories. Fidèle à sa doctrine d’unité et complémentarité entre science et foi, l’Eglise laisse à chacun le soin de vérifier les théories scientifiques. Elle considère néanmoins que l’évolutionnisme est plus qu’une simple hypothèse, pour autant que l’on reconnaisse l’existence d’un saut qualitatif (non explicable par simple évolution matérielle) au moment de l’apparition de l’homme. 

En guise de conclusion, le prof. Dalleur estime que la théorie de l’évolution n’est pas du tout incompatible avec la foi dans un Dieu créateur. Chacune dans leur domaine, la science et la foi apportent un éclairage enrichissant sur les origines de la vie animale et de l’homme.

Après l’exposé, une session de questions-réponses, agrémentée d’un drink, a donné lieu à un débat très animé, prolongé jusque tard dans la soirée.