Benoît XVI en février

L'abbé Patrick Pégourier nous présente les propos du pape qui ont particulièrement marqué le mois écoulé : les médias, la bienveillance de Dieu et le début du carême

26 janvier : les nouveaux medias au service de la Parole : la communication est une mission

Ce message adressé pour la Journée mondiale des communications sociales 2010 rappelle le rôle de l’Église comme instrument de la communion que Dieu veut réaliser avec l’homme. Le rôle des chrétiens est donc de se rendre présents dans le monde numérique, en se servant de l’apport de la nouvelle génération des moyens audiovisuels (photos, vidéo, animations, blog, sites web) qui constituent autant d’occasions inédites de dialogue, et même des outils indispensables pour l’évangélisation et la catéchèse. Il s’agit de montrer aux hommes de notre temps, et à l’Humanité égarée d’aujourd’hui, que Dieu est proche et que, dans le Christ, nous appartenons tous les uns aux autres. Ainsi la Parole pourra-t-elle affirmer le droit de citoyenneté de Dieu : à travers les nouvelles formes de communication, Il pourraavancer le long des rues de la cité et s'arrêter au seuil des maisons et des cœurs pour rappeler: "Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi" (Ap 3, 20).

Comprenons-le bien : la toile n’est pas seulement un espace à occuper : chacun peut être au départ d'une "histoire nouvelle". Et plus les technologies modernes seront en mesure de créer des relations étroites, plus il conviendra de dédier une attention particulière à qui se trouve dans une situation de recherche, et de la tenir en éveil comme premier pas de l'évangélisation. Dans le monde numérique, en effet, le chrétien est appelé à tenir compte également de ceux qui ne croient pas, sont découragés mais gardent au cœur des désirs d'absolu et de vérité éphémères. En outre, les nouveaux réseaux permettent d'entrer en contact avec des croyants de toute religion, avec des non-croyants et des personnes appartenant à d'autres cultures. Alors, de même que le prophète Isaïe se représenta une maison de prière pour tous les peuples (cf.Is 56.7), on peut espérer que - comme "le parvis des gentils" dans le Temple de Jérusalem - le web ouvrira un espace à ceux pour qui Dieu est encore inconnu.

Entrons donc avec enthousiasme et créativité dans le continent numérique, pour y découvrir et révéler les signes de la présence de Dieu, et de son amour pour tous.

Angelus du 7 février : dans sa bienveillance, Dieu nous considère au-delà de nos limites et nous confirme en grâce chaque fois que nous avons l’humilité de les reconnaître

Le Saint Père illustre cette réalité à travers le commentaire des trois lectures dominicales en établissant un parallèle entre le parcours des trois acteurs mentionnés :

-          en présence du Seigneur trois fois saint, Isaïe est pris d'un sentiment profond de sa propre indignité ; mais un séraphin purifie ses lèvres avec un charbon ardent et efface son péché ; alors, se sentant prêt à répondre à l'appel, il s'exclame : « Me voici, envoie-moi ! » (cf. Is 6,1-2.3-8).

-          face au prodige de la pêche miraculeuse, Pierre, saisi d’effroi, s’écrie : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! ». Mais Jésus le rassure : « Sois sans crainte ; désormais ce sont des hommes que tu prendras » (cf. Lc 5,10). Alors, laissant tout, il le suit.

-          se souvenant d'avoir été persécuteur de l'Église, Paul se juge indigne d'être appelé apôtre ; il reconnaît néanmoins que Dieu a accompli en lui des merveilles, et qu’il lui a confié, malgré ses limites, le devoir et l'honneur de prêcher l'Evangile (cf. 1 Co 15, 8-10).

Trois expériences distinctes. Elles montrent, toutes, comment la rencontre authentique avec Dieu conduit l'homme à reconnaître son inaptitude et son péché. En dépit de cette fragilité, le Seigneur, riche en miséricorde et en pardon, transforme sa vie et l'appelle à le suivre.

Plutôt que de nous concentrer sur nos propres limites, faisons-nous l’écho de la liturgie du Carême : « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu » !

17 février : entrée en Carême : «Convertissez-vous et croyez à l'Evangile !»

Le rite austère de l'imposition des cendres est un appel à la conversion. Voilà un mot qu'il faut prendre dans son extraordinaire gravité, en saisissant la surprenante nouveauté qu'il libère. En effet, il met à nu et dénonce la superficialité facile qui caractérise très souvent notre façon de vivre. Se convertir signifie changer de direction sur le chemin de la vie : non pas à travers un simple ajustement, mais à travers un véritable demi-tour. La conversion signifie aller à contre-courant, le «courant» étant le style de vie superficiel, incohérent et illusoire, qui souvent nous entraîne, nous domine et nous rend esclaves du mal ou, tout au moins, prisonniers d'une médiocrité morale. Avec la conversion, au contraire, on vise le haut degré de la vie chrétienne, on se confie à l'Évangile vivant et personnel, qui est le Christ Jésus (…). Il ne s'agit donc pas d'une simple décision morale, qui rectifie notre conduite de vie, mais d'un choix de foi, qui nous touche entièrement dans la communion intime avec la personne vivante et concrète de Jésus. Ainsi, se convertir et croire à l'Évangile ne sont pas deux choses différentes, ou seulement placées l'une à côté de l'autre ; elles expriment la même réalité.