Benoît XVI dans le mois

Nous vous proposons des extraits de quelques-uns des nombreux textes du pape publiés au mois de janvier 2010.

1er janvier - un message révolutionnaire : remplacer l’antique maxime romaine Si vis pacem para bellum, par « Si tu veux construire la paix, protège la création » !

C’est sur ce thème que le saint Père a développé en cette nouvelle année son traditionnel message de paix : lors de la célébration de la solennité de la Maternité divine et, quelques jours plus tard devant les membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Il a notamment souligné l'importance qu'ont, pour la protection de l'environnement, les choix des particuliers, des familles, et des administrations locales. En effet, il est un objectif, condition indispensable pour la paix, que tous peuvent partager : c'est d'administrer avec justice et sagesse les ressources naturelles de la terre. Car une mentalité répandue couramment, égoïste et oublieuse des limites inhérentes à toute créature (…) menace la création. Chacun de nous pourrait probablement citer tel ou tel exemple des dommages qu'elle provoque dans le monde. J'en cite un, parmi tant d'autres, tiré de l'histoire récente de l'Europe : il y a vingt ans, quand tomba le mur de Berlin et quand s'écroulèrent les régimes matérialistes et athées qui avaient dominé pendant des décennies une grande part de ce continent, n'a-t-on pas pu prendre la mesure des profondes blessures qu'un système économique, privé de références fondées sur la vérité de l'homme avait infligé, non seulement à la dignité et à la liberté des personnes et des peuples, mais aussi à la nature, en raison de la pollution du sol, des eaux et de l'air ? La négation de Dieu défigure la liberté humaine ; elle dévaste également la création. Aussi la sauvegarde de celle-ci ne répond-t-elle pas principalement à une exigence esthétique ; c’est d’abord une exigence morale, car la nature exprime un dessein d'amour et de vérité qui nous précède et qui vient de Dieu.

Dans cette optique, l’éducation est fondamentale, afin d’amener un changement de mentalité effectif qui conduise chacun à adopter de nouveaux styles de vie. Et puisque nous devons prendre soin des créatures qui nous entourent, quelle considération ne devons-nous pas avoir, en premier lieu pour les personnes, nos frères et nos sœurs ! Et quel respect pour la vie humaine !

Aussi l’attention et l’engagement pour l'environnement doivent-ils être convenablement ordonnés dans l'ensemble des grands défis qui se posent à l'humanité. En effet, pour construire une véritable paix, peut-on séparer, voire opposer, la protection de l'environnement et celle de la vie humaine, y compris la vie avant la naissance ? C'est dans le respect que la personne humaine a d'elle-même que se manifeste son sens de la responsabilité pour la création. D’ailleurs, saint Thomas d'Aquin l'enseigne, l'homme représente ce qu'il y a de plus noble dans l'univers (cf. Summa Theologiae, I, q. 29, a.3), et le livre de la nature est unique et indivisible.

6 janvier - l’Angélus de l’Épiphanie : une science authentique conduit toujours à Dieu

L'étoile et les Saintes Écritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des Mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité : la lumière naturelle de la raison filtrant les circonstances de la Providence pour en percevoir le sens, et la lumière surnaturelle de la foi, qui réclame l’humilité du cœur. Ces Mages étaient des hommes de science au sens large, qui observaient le cosmos, le considérant presque comme un grand livre plein de signes et de messages divins pour l'homme. Leur savoir, loin pourtant d'être autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins. En effet, ils n'ont pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs. Ils auraient pu dire : faisons cela tout seuls, nous n'avons besoin de personne…, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute 'contamination' entre la science et la Parole de Dieu. Au contraire, ils écoutent les prophéties et les accueillent ; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu'ils voient de nouveau l'étoile, comme une confirmation de l'harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs cœurs de savants authentiques (cf. Mt 2,10). La droiture de leurs dispositions leur a permis de cheminer de lumière en lumière : lumières de l’intelligence, de la foi, de l’amour. Il leur aurait été naturel, en effet, de retourner à Jérusalem, dans le palais d'Hérode et dans le Temple, pour donner du retentissement à leur découverte. Au contraire, les Mages, qui ont choisi l'Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi changés par la rencontre avec la Vérité. Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté : celle de l'amour. Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de Dieu, capables de vivre toujours la profonde syntonie entre raison et foi, science et révélation !

17 janvier - un rendez-vous marquant : 24 ans après Jean-Paul II, la rencontre avec la communauté juive, à la synagogue de Rome.

Ce fut l’occasion, pour le Saint Père, de retracer brièvement les moments et gestes les plus significatifs accomplis ces dernières années par l’Église pour renforcer ses liens avec le peuple de l’Alliance : la Déclaration Nostra aetate du concile Vatican II, la visite historique de 1986 de Jean-Paul II en ce même lieu, son pèlerinage jubilaire en Terre Sainte en l'an 2000 ainsi que sa prière de repentance au Mur du Temple de Jérusalem. Benoît XVI rappela quelques implications qui dérivent de l’héritage commun que l’Eglise partage avec le Peuple élu, tiré de la Loi et des Prophètes :

-         la solidarité qui lie l'Église et le peuple juif « au niveau même de leur identité » spirituelle ;

-         la place centrale du Décalogue comme « grand code » éthique pour toute l'humanité, étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, phare et norme de vie dans la justice et dans l'amour ;

-         l'engagement afin de préparer ou réaliser le Royaume du Très-Haut dans l'« attention pour la création » confiée par Dieu à l'homme, la cultiver et la protéger de manière responsable (cf. Gn 2, 15).

Les chrétiens et les juifs ont en commun une grande partie de leur patrimoine spirituel, ils prient le même Seigneur, ils ont les mêmes racines, mais ils sont souvent inconnus l'un à l'autre. C'est à nous qu'il revient, en réponse à l'appel de Dieu, de travailler afin que demeure toujours ouvert l'espace du dialogue, du respect réciproque, de la croissance dans l'amitié, du témoignage commun face aux défis de notre temps.

20 janvier - catéchèse donnée au cours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. 

« Ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines » (Unitatis redintegratio, 24). Par conséquent, l’effort pour développer des relations fraternelles, et promouvoir un dialogue qui éclaircisse et résolve les divergences séparant les Églises et les communautés ecclésiales, ne peut suffire ; il est indispensable d’invoquer le Seigneur avec confiance et de plein accord.