« Ultra-darwiniste ou plutôt ntelligent design ? ». La question pourrait surprendre, émanant d’un groupe de skieurs arpentant les pentes de Ponte di Legno, village situé dans les Alpes italiennes. Le fait est qu’il s’agit là de congés studieux, organisés tous les deux ans pendant les vacances de Noël, dans le but de réunir scientifiques et philosophes autour d’une même ambition : apprendre et débattre des dernières découvertes scientifiques et s'interroger sur ce qu'elles peuvent apprendre sur l'homme, la vie et Dieu.

Pour sa huitième édition, le "Ponte di Legno Interdisciplinary Seminar" posait l'ambitieuse question: "Is man just a machine?" Dix huit conférences données par des chercheurs, des professeurs, et des étudiants ont cherché à apporter des éléments de réponse.

Des robots intelligents….

Cesare, de l'Ecole Normale Supérieure de Pise, décrit les dernières avancées technologiques dans le domaine des robots bio-inspirés. Il présente des machines capables de marcher, de répondre aux questions, ou même de lire sur le visage de l’interlocuteur humain si ce dernier est en colère ou bien d’humeur légère ! À quand les robots d’accueil dans les hôtels ou à l’entrée des musées…

Même si ces progrès technologiques fascinent, l’écart avec l’être humain reste abyssal. Juleon, professeur de physique à Delft explique ainsi la notion d’irréductible complexité : Lorsque l’on essaye de penser un processus d’évolution reliant des animaux à l’être humain, il faut envisager des sauts qualitatifs dont la sélection naturelle ne peut rendre compte. C’est le point clef qui oppose les ultra-darwinistes et les partisans d’une intelligence ordonnatrice (intelligent design) de l’évolution.

…à la vie extra-terrestre

L’exposé de Mark, professeur de physique en Grande Bretagne est placé sous le signe de l’humour. Pourtant le fond de son argumentation est très sérieux et étayé par des données scientifiques claires : si l'homme n'est qu'un produit de l'évolution, alors rien ne s'oppose à ce que d'autres systèmes solaires accueillent également une vie intelligente. Mais si l’on répertorie toutes les conditions que doit remplir une planète pour pouvoir héberger la vie, on constate que la probabilité de pouvoir rencontrer nos alter-ego extra-galactiques varie entre … 10-4 et 10-9 % ! Au rythme de l’évolution il faudra donc s’armer de quelques milliards d’années de patience…

« Miracles » de la génétique ?

Après les technologies du futur et la vie extra-terrestre, la question de la recherche génétique est abordée par Matthias, étudiant en médecine. Celui-ci décrit les prodiges de la génétique et évoque en particulier les parthenotes, ces clones de souris obtenues à partir de la seule information génétique de la mère et dont le développement parvient jusqu'au battement cardiaque et à la circulation sanguine mais qu'un mécanisme mystérieux stoppe brutalement. L’homme sait-il vraiment jouer à l’apprenti sorcier ?

Au fil des jours, les interventions se succèdent, et des échanges passionnants se mettent en place. Certains assistants finissent même par proposer une conférence supplémentaire au programme !

Mais la densité des interventions n’exclut pas le délassement sportif. Certains participants s’accordent quotidiennement quelques heures ski et la joie de la contemplation des cimes : sur le lieu même du séminaire, le sommet de la piste Paradiso, qui culmine à 3000 mètres d’altitude, contribue sans doute à éclaircir les esprits…