La présence de mots bibliques dans les langues est bien connue. Le christianisme en est pour quelque chose, comme l’ont montré D. Le Tourneau,Les mots du christianisme (2005) ainsi que, de façon abrégée, M. Feuillet, Lexique des symboles chrétiens (2004) et Vocabulaire du christianisme (2009). En revanche, la présence de termes de la Bible hébraïque ou Premier Testament est moins évidente. Nous pouvons essayer un parcours, limité au langage non spécialisé et à la première moitié des livres bibliques : la Torah (ou Pentateuque) et ceux qu’on appelle, depuis la traduction grecque, les livres historiques.
Le français courant est familier de certains noms propres de personnages, peuples ou lieux.
- Il faudra commencer par « Jehova », bien connu par ses témoins : une déformation scrupuleuse du Nom imprononçable réservé à l’Unique Dieu. Parmi les méchants, qui s’opposent au Dieu vivant, nous retrouvons « Belphégor », protagoniste de séries d’horreur, et « Belzébul », plus discret jusqu’aux Écritures chrétiennes.
Parmi ses créatures de choix, qui n’a pas admiré la beauté d’un « Chérubin », au moins par analogie, comme dans le tableau de Rembrandt ?
Placés presque à la une de la Genèse on saluera les incontournables « Adam et Ève », un couple qui a donné à parler.
- À partir d’eux, de nombreux peuples essaiment sur la planète ; les plus illustres, Bible oblige, sont successivement les « Sémites », les « Hébreux », les « Israélites » et les « Juifs » ; parmi eux, une femme vaillante s’appelait précisément « Judith ». D’autres peuplades jouent des rôles de parent pauvre : les « Chamites » ; ou d’agresseur irrémédiablement impoli : les « Philistins ».
- Le héros le plus populaire est sans doute « Samson », plus encore que son amie, la traîtresse Dalila. Parmi ses prouesses post mortem, le héros a prêté son nom à une marque de tabac à rouler. Parmi les petits, on se souviendra de « Benjamin », devenu nom commun et sympathique.
Beaucoup d’autres personnages sont bien connus, au moins à partir des beaux arts et de la littérature (Abel, Caïn, Jacob, David…) mais ils n’ont pas atteint la popularité du langage ; on en parle peu au journal télévisé. Pour les touristes qui admirent nos vitraux, on devrait faire une exception avec « l’Arbre de Jessé », qui a poussé très haut. La famille des « Macchabés » a laissé de traces dans les thrillers et les morgues. La « Reine de Saba » reste une référence aristocratique et exotique. L’Oncle Sam doit beaucoup au prophète « Samuel ».
- Les lieux les plus évoqués sont la ville sainte de « Sion », l’invisible « Éden » et enfin les redoutables « Sodome et Gomorrhe », qui ont payé une facture salée. « Babylone », malgré son faste, reste pour la plupart une station du métro parisien.