- Jésus nous exhorte à persévérer dans la prière de demande
- Intercéder pour ceux qui nous entourent
- La prière et la foi se renforcent l'une l'autre
MÊME S'il semble difficile parfois de concilier l’idée d’un Dieu absolument parfait, connaissant tout, avec sa disposition à se laisser émouvoir par nous, Jésus est assez clair sur la question, dans l’Évangile d’aujourd’hui. En effet, Dieu prend en compte nos prières. Le Christ propose une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : “Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? » (Lc 18, 1-7)
La parabole nous présente un tableau haut en couleurs : un juge inique et une veuve persévérante. Ce contraste débouche naturellement sur la conclusion : Si un personnage tel que ce juge cède, même à contrecœur, devant l’insistance tenace de la veuve, comment notre prière persévérante ne sera-t-elle pas efficace si celui qui nous écoute est Dieu notre Père, qui nous aime infiniment et souhaite notre bien plus que nous-mêmes ?
Quand on découvre l’amour de Dieu, « on comprend que tout besoin puisse devenir objet de demande. Le Christ qui a tout assumé afin de tout racheter est glorifié par les demandes que nous offrons au Père en son Nom (cf. Jn 14, 13). C’est dans cette assurance que Jacques (cf. Jc 1, 5-8) et Paul nous exhortent à prier en toute occasion (cf. Ep 5, 20 ; Ph 4, 6-7 ; Col 3, 16-17 ; 1 Th 5, 17-18) » [1]. Grâce à la prière, nous reconnaissons le pouvoir, la bonté et la miséricorde de Dieu. Le premier fruit de la prière est qu’elle nous unit davantage au Seigneur, qu’elle nous aide à accepter sa volonté jusqu’à nous y identifier, même si nous ne la comprenons pas tout à fait.
LA VIE DE saint Josémaria, comme celle de beaucoup de saints, est un exemple de persévérance dans la prière. «Je suis très têtu, je suis aragonais», disait-il un jour avec humour, rappelant un trait de caractère souvent attribué à ceux de son pays, « et cela, poussé jusqu’au surnaturel, n’a pas d’importance ; au contraire, c’est bon, car nous devons insister dans notre vie intérieure » [2]. Assez souvent, devant les besoins et les urgences qui se présentaient sans cesse dans la vie de l’Église et de l’Œuvre, il incitait ses filles et ses fils à prier avec foi, sans se décourager : «Il n’y a pas d’autre moyen que de persévérer. Demandez, demandez, demandez ! Ne voyez-vous pas comment j’essaie de mettre en pratique cet esprit ? Quand je veux quelque chose, je fais prier tous mes enfants, et je leur dis d’offrir la communion, et le chapelet, et tant de mortifications et tant d’oraisons jaculatoires, des milliers ! Dieu notre Seigneur, si nous faisons preuve de persévérance personnelle, nous donnera tous les moyens nécessaires pour être plus efficaces et étendre son Royaume dans le monde» [3]
« La supplication est l’expression d’un cœur confiant en Dieu, qui sait que tout seul il est impuissant. Dans la vie du peuple fidèle de Dieu, nous trouvons beaucoup de supplications débordantes d’une tendresse croyante et d’une confiance profonde. N’ôtons pas de la valeur à la prière de demande, qui bien des fois donne de la sérénité à notre cœur et nous aide à continuer de lutter avec espérance. La supplication d’intercession a une valeur particulière, car c’est un acte de confiance en Dieu et en même temps une expression d’amour du prochain. Certains, par préjugés spiritualistes, croient que la prière devrait être une pure contemplation de Dieu, sans distractions, comme si les noms et les visages des frères étaient une perturbation à éviter. Au contraire, la réalité, c’est que la prière sera plus agréable à Dieu et plus sanctifiante si, à travers elle, par l’intercession, nous essayons de vivre le double commandement que Jésus nous a donné. L’intercession exprime l’engagement fraternel envers les autres quand grâce à elle nous sommes capables d’intégrer la vie des autres, leurs plus pressantes angoisses et leurs plus grands rêves. Recourant aux paroles bibliques, on peut dire de celui qui se dévoue généreusement à intercéder : “Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple” (2 M 15, 14) » [4].
« LE FILS DE L’HOMME, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8). La conclusion de la parabole sur la nécessité de toujours prier met en évidence le lien étroit qui existe entre la foi et la prière. « Croyons donc pour pouvoir prier, disait saint Augustin, et prions pour que la foi, qui est le commencement de la prière, ne nous fasse pas défaut. La foi propage la prière, et la prière, en se propageant, obtient, à son tour, la fermeté de la foi » [5].
Dans notre vie personnelle ainsi que dans la marche de l’Église à travers l’histoire humaine, ayons l’assurance que « la lampe de la vraie foi de l’Église sera toujours allumée sur la terre tant qu’il y aura l’huile de la prière » [6]. L’importance des succès ou des échecs apparents, aussi bien personnels que collectifs, est toute relative, car l’essentiel de l’Évangile est bien différent : « L’Évangile n’est pas la promesse d’un succès facile. Il ne promet à personne une vie confortable. Il est exigeant. Et en même temps, c’est une Grande Promesse : la promesse de la vie éternelle pour l’homme, soumis à la loi de la mort ; la promesse de la victoire, par la foi, pour cet homme effrayé par tant de défaites » [7].
Nous devons beaucoup prier, nous adresser au Seigneur « comme l’on parle à un frère, à un ami, à un père : en toute confiance. Dis-lui : Seigneur, toi qui es toute la Grandeur, toute la Bonté, toute la Miséricorde, je sais que tu m’écoutes ! C’est pourquoi je m’éprends de toi, malgré la brusquerie de mes manières, de mes pauvres mains, blanchies par la poussière du chemin » [8]. Marie est éducatrice de la prière parce qu’elle avait toujours son fils présent à l’esprit. « Vois comme elle prie son Fils, à Cana ; et comme elle insiste, sans se décourager, avec persévérance. — Et comme elle réussit » [9].
[1].Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2633.
[2]. Saint Josémaria, notes prises lors d’une réunion de famille, 16 juin 1974.
[3]. Saint Josémaria, Méditation, 4 mars 1960.
[4]. Pape François, Exhort. ap. Gaudete et exultate, n° 154.
[5]. Saint Augustin, Sermon 115, 1.
[6]. Pape François, Audience générale, 14 avril 2021.
[7]. Saint Jean Paul II, Entrez dans l’espérance, Plon-Mame 1984.
[8]. Saint Josémaria, Dialogue avec le Seigneur, « La prière des enfants de Dieu », n° 2, 3g.
[9]. Saint Josémaria, Chemin, n° 502.