- Le Christ, lumière de notre vie
- Notre responsabilité d’être lumière
DANS LA SAINTE ÉCRITURE, il est souvent fait référence à la lumière. Le livre de la Genèse nous rappelle que Dieu, après avoir créé le ciel et la terre, crée la lumière (cf. Gn 1, 3). Pour leur part, les prophéties du peuple d’Israël expriment ainsi la venue du Messie : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). Enfin, saint Jean écrit dans le prologue de son Évangile : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1,9).
Penser à une existence sans lumière, dans les ténèbres, génère de la tristesse, car cela signifierait ne pas jouir de ce qui a été créé. C’est pourquoi, dans la tradition chrétienne, la vie dans les ténèbres est identifiée au mal. L’absence de lumière mène à la confusion, à l’absence de direction claire. Mais même dans la nuit la plus profonde, les petites lumières des étoiles suffisent à nous fournir au moins quelques repères qui jalonnent un itinéraire précis. Le Christ guide notre vie, nous aide à dissiper nos doutes : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118, 105), dit le psalmiste en se référant à la loi de Dieu.
La lumière du Christ nous aide à affronter les difficultés du chemin avec espoir. Certes, croire en lui ne signifie pas être épargné par la souffrance, comme s’il était un analgésique pour les moments de douleur. Au contraire, le chrétien qui se confie au Seigneur sait qu’« il a toujours une lumière claire qui lui montre le chemin, le chemin qui mène à la vie en abondance. Les yeux de ceux qui croient au Christ entrevoient même dans la nuit la plus noire une lumière, et voient déjà l’éclat d’un jour nouveau » [1].
« PERSONNE, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière » (Lc 8, 16). Autrefois, quand il n’y avait pas de lumière électrique, il était très difficile de garder un feu allumé. Cette expérience donne au Seigneur la base de certains de ses enseignements. La lumière est nécessaire à la vie humaine. C’est pourquoi, la nuit venue, ces lampes doivent être prêtes à donner de la lumière, comme celles des vierges qui attendent l’époux (cf. Mt 25, 1-13). Jésus, lorsqu’il évoque le rôle de ses disciples au milieu du monde, les compare à la lumière et au sel. Tout comme le sel donne du goût aux aliments, la lumière aide l’homme à ne pas trébucher, lui permet de voir ce qui l’entoure et le guide sur son chemin. Le Christ veut nous montrer dans cette parabole la tâche à laquelle il nous invite : « Remplir le monde de lumière, être sel et lumière : c’est ainsi que le Seigneur a décrit la mission de ses disciples. Porter jusqu’aux derniers confins de la terre la bonne nouvelle de l’amour de Dieu » [2].
La parabole suppose que la lampe est allumée. Qui a allumé le feu qui fait briller la lampe ? L’Église a la mission d’être cette lumière ; elle veut éclairer tous les hommes en annonçant l’Évangile avec la joie du Christ. Ceux d’entre nous qui ont reçu le baptême font partie de ce groupe d’hommes et de femmes que le Seigneur a appelés pour essayer d’éclairer le monde. Saint Ambroise a exprimé cette vocation des chrétiens et de l’Église comme mysterium lunae, le mystère de la lune : « L’Église, comme la lune, ne brille pas de sa propre lumière, mais de la lumière du Christ » [3]. C’est le Christ qui nous éclaire : ce que nous pouvons faire, c’est nous préparer à recevoir son reflet. « Pour l’Église, être missionnaire, c’est manifester sa propre nature : se laisser éclairer par Dieu et refléter sa lumière. Tel est son service. Il n’y a pas d’autre moyen, la mission est sa vocation, faire briller la lumière du Christ est son service. Beaucoup de gens attendent de nous cet engagement missionnaire, car ils ont besoin du Christ, ils ont besoin de connaître le visage du Père » [4].
« FAITES ATTENTION à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé » (Lc 8, 17-18). Le Seigneur, à la fin de la parabole, parle de la responsabilité d’avoir reçu sa lumière, d’avoir été le bénéficiaire d’un don de Dieu. Et cet appel peut nous amener à considérer notre faiblesse et le manque de cohérence que notre feu a parfois. En gardant à l’esprit que même une petite lumière fait beaucoup de bien dans les ténèbres, la prise en compte de notre petitesse peut nous amener à cultiver une disposition humble pour continuer à recevoir le feu de Dieu.
Saint Jean raconte son expérience de porteur de l’Évangile : « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3,19). Nous avons tous une expérience personnelle des ténèbres ; lorsque nous y entrons, nous perdons le sens du bien et du mal, les yeux de l’âme s’habituent progressivement aux ténèbres et ignorent la lumière. Le prélat de l’Opus Dei nous rappelle que, dans ces moments-là, « la fidélité consiste à parcourir — avec la grâce de Dieu — le chemin du fils prodigue » [5]. Nous reconnaissons qu’il ne vaut pas la peine de vivre dans les ténèbres, nous nous rappelons que nous sommes appelés à être le rayonnement de Dieu.
La joie de la vie d’un chrétien est de partager la mission avec Jésus. Nous découvrons alors en profondeur qui nous sommes. « Le péché est comme un voile sombre qui couvre notre visage et nous empêche de nous voir et de voir le monde clairement ; le pardon du Seigneur enlève ce manteau d’ombre et de ténèbres et nous donne une lumière nouvelle » [6]. « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1), dit Isaïe. Marie protège toujours la lampe de notre âme. Et si elle devait s’assombrir, elle la ravive avec le feu de son Fils, afin qu’elle éclaire ceux qui en ont besoin.
[1]. Benoît XVI, Audience générale, 24 septembre 2011.
[2]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 147.
[3]. Saint Ambroise, Exameron, IV, 8, 32.
[4]. Pape François, Homélie, 6 janvier 2016.
[5]. Mgr Fernando Ocariz, Lettre pastorale, 19 mars 2022, n° 2.
[6]. Pape François, Angélus, 22 mars 2020.