Mes très chers !
Que Dieu garde mes fils et mes filles! Je vous écris pour vous demander que, le 28 mars prochain, cinquantième anniversaire de mon ordination sacerdotale, vous priiez d'une façon particulière pour moi - en invoquant comme intercesseurs notre Mère Sainte Marie et saint Joseph, notre père et seigneur, pour que je sois un prêtre bon et fidèle.
Je ne veux pas qu'on prépare de solennité parce que je désire passer ce jubilé selon ma règle habituelle de conduite depuis toujours : me cacher et disparaître, telle est ma façon d'être, pour que seul Jésus resplendisse.
Mais je vous demande aussi d'être très unis en ce jour, avec une reconnaissance plus profonde à l'égard du Seigneur - nous sommes le Vendredi Saint en ce 28 mars - qui nous a poussés à participer à sa Sainte Croix, c'est-a-dire a l'Amour qui ne met pas de conditions.
Aidez-moi à remercier le Seigneur, non seulement de l'immense trésor de l'appel au sacerdoce et de l'autre vocation, divine, à l'Œuvre, mais aussi de toutes ses miséricordes et de tous ses bienfaits, universa beneficia sua, etiam ignota : également ceux que je n'ai pas su déceler. Rendons grâces, mes filles et mes fils, de ce que, bien que nous soyons si peu de choses -en fait, rien-, notre Père du ciel, dans sa bonté infinie, ait élargi notre cœur et, avec le feu qu'il est venu apporter sur la terre, ait embrasé notre âme d'un grand Amour. Montrons-lui de plus notre gratitude filiale pour avoir appris dans son Œuvre à aimer l'Eglise Sainte et le souverain pontife, par des actes et en vérité.
Adorez avec moi notre Rédempteur, réellement présent dans la Sainte Eucharistie, dans tous les Reposoirs de toutes les églises du monde, en ce Vendredi Saint. Vivons un jour d'adoration intense et aimante.
Demandons pardon pour tous nos péchés et pour les péchés de tous les hommes, avec un ardent désir de purification et de réparation devant tant d'aveuglement : ut videamus ! ut videant ! pour que nous voyions, pour qu'ils voient.
Nous allons donc vivre cette journée très unis à la très Sainte Vierge — contemplez-la près de la Croix de son Fils nous recueillant dans l'adoration, l'action de grâces, la réparation et la prière de demande.
La joie et la douleur se donnent rendez-vous ici — iuxta Crucem lesu -- et tous les mots et les gestes d'allégresse des créatures sont bien pauvres pour louer l'Amour qui se livre. Commémorons donc, mes très chers filles et fils, cet anniversaire sacerdotal, en renouvelant notre intention de bien user chaque jour avec reconnaissance au pied de la Croix — de l'Autel — de la Vie que Jésus-Christ nous donne : que la sainte messe soit toujours le centre et la racine de notre existence : c'est la meilleure célébration du sacerdoce. Dès maintenant, je me sens profondément ému par l'affection avec laquelle vous rappellerez de cette manière mes cinquante ans de sacerdoce. Essayez de vivre cette fête bien unis à ces intentions, spécialement à celle de ma messe. Vous serez stupéfaits de découvrir combien de lumières et combien de grâces nous recevrons du Seigneur, si nous nous efforçons d'être très à la portée de son regard, priant et travaillant en sa présence consummati in unum ! formant un seul cœur avec des désirs toujours plus grands de servir la Sainte Église et les âmes.
Votre Père vous bénit affectueusement,
Mariano.
Lettre, in EF-750128-2