« Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis » (Ez 34, 11). Dans la première lecture, nous lisons ces paroles du prophète Ézéchiel, qui pourraient très bien s'appliquer au bienheureux Alvaro del Portillo, dont nous célébrons la fête aujourd'hui, jour anniversaire de sa première Communion. Il fut un berger qui, selon les mots de saint Jean-Paul II, s'est distingué par sa fidélité au Siège de Pierre.
Dans la prière de collecte, nous avons demandé au Seigneur de nous aider à nous dépenser « humblement dans la mission salvifique de l'Église », comme l'a fait le bienheureux Alvaro. Aujourd'hui, alors que l'Église vient d'accueillir un nouveau successeur de Pierre, le pape Léon XIV, nous renouvelons nous aussi notre attachement filial – effectif et affectif, comme nous avons toujours essayé de le faire – au Saint-Père, en priant pour lui et pour ses intentions.
« L'amour pour le Pontife Romain, rappelait saint Josémaria, doit être une belle passion en nous, parce qu'en lui nous voyons le Christ » (Saint Josémaria, Aimer l'Église, no 30). Le fondateur de l'Opus Dei a transmis cette belle passion au bienheureux Alvaro et à ses filles et ses fils, qui prient tous les jours pour le Pape en demandant à Dieu de prendre soin de lui, de l'encourager, de le rendre heureux et de lui donner sécurité et force dans les tempêtes que la barque de Pierre doit parfois affronter.
Jésus, dans l'Évangile, mentionne une qualité propre au bon pasteur : c'est quelqu'un qui « donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Don Alvaro a donné sa vie pour l'Œuvre, sachant qu'il servait ainsi l'Église, puisque la seule raison d'être de l'Opus Dei a été et sera de « servir l'Église, comme elle veut être servie » (saint Josémaria, Lettre 8, n° 1).
Comme l'explique le pape François, Don Alvaro a accompli ce service « avec un cœur dépouillé d'intérêts mondains, loin de toute discorde, accueillant envers tous et recherchant toujours ce qu'il y a de positif chez les autres, ce qui unit, ce qui construit. Jamais une plainte ou une critique, pas même dans les moments les plus difficiles » (Pape François, Lettre à l'occasion de la béatification de Don Alvaro). Nous aussi, nous sommes appelés à vivre ainsi. Chacun à sa place : à la maison, au travail, entre amis... Tous ces domaines sont unis par le désir de servir le Seigneur et les personnes qui nous entourent. Comme le rappelait Don Alvaro lui-même, « le meilleur service » que nous puissions rendre à l'Église est « l'effort pour être saints » (Bienheureux Alvaro, Lettre, 30 septembre 1975, no 62). Lorsque nous cherchons à sanctifier le travail bien fait, avec le désir de rendre gloire à Dieu et de rapprocher les âmes du Christ, nous servons l'Église comme elle veut être servie.
Les saints ont fait l'expérience de la phrase que nous avons répétée dans le psaume responsorial : celui qui a Dieu pour berger ne manque de rien (cf. Ps 22, 1). Celui qui décide de suivre le Seigneur sait qu'il le guidera à tout moment. En ce sens, la fidélité de Don Alvaro n'a pas été le fruit de l'inertie, mais du désir de dire oui à Dieu en toute circonstance, car il a expérimenté qu'il n'y a pas de plus grande joie que de vivre uniquement pour le Seigneur et, avec lui, de servir les autres. Il comprenait la fidélité comme un engagement d'amour, et l'amour de Dieu était le sens ultime de sa liberté. Nous pouvons nous demander si c'est aussi l'amour du Seigneur qui inspire chacune de nos actions.
Avoir Dieu comme berger ne signifie pas que nous sommes épargnés par les difficultés de la vie. Mais, comme le dit aussi le psalmiste : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure » (Ps 22,4). Dans de telles circonstances, Dieu ne manque jamais d'être à nos côtés. « Si nous ne comptions que sur nos faibles forces, dit Don Alvaro, nous aurions des raisons de considérer cet idéal comme une utopie irréaliste : nous ne sommes pas des surhommes, nous ne sommes pas au-dessus des limites humaines. Mais si nous le voulons, la force de Dieu agit à travers notre faiblesse » (Bienheureux Alvaro, Homélie, 7 septembre 1991).
Notre Mère Marie est un modèle de fidélité à Dieu. Nous lui demandons de suivre l'exemple de la vie du bienheureux Alvaro et nous déposons entre ses mains notre prière filiale pour le pape Léon XIV.