La bulle d’indiction du Jubilé 2025, rendue publique par le Pape François, commence par les paroles de saint Paul adressées aux Romains, qui donnent également leur nom au document : « L'espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5), spes non confundit. Ces mots ont une signification très profonde. Lorsque nous avons une véritable espérance, elle ne nous déçoit pas. Nous pouvons échouer, mais l'espérance ne déçoit jamais, car Dieu est fidèle à son amour pour nous et à ses promesses.
Il est vrai que parfois, nous pouvons espérer des choses qui ne se réalisent pas : par exemple, nous espérons l'efficacité d'une démarche apostolique concrète ou le résultat d'une conversation, et il peut arriver que les fruits ne viennent pas. Cela signifie-t-il que notre espérance a été déçue ? Non, car l'espérance qui se fonde sur l'amour de Dieu pour nous nous permet de dire avec certitude, comme l'affirmait saint Josémaria : « Rien ne se perd ! » (Forge, no 278). Ce que nous faisons pour le Seigneur, ce que nous accomplissons en suivant la volonté de Dieu, est toujours efficace, même si nous n'en voyons pas immédiatement les résultats. Peut-être les verrons-nous d'une autre manière, à un autre moment, ou peut-être ne les verrons-nous pas dans cette vie. Peut-être s'agira-t-il d'un fruit différent de celui que nous attendions. Ainsi, nous pouvons avoir l'espérance certaine que rien ne se perd.
Après cette brève introduction, ce cours consistera essentiellement à relire certains textes du Pape – tirés de la bulle d’indiction du Jubilé 2025 –, de saint Josémaria et, bien sûr, de l'Écriture Sainte. Mon intention, en les lisant et en les commentant brièvement, est de nous donner l'occasion de favoriser dans notre âme une disposition qui permette à notre espérance de grandir. L'espérance surnaturelle est un don de Dieu, elle ne peut être obtenue par les seules forces humaines, mais nous pouvons disposer notre âme à recevoir les dons de Dieu, en particulier la foi, l'espérance et la charité.
Qu'est-ce que l'espérance ?
L'espérance est une vertu qui nous amène à croire que nous obtiendrons un bien futur, plus ou moins difficile à atteindre, mais possible. Voici les trois conditions requises : futur, difficile et possible. Une espérance qui ne répondrait pas à ces critères n'aurait aucun sens. Par exemple, je ne peux pas dire que j'ai l'espérance d’aller demain sur la lune ; ce serait une espérance « folle », car c’est impossible. Ce n'est pas non plus de l'espérance que de désirer quelque chose qui n'est pas difficile. Je n'ai pas l’espérance au sens strict, d'être chez moi dans trois heures. Même si rien n'est sûr à cent pour cent dans cette vie, il y a des choses qui, humainement parlant, ne sont pas vraiment objet de l’espérance.
L’espérance est une vertu humaine fondamentale, car nous espérons tous quelque chose. Nous attendons toujours les fruits de notre travail, nous attendons des biens possibles, nous attendons la fin de toutes sortes de situations. Mais, comme je l'ai déjà rappelé au début, l’espérance est aussi une vertu surnaturelle, théologale. Qu'attend-on de la vertu surnaturelle de l'espérance ? La vie éternelle, l'union avec Dieu, le salut, le bonheur immense du ciel. Telle est la grande espérance. Participer à la vie de Dieu est une réalité qu'il est possible d'atteindre parce que Dieu lui-même nous l'offre.
Il existe déjà une espérance humaine, naturelle, nécessaire, dans le cœur de chaque personne. Le Pape écrit : « L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait » (Spes non confundit, no 1). L'espérance, même si elle n’a pas trait à quelque chose d'humainement certain, ne concerne pas non plus l'impossible ; c'est une attente du bien, une possibilité que ce bien arrive.
L'objet de l'espérance théologale, qui porte également l'espérance naturelle à la plénitude, est le salut, le bonheur éternel avec Dieu. Saint Paul parle de « l'espérance de ce qui vous est réservé au Ciel » (Col 1, 5). Cette espérance dans le bonheur au ciel est liée à la foi en l'amour de Dieu pour nous et dans les moyens qu'il a mis en place pour que nous arrivions au ciel : l'Eucharistie, la prière...
L'espérance dans la vie éternelle est si importante que le Concile de Trente a condamné ceux qui soutenaient qu'il était mal d'espérer la vie éternelle et qu'il fallait agir sans chercher à obtenir la récompense d’arriver au ciel. Le concile dit : « Si quelqu’un dit que le justifié pèche en faisant le bien en vue d’une récompense éternelle : qu’il soit anathème » (Concile de Trente, sess. VI, can. 31). L'espérance dans la récompense éternelle n'est pas seulement une bonne chose, mais c'est quelque chose que Dieu veut et qui est liée à la foi et à la charité.
Le fondement de l'espérance
Quel est le fondement de l'espérance ? La réponse est simple : la foi. Comme l'exprime la Lettre aux Hébreux : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère » (He 11, 1). Quelle est cette foi ? La foi en l'amour de Dieu pour nous. Une foi qui donne de l'assurance à l'espérance, car elle est fondée sur quelque chose qui ne faillit jamais : l'amour indéfectible de Dieu pour chacun.
Le Pape affirme que « l’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix » (Spes non confundit, no 3). Et il cite immédiatement saint Paul dans sa Lettre aux Romains : « en effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie » (Rm 5, 10). Ainsi, l'espérance naît de la certitude de la foi en l'amour de Dieu pour nous.
Nous devons cultiver dans notre vie cette foi en l'amour de Dieu, qui est un amour concret. Il ne s'agit pas d'un amour abstrait envers l'humanité en général, mais d'un amour personnel, adressé à chacun de nous en ce moment et pour toujours. Le Seigneur nous regarde, il est en nous avec la grâce qui nous élève et nous sanctifie, et il nous aime d'une manière très personnelle. Cet amour est notre force, celle qui nous fait espérer en quelque chose qui, bien que difficile, est possible : que nous devenions saints, ce qui est le but de notre espérance, l'union définitive et pleine avec Dieu.
Il est important de se rappeler que, dans la vie spirituelle, dans la lutte ascétique, au moment de commencer et de recommencer, il est toujours nécessaire de vivre dans l'espérance. Une espérance qui a un fondement ; fondée non pas sur nos forces, comme s'il s'agissait d'une lutte que nous devons gagner à tout prix, mais fondée sur l'amour de Dieu. Dieu compte avec notre faiblesse, mais surtout sur sa puissance infinie qui s'identifie à son amour pour nous.
Il est également important de considérer que la connaissance et l'amour s'identifient en Dieu. Il nous connaît et nous aime infiniment. Et, concrètement, l'esprit de l'Opus Dei nous pousse à considérer que l'amour de Dieu fait de nous véritablement ses filles et ses fils. Cette conscience de la filiation divine renforce notre espérance, comme l'explique saint Josémaria dans l'une de ses homélies : « Quant à moi, et je désire qu’il en aille de même pour vous, l’assurance de me sentir, de me savoir, fils de Dieu, me remplit d’une espérance véritable, cette vertu surnaturelle qui, quand elle est infusée dans les créatures, se conforme à notre nature, ce qui fait d’elle aussi une vertu très humaine » (Amis de Dieu, no208).
La vertu surnaturelle de l'espérance élève la capacité naturelle de l'homme à espérer le bien, même si l’atteindre est difficile. Savoir que nous sommes enfants de Dieu nous conduit à avoir une espérance certaine dans notre but. L'expérience de nos propres misères pourrait peut-être nous amener à aspirer tout au plus à être sauvés, comme si le salut ne coïncidait pas avec la sainteté, considérant la sainteté comme une « utopie ascétique ». Être saint est le but, et si la vie s'achève sans une sainteté suffisante, on passera par le purgatoire jusqu'à ce qu'on le devienne. Il est difficile d'atteindre la sainteté sans effort, c'est pourquoi la vie de sanctification est ardue, mais l'espérance de l'atteindre devient possible avec la grâce de Dieu.
Comme je viens de le rappeler, avec les mots de notre Père, le ton de notre espérance est marqué par la filiation divine. Nous avons une raison extraordinaire d'espérer être saints, de penser à l'efficacité de notre vie : nous sommes des filles et des fils aimés de Dieu. Nous le rappelons si souvent, maintenant avec les paroles de saint Jean : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16). C'est l'essence même de la vie selon l'Évangile : connaître l'amour de Dieu pour nous et croire en lui, en sachant que nous sommes enfants de Dieu grâce à son amour. Et actualiser cette foi.
Cette foi en l'amour de Dieu nous conduit à vivre confiants dans la providence. C'est-à-dire en sachant que nous ne sommes pas abandonnés au hasard du monde. Ce n'est pas que Dieu nous aime beaucoup et que nous marchons ensuite seuls de notre côté. Dieu nous aime et, dans le respect de notre liberté, il nous accompagne constamment. Son amour n'est pas distant, mais provident. Le pape Benoît XVI, dans son encyclique sur l'espérance, Spe salvi, écrit que « Dieu est le fondement de l'espérance – non pas n'importe quel dieu, mais le Dieu qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu'au bout – chacun individuellement et l'humanité tout entière » (no 31). La foi en cet amour concret de Dieu pour nous est le fondement de notre espérance. En revanche, saint Paul, dans sa Lettre aux Éphésiens, décrit ainsi les païens : « vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu » (Ep 2, 12). L'espérance est fondée sur Dieu, sur son amour concret et personnel. Même s'il existe des espérances humaines, elles sont limitées à cette vie et ne s'étendent pas au-delà. Sans Dieu, on ne peut avoir une véritable espérance en quelque chose de définitif.
La certitude que Dieu s’est engagé
L'espérance chrétienne a une caractéristique qui semble contradictoire : la certitude. Pouvons-nous avoir la certitude de quelque chose qui est possible, mais pas immédiat ni complètement sûr ? Oui : nous avons une espérance certaine, fondée sur la volonté de Dieu, sur le fait qu'il est fidèle à son amour pour nous.
« La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté » (1 Th 4, 3). Cela ne signifie pas seulement que Dieu veut que nous soyons saints, mais qu'il s'engage lui-même, pour ainsi dire, dans notre sanctification. Dieu ne nous donne pas seulement les moyens – la révélation, les sacrements... – mais aussi, sans forcer notre liberté – en nous donnant la liberté – il nous donne également toutes les grâces nécessaires pour atteindre le but. Nous avons l'espérance certaine d'atteindre le but si nous le voulons, car la grâce ne nous fera pas défaut : Dieu est fidèle.
Comme le reflètent les paroles de saint Paul dans l'Épître aux Éphésiens : « Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2, 4-7). L'Apôtre ne dit pas « il nous fera siéger dans les cieux », mais « il nous a fait siéger dans les cieux ». Cette force de l'espérance conduit à la certitude, sans cesser d'être espérance.
Saint Josémaria a écrit : « Je suis heureux, fort de la certitude du Ciel que nous atteindrons, si nous restons fidèles jusqu’au dernier moment » (Amis de Dieu, no 208). Même s'il peut sembler contradictoire « d'être sûr de quelque chose qui n'est pas certain », en réalité, ce n'est pas contradictoire. C'est en cela que consiste la véritable espérance chrétienne. Nous avons une telle assurance dans l'amour de Dieu que nous pouvons avoir une espérance certaine et sûre. Cette espérance surmonte nos misères et nos défauts, et nous conduit à la certitude que, comme le disait notre Père, même si nous mourrons avec des défauts, nous pouvons être saints parce que le Seigneur, avec notre coopération, nous conduira à une sainteté qui consiste en la plénitude de l'amour. Et la plénitude de l'amour est pleinement compatible avec le fait d'avoir des défauts, à condition que ces défauts ne soient ni acceptés ni aimés, mais que nous luttions par amour, encore et encore, contre eux, même si nous ne parvenons pas à les vaincre totalement.
Nous sommes donc certains d'aller au ciel si nous sommes fidèles, si nous demeurons dans son amour. Et, de plus, nous avons l'assurance que nous serons fidèles si nous le voulons, si nous persévérons librement dans l'amour, car la grâce de Dieu ne nous fera pas défaut.
La certitude de l'impossible
L'espérance chrétienne n'est pas une espérance chimérique, car nous comptons sur la grâce de Dieu. C'est pourquoi, sur le plan surnaturel, en pensant tant à notre sanctification personnelle qu'à l'efficacité permanente du travail apostolique de l'Œuvre, tant dans notre vie personnelle que dans notre engagement à faire avancer l'Opus Dei, nous devons tenir compte de ce que disait saint Josémaria sur « la certitude de l'impossible » (Lettre 29, no 60). L'espérance rend possible « d’avoir la certitude de l'impossible ».
La certitude de l'impossible, tout d'abord, d'être saints, car lorsque nous faisons l'expérience de notre faiblesse ou de nos capacités limitées, il semble impossible que nous puissions devenir saints. Cependant, nous avons la certitude que nous le pouvons, car nous avons la foi en l'amour de Dieu, qui est le fondement de l'espérance.
La mémoire que fait saint Paul dans son Épître aux Romains de la figure d'Abraham, qui a espéré contre toute espérance, est également très belle. Saint Josémaria rappelait souvent cette expression : « Espérer contre toute espérance ». Encore une fois, dit ainsi, cela semble être une contradiction, mais bien compris, c'est la plénitude de l'espérance. Cela signifie que nous pouvons aussi espérer quand, humainement, il n'y a aucune raison d'espérer.
L'espérance chrétienne a donc un fondement solide : l'offre de Dieu lui-même d'être uni à lui, ce qui constituera la gloire du ciel. Mais cette espérance s'exprime aussi dans de nombreux aspects de la vie quotidienne. L'espérance apostolique est très importante. Comme l'écrit saint Paul dans la première épître aux Corinthiens : « vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue » (1 Co 15, 58). Notre Père a voulu inscrire les mots latins de ce texte sur le linteau en pierre d'une porte de la Villa Vecchia, à Rome : Semper scientes quod labor vester non est inanis in Domino. Rien de ce que nous faisons n'est vain devant Dieu.
Dans Spes non confundit, le Pape invite à transmettre l'espérance lorsqu'il écrit : « Qu’il y ait une attention inclusive envers ceux qui, se trouvant dans des conditions de vie particulièrement pénibles, font l’expérience de leur faiblesse » (no 11). Il est très important de donner de l'espérance, car beaucoup de gens semblent en être dépourvus. Vivre sans espérance, vivre sans véritables objectifs qui en valent la peine, est paralysant. Il faut donner de l'espérance dans l'apostolat, dans l'attention que nous portons aux personnes de chez nous que nous aidons, d'une manière ou d'une autre. Nous devons être des personnes qui donnent de l'espérance, qui ne mettent pas plus l'accent sur les difficultés que sur les solutions. Il faut être positif, être porteur d'espérance.
Nous avons besoin de vivre d'espérance même lorsque nous rencontrons des difficultés personnelles. Nous avons tous des difficultés d'une manière ou d'une autre : face à l'expérience de nos propres défauts, au travail, dans notre santé, dans tous les domaines. Dans la vie, nous pouvons rencontrer, et nous rencontrons, des difficultés. Dans Spes non confundit, le Pape cite longuement le texte de l'Épître aux Romains : « alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? (…) Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 35-39). C'est un texte extraordinaire, à méditer souvent dans la prière.
Le Pape commente brièvement : « Voilà pourquoi l’espérance ne cède pas devant les difficultés : elle est fondée sur la foi et nourrie par la charité » (Spes non confundit, no 3). Et ainsi, elle nous permet d'avancer dans la vie. Il en est ainsi, quelles que soient les difficultés que nous traversons. Qu'est-ce qui nous séparera de l'amour de Dieu ? Les principautés, les puissances, la mort, la vie, l'épée, les dangers, la faim ? Rien ne peut nous en séparer, si nous ne voulons pas nous éloigner. Car « rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 39). C’est seulement nous qui pouvons nous séparer de l'amour de Dieu. Nous seuls. Ni le démon, ni la maladie, ni les contrariétés. Seulement notre propre liberté. C'est pourquoi, face aux difficultés, nous pouvons toujours avoir une grande espérance dans l'amour de Dieu, manifesté en Jésus-Christ.
Où est ton espérance ?
Dans ce contexte également, il est bon de relire le texte suivant de notre Père, dans l'Instruction pour le travail de saint Raphaël : « Travaillez avec espérance : plantez, arrosez, en ayant confiance en celui qui fait croître, Dieu » (Cf. 1 Co 3, 7). Et, lorsque le découragement viendra – si le Seigneur permet cette tentation –, face à des événements apparemment défavorables et en considérant, dans certains cas, l'inefficacité de vos travaux apostoliques de formation, si quelqu'un, comme Tobie père, vous demandait : « ubi est spes tua ?, où est ton espérance ?... », levez les yeux sur la misère de cette vie, qui n'est pas votre fin, et répondez-lui avec cet homme de l'Ancien Testament, fort et plein d'espérance, « quoniam memor fuit Domini in toto corde suo » (Tb 1, 13), parce qu'il s'est toujours souvenu du Seigneur et l'a aimé de tout son cœur : « Filii sanctorum sumus, et vitam illam expectamus, quam Deus daturus est his, qui fidem suam nunquam mutant ab eo » ; « nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne lui retirent jamais leur fidélité.» (Tb 2, 18) » (Instruction 9-I-1935, no 19). Face aux difficultés, nous devons travailler pleins d'espérance ; nous devons semer, en faisant confiance à Dieu qui fait croître. Non pas en comptant sur nos forces, mais en les mettant au service du Seigneur dans tout notre travail apostolique. Une fois de plus, en sachant que notre espérance réside dans la certitude de l'amour de Dieu pour nous.
Donc, espérance dans le don de soi, avec générosité. Il vaut la peine d'être généreux dans l'apostolat, dans tout ce qui suppose l'effort d'aller à la rencontre des gens. Il en va de même pour la mortification dans le travail apostolique, qui suppose le don de son temps, le dépassement des difficultés, etc.
Saint Josémaria, alors qu'il était au Venezuela, a déclaré : « Je me souvenais de nos débuts, il y a tant d'années. J'ai commencé avec trois personnes, et maintenant ils sont des milliers, des centaines de milliers. Mais il y avait de l'espérance. On raconte qu'Alexandre le Grand, alors qu'il se préparait à une bataille, distribua d'abord tous ses biens entre ses capitaines. L'un d'eux lui dit : « Mais, Seigneur, que te reste-t-il ? ». Ce à quoi il répondit : « Il me reste l'espérance ». Et il ajouta : « Je vous vois, et il me reste l'espérance » (Saint Josémaria, Notes d'une méditation, 10-II-1975). Il en est ainsi. Ces paroles peuvent nous amener à avoir de l'espérance dans les autres. Lorsque vous ressentez votre faiblesse personnelle, vous pouvez vous remplir d'espérance en voyant vos frères. Et cette espérance est appelé à s'étendre au monde entier.
Paix, prière, joie
Le Pape parle d'espérer la paix dans le monde, une paix qui fait cruellement défaut. Non seulement à cause des grandes guerres, qui sont terribles et tristes, mais aussi à cause du manque de paix dans de nombreux milieux de la société. Notre Père disait : « Il n'y a pas de paix dans les consciences » (En dialogue avec le Seigneur, no 101). Le Pape mentionne : « Le premier signe d’espérance doit se traduire par la paix pour le monde plongé, une fois encore, dans la tragédie de la guerre » (Spes non confundit, no 8). Espérance que le monde ira mieux, certes, car c'est aussi l'espérance dans l'efficacité de l'apostolat. Mais avec réalisme ; nous ne savons pas ce qui va se passer, nous ne pouvons pas prédire l'avenir.
De fait, l'Apocalypse et les prédictions du Seigneur dans l'Évangile sur la fin du monde sont très dramatiques. Mais cela ne nous enlève pas l'espérance ; au contraire, cela nous pousse à faire en sorte que, dans la mesure de nos moyens, tout aille mieux. Si l'on considère la situation actuelle, dans certains pays, nous vivons dans des environnements très déchristianisés. De plus en plus de personnes, bien que catholiques, ne fréquentent pas les sacrements. Il existe des villes dans des pays traditionnellement croyants, où la pratique religieuse était très répandue, où aujourd'hui seul un très faible pourcentage de la population va à la Messe le dimanche. Mais, en même temps, il y a d'autres endroits où les choses vont beaucoup mieux. Et, dans certains endroits comme dans d'autres, nous pouvons avoir la conviction que les gens sont bons, comme le disait Don Javier : « Combien il y a de gens bons dans le monde ! ». Souvent, ce qui manque, c'est la formation. C'est pourquoi les difficultés que nous rencontrons dans notre travail apostolique ne doivent jamais être un motif de découragement, mais une occasion de prier davantage, de nous lancer, d'aller vers les gens et de les aider, avec l’amitié et la confidence. Plus l'environnement est difficile, plus le Seigneur compte sur nous ; non pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce qu'il nous a beaucoup formés, même si nous ne sommes si peu de choses. Soyons donc forts dans l'espérance !
Et cela s'applique à tout. Quelle espérance avons-nous dans la prière ? Le Seigneur a dit : « Demandez et vous recevrez » (Jn 16, 24). C'est impressionnant. Demandez et vous recevrez, ce sont des paroles absolument vraies. Certes, parfois nous demandons et nous ne recevons pas, mais nous pouvons penser que nous recevons d'une autre manière, ou que nous ne demandons pas bien. Enfin, d'autres fois, nous demandons bien et il semble que nous ne recevons pas. Par exemple, nous demandons pour une intention apostolique déterminée ou pour la guérison d'une personne, et elle ne guérit pas... Alors, la prière a-t-elle été inutile ? Non. Même si nous n'avons pas obtenu ce que nous demandions, cette prière n'a pas été inefficace. Nous pouvons être sûrs dans l'espérance, par la foi en la parole de Dieu. Rien ne se perd.
Enfin, l'espérance avec joie. « Ayez la joie de l'espérance » (Rm 12, 12), dit saint Paul. Et ce n'est pas une espérance de roman à la rose, où tout est beau, c'est pourquoi il ajoute : « ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière ». Saint Josémaria nous le disait ainsi : « Optimistes, joyeux : Dieu est avec nous ! C'est pourquoi, chaque jour, je suis rempli d'espérance » (Mémoire du bienheureux Josémaria Escriva, p. 115). Optimistes, joyeux parce que Dieu est avec nous. La vertu de l'espérance nous fait voir le positif, ce qui est beau dans la vie, car nous voyons en tout, même sans comprendre, l'amour de Dieu. C'est pourquoi, lorsque nous nous sentons un peu découragés, pessimistes, tristes, réagissons rapidement, avec un acte de foi profond dans le fondement de cette espérance joyeuse : aujourd'hui, maintenant, Dieu m'aime à la folie. Chacun doit le dire, le penser avec un acte de foi profond. Et cela nous relève.
En parlant d'espérance, la très sainte Vierge, Spes nostra, nous vient à l'esprit et au cœur. Elle est la mère de notre espérance, celle qui nous obtient du Seigneur cette grâce de l'espérance, pour la posséder et la donner, comme le dit saint Pierre : « Soyez prêts (…) à rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15).
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Je termine par cette magnifique phrase de saint Paul : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13). Je vous conseille de la lire et de la méditer longuement. Soyons heureux et, quand il y a des raisons humaines de ne pas l'être, pensons qu'au-dessus de toute raison humaine, il y en a une bien plus grande, qui est le fondement de notre espérance : l'amour de Dieu pour nous.

